Congrès de la FNSEA : après la colère, de nouvelles réponses et l’attente de la vision de Macron sur l’agriculture
Après des mois de contestation agricole, le 78e congrès du syndicat majoritaire s’est clôturé dans le calme ce 28 mars à Dunkerque. La président de la FNSEA a toutefois exprimé la détermination du réseau à obtenir des nouvelles réponses aux attentes et interpellé le président de la République.
Après des mois de contestation agricole, le 78e congrès du syndicat majoritaire s’est clôturé dans le calme ce 28 mars à Dunkerque. La président de la FNSEA a toutefois exprimé la détermination du réseau à obtenir des nouvelles réponses aux attentes et interpellé le président de la République.
« Le président de la République semble hésiter à nous fixer un rendez-vous. […] A la FNSEA nous sommes mûrs et prêts à porter notre vision stratégique de l’agriculture. Le discours de la montée en gamme a vécu. Qu’il nous donne sa vision sans plus attendre ».
Le discours de la montée en gamme a vécu, qu'il nous donne sa vision dans plus attendre
Ainsi Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a conclu le 78e congrès du syndicat majoritaire agricole. L’évocation d’Emmanuel Macron étant accompagnée de quelques sifflets dans la salle.
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Une fin de congrès de la FNSEA dans le calme
Après plusieurs mois de contestation, le président de la FNSEA a tenu à montrer au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau la détermination du réseau à obtenir des réponses sur différents sujets tout en appelant les adhérents à sortir de la colère : « la colère ne peut pas être un projet, capitalisons sur le positif », a-t-il lancé.
Si les débats ont été nourris à huis clos, le congrès de Dunkerque s’est clôturé ce jeudi 28 mars dans une ambiance volontairement calme. A peine le discours du ministre de l’Agriculture a-t-il été émaillé de quelques tapements de pieds et levers de drapeaux de la FNSEA, affichettes « Plan élevage », « Produire plus et vivre mieux », « Liberté d'usage de nos prairies » et panneaux de Région retournés.
Il faut dire que Marc Fesneau était venu annoncer quelques nouvelles mesures.
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Quatre annonces de Marc Fesneau
Assurance prairie : un réseau de fermes de référence renforcé
Le ministre de l’Agriculture a annoncé qu’un appel d’offres complémentaire serait lancé pour étendre le réseau de fermes de références à l’ensemble des régions fourragères. « Nous donnerons également plus de visibilité, pendant la campagne, sur le niveau de pousse, et non pas seulement en fin de campagne », a précisé Marc Fesneau.
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Retraite : les 25 meilleures années prises en compte dès 2026
Sur la question des retraites agricoles, le ministre accède finalement à la demande de la FNSEA, après avoir montré des réserves la semaine dernière devant le Sénat. « Les 25 meilleures années seront prises en compte dès 2026, on doit suivre la loi, on sera au rendez-vous du texte (ndlr, de Julien Dive) dans l’esprit et la lettre », a-t-il déclaré.
On sera au rendez-vous du texte de Julien Dive dans l'esprit et la lettre
Le locataire de la Rue de Varenne avance donc de deux ans son objectif d'instaurer une «convergence» vers un calcul sur la base du revenu et non plus de points ; il était jusqu'ici annoncé que cette convergence avait effet collatéral une application de la réforme en 2028. « L'intendance doit suivre. Ce n'est pas une affaire technique qui doit nous empêcher, a appuyé le ministre le 28 mars. Le Premier ministre me l'a confirmé, le président de la République me l'a confirmé. »
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Plus de souplesse dans l’implantation des cultures intermédiaires
Sur le sujet de la simplification, Marc Fesneau a également annoncé vouloir laisser plus de latitude aux préfets sur les périodes d’interdiction et d’obligation des cultures dans le cadre des plans d’action régionaux (PAR) nitrates. « Je pense aux dates d’implantation pour des cultures intermédiaires. Nous devons non seulement faire en sorte qu’on ne vous demande pas trois périodes différentes dans trois réglementations, mais aussi qu’on tienne compte du terrain », a-t-il expliqué.
Des sanctions moindres sur l’aspect environnemental
Autre annonce de Marc Fesneau : la volonté dans le cadre du projet de loi agricole de revoir la question des sanctions pour les atteintes à l’environnement. « Ces sanctions sont inopportunes et insultantes pour l’agriculture, nous travaillons pour que vous ne soyez pas attaqués au pénal sur ces sujets », a-t-il précisé.
Ces sanctions sont inopportunes et insultantes pour l'agriculture
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Les lenteurs de l’administration pointées du doigt
Alors que nombre de mesures ont été annoncées par le gouvernement, la FNSEA pointe du doigt la lenteur de l’administration. « Il faut reprendre la maîtrise de l’administration, comme l’a indiqué récemment le chef de l’Etat. Il n’est pas admissible qu’il se passe un mois entre une décision ministérielle et la diffusion d’une instruction aux échelons administratifs territoriaux », ainsi Arnaud Rousseau a interpellé le ministre de l’Agriculture.
On a une administration qui bloque nos sujets
« On a l’impression qu’en parallèle de nos élus, on a une administration qui bloque nos sujets. Certaines personnes se sentent investies d’une mission ou d’une vision », avait déclaré quelques minutes plus tôt Franck Sander, vice-président de la FNSEA lors d’une table-ronde sur l’Europe, sous les applaudissements nourris de la salle.
Réponse de Marc Fesneau : « je sais les lenteurs et résistances dans les administrations en France et en Europe. Je vous demande de nous dire si les mesures ne sont pas au rendez-vous sur le terrain ».
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La FNSEA demande un plan de « cessation d’activité »
Si le gouvernement a répondu sur bon nombre de mesures demandées par le syndicat majoritaire agricole, Arnaud Rousseau président de la FNSEA a plaidé dès le 20 mars devant la presse pour une plan « de restructuration ou de cessation d’activités » afin d’accompagner les agriculteurs les plus en difficulté.
Les mesures de soutien aux trésoreries doivent être de toute urgence complétées
« Face à l’urgence que connaissent notamment l’agriculture biologique, la viticulture et l’apiculture, ou encore face à la situation grave que connaissent certaines exploitations de grandes cultures, singulièrement en zone intermédiaire, les mesures de soutien aux trésoreries mises en œuvre par les banques doivent être de toute urgence complétées par des fonds de l’Etat, permettant d’accompagner les situations les plus difficiles » a ainsi interpelé Arnaud Rousseau en clôture du congrès, ajoutant, « et je le redis, y compris en accompagnant vers la sortie du métier ceux qui sont dans une situation intenable ».
Une idée « intéressante » qui mérite d’être étudiée, a répondu Marc Fesneau, qui a toutefois ajouté « je ne peux pas vous dire que les contingences budgétaires n’existent pas ».
En route vers les élections aux Chambres d’agriculture
Si le chapitre de la colère semble se refermer, Arnaud Rousseau président de la FNSEA, prévient que la mobilisation n’est pas terminée. « L’agriculture c’est d’abord une solution. Nous devons persévérer dans notre mobilisation et dans notre positionnement de syndicat de solution alors que les élections chambres approchent », exprime-t-il en tribune.