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Combiner les pratiques pour un allaitement de qualité

En Ardèche et en bio, Nathan Pouliquen améliore les conditions sanitaires de ses chevreaux avec du lait maternel thermisé et acidifié.

Nathan Pouliquen a rejoint l’exploitation caprine de Noémie, sa femme, en 2019. Ils transforment entièrement le lait de leurs 60 chèvres et commercialisent les fromages en vente directe. Le troupeau est conduit en bio et Nathan insiste : « nous ne sommes pas en bio pour l’argent. C’est le mode de production qui nous semble le plus logique. » Les éleveurs ont dû faire un choix avec la nouvelle réglementation sur l’allaitement des chevreaux en bio, leurs mères étant porteuses du Caev. Ils auraient pu tout simplement passer au lait en poudre bio, mais la cohérence de leur travail les en a empêchés. « On ne sait pas vraiment la composition du lait en poudre et on aimerait avoir plus de transparence sur le prix qui est très élevé », se questionne l’éleveur de 28 ans. Noémie et lui décident donc de mettre en application les essais menés à la ferme expérimentale du Pradel, que Nathan a beaucoup fréquenté dans son ancien métier de technicien caprin.

Un lot au lait acidifié, un lot au lait en poudre

Les éleveurs commencent progressivement et, en premier lieu, un seul lot de chevreaux reçoit du lait en poudre tandis qu’un autre reçoit du lait acidifié. « Le groupe "lait acidifié" n’a eu aucune diarrhée contrairement au groupe "lait en poudre". Et le temps de travail est à peu près similaire entre le dosage de la poudre et l’acidification du lait et sa distribution deux fois par jour à froid. Petit plus, le lait acidifié est bien plus facile à nettoyer que le lait en poudre qui a tendance à faire des paquets et à coller », se réjouit Nathan Pouliquen. Pour autant, reste l’épineuse question de la qualité sanitaire du lait, puisque l’acidification n’éradique ni le Caev, ni les mycoplasmes. « Nous avons alors opté pour la combinaison de la thermisation, qui élimine les agents pathogènes, et de l’acidification, qui permet une meilleure digestion », développe l’éleveur ardéchois. Le lait est donc d’abord thermisé puis acidifié. Au début de la lactation, le lait est simplement thermisé, le temps de constituer le pied de cuve pour l’acidification. Pour cela, la recette est enfantine : mélanger deux yaourts avec deux litres de lait et laisser reposer pendant 48 heures.

Un manque à gagner compensé

Les chevreaux sont nourris matin et soir et Nathan écoule en moyenne 150 litres de lait acidifié par chevrette. « Nous avons à l’esprit que le lait acidifié est économiquement moins rentable que le lait en poudre, mais cela nous évite aussi un achat de poudre en début d’année, lorsque la trésorerie est tendue », reconnaît Nathan Pouliquen. En effet, le manque à gagner est loin d’être négligeable, surtout pour eux qui font de la vente directe. Pour l’élevage de 20 chevrettes, il faut compter environ 3 300 litres de lait par an, parmi lesquels se retrouve le colostrum des sept premiers jours. Pour Noémie et Nathan, cela leur permet d’écrêter le pic de lactation, en utilisant un lait qui aurait été moins bien valorisé de toute manière. Et finalement, le manque à gagner est en partie récupéré sur l’absence de frais vétérinaires pendant la croissance des chevrettes, grâce à un lait sain et digeste. « La croissance est un peu lente au début, mais s’accélère au fur et à mesure et on arrive à des poids tout à fait corrects au sevrage », argumente Nathan Pouliquen.

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