L’enrubannage pour un fourrage de qualité
Pour améliorer l’autonomie de leur exploitation, Laurent et Marie Ruau utilisent de l’enrubannage de luzerne et de dérobées.
Pour améliorer l’autonomie de leur exploitation, Laurent et Marie Ruau utilisent de l’enrubannage de luzerne et de dérobées.
Pour produire environ 550 000 litres de lait avec 600 chèvres sur une surface de 111 ha, Laurent et Marie Ruau, en Maine-et-Loire, ont misé sur « l’optimisation des luzernes récoltées en enrubannage et sur des mélanges céréales-protéagineux récoltés en grain ». Pour ce faire, les éleveurs peuvent s’appuyer sur des terres irrigables où la luzerne s’implante facilement. Dans le cadre d’une journée RedCap (en lien avec Élevage conseil Loire Anjou), le 13 avril dernier, ils ont présenté leur système leur permettant d’atteindre 76 % d’autonomie alimentaire pour l’atelier caprin. À chaque coupe d’enrubannage et de foin de luzerne, l’éleveur effectue des analyses sur la récolte. Il obtient ainsi une idée de la qualité de chaque fourrage et il peut donc ajuster les périodes de distribution selon les besoins de production laitière. Malgré un surcoût, l’enrubannage de luzerne lui permet de récolter un fourrage de qualité permettant de favoriser légèrement les rendements des prairies. Selon l’éleveur, pour réussir une bonne coupe de luzerne, il faut "veiller à perdre le moins de feuilles possible au champ. C’est avant tout dans les feuilles que l’on trouve la protéine. Il faut également faucher la luzerne au bon stade végétatif et la faire fleurir au moins une fois dans l’année". Des dérobées sont également récoltées en enrubannage avant le semis du maïs. Il s’agit de mélanges de ray-grass italien et de trèfle incarnat ou de ray-grass italien, trèfle incarnant et vesce, avec 50 % de graminées semées. Il est récolté dès les premières fleurs du trèfle. Cela conforte le bilan fourrager et protéique.
Le méteil grain, un complément pour assurer l’autonomie alimentaire
Les méteils récoltés en grain font aussi partie prenante de la ration des chèvres. Un des mélanges semé en 2015 a été suivi dans le cadre du RedCap. Il s’agit d’une association triticale (Vuka) – pois fourrager (Assas) semé dans une parcelle sableuse et séchante avec un sol profond et plutôt acide. Le semis a été réalisé le 20 octobre 2015. La densité de semis était de 160 kg/ha, soit 178 graines de triticale/m² et 32 graines de pois/m². Malgré un printemps humide, le mélange a peu souffert de maladie. Le mélange récolté a un rendement de 20 quintaux par hectare. Le coût de production estimé, hors main-d’œuvre, est de 157 €/ t ou 10,50 €/% MAT. Cet aliment complet est distribué aux chèvres et représente 40 % de la ration concentrée des chevrettes. Les concentrés distribués, pour partis autoproduits (48 % de maïs et de méteils grain), représentent 457 kg/chèvre/an.
Distribuer l’enrubannage en limitant les risques sanitaires et métaboliques
L’objectif pour les éleveurs est de faire ingérer l’enrubannage tout en limitant les risques métaboliques et sanitaires. Le foin est donc distribué avant la traite et l’enrubannage vers 10 heures.
L’autonomie alimentaire de l’élevage est de 76 % et elle est en augmentation grâce à une autoconsommation de méteils grains de plus en plus importante. Elle est aussi améliorée par une autonomie fourragère totale. Cette dernière est permise par la valorisation de luzernières implantées sur l’exploitation. La productivité importante de ces praires (10 à 14 t de MS/ha) est favorisée par la capacité à les irriguer et par le mode de récolte (enrubannage et foin) ainsi que par l’implantation de cultures fourragères en dérobée permettant de distribuer 57 % de la ration sous forme de fourrages malgré un chargement élever (14 chèvres/ha de surface fourragère).
Avis d’expert : Bertrand Bluet, conseiller caprin, chambre d’agriculture de l’Indre
"Pour bien conserver son enrubannage il faut faire attention à toutes les étapes ; de la culture au transport "
"L’enrubannage est réputé pour avoir une conservation risquée et plus sensible au risque sanitaire mais ce n’est pas une fatalité. S’il est bien conservé, les risques ne sont pas plus élevés que pour le foin. L’objectif de l’enrubannage est de chercher de la valeur alimentaire à un stade précoce de la plante. Il est conseillé de faucher à 7-8 centimètre, d’une part pour éviter de ramasser de la terre, donc limiter les risques de listeria, et d’autre part pour garantir un séchage plus rapide et une bonne reprise du fourrage. Un autre critère important est le pourcentage de matière sèche. Il doit idéalement être à 55-60 %. Mais la fenêtre météo étant courte, il vaut mieux presser avant s’il y a risque de pluie. Il faut aussi veiller à faire des balles denses et régulières afin de chasser l’oxygène au maximum. Lors du filmage des bottes, il est important de ne pas percer le film plastique. Le film doit bien coller à la botte afin de ne pas laisser de bulles d’air. Il ne faut pas filmer non plus sous la pluie. Il est indispensable de mettre le bon nombre de couche : quatre minimums pour les graminées et six pour les légumineuses. L’enrubannage ne doit pas se faire plus de quelques heures après le pressage afin d’éviter le développement des bactéries aérobies. Il est préférable de ne pas déplacer les bottes en dehors du jour de leur confection ou de celui de leur utilisation. L’enrubannage peut être utilisé dès que la fermentation a eu lieu ce qui se fait en quatre à six semaines. Dans l’idéal, les bottes ne doivent pas être gardées plus d’un an."