[ Chronique de chevriers confinés 3 ] Du lait transformé en tomme pour tenter de compenser la fermeture des marchés
L’élevage caprin est aussi impacté par le coronavirus et le confinement. Deuxième témoignage d'un éleveur de chèvres fromager fermier.
L’élevage caprin est aussi impacté par le coronavirus et le confinement. Deuxième témoignage d'un éleveur de chèvres fromager fermier.
Jean-Philippe Bonnefoy, producteur fermier en Saône-et-Loire
« Les marchés ouverts ont été interdits et, pour nous, ce sont les deux tiers du chiffres d’affaires qui disparait. Hier, le Premier ministre a indiqué qu’il sera permis aux préfets, sur avis des maires, de déroger cette interdiction lorsque ce marché, dans certains villages, est le seul moyen d’avoir accès à des produits frais. Pour l’instant, nous avons confirmation que notre plus gros marché est arrêté et nous n’avons pas d’infos pour les autres. De toute façon, nos clients sont plutôt des personnes âgés qui, on les comprend, préfèrent rester chez eux.
Nous avons nos trois ados à la maison et l’un d’eux essaie de bidouiller un site internet pour pouvoir contacter nos clients et organiser des tournées de livraison. J’ai une collègue, chevrière dans le Gard, qui a maintenu son réseau de clients via des commandes et des livraisons aux épiceries de village. Nous avons aussi une supérette locale, de l’enseigne Bi1, qui fait l’effort de mettre en avant les produits locaux et qui a augmenté sa commande de samedi par rapport à d’habitude. C’est bien mais c’est loin de compenser l’arrêt des marchés…
Pour l’instant, nous cherchons à stocker du lait, notamment avec la fabrication de pâte pressée. Au lieu de fabriquer des tommes une fois par semaine, nous en fabriquons tous les jours. J’aimerais transformer un ancien petit tank à lait en cuve de fabrication mais mon chauffagiste ne peut pas, non plus, commander les bonnes pièces. C’est donc la débrouille !
Je suis aussi en contact avec les Restos du cœur et je vais peut-être leur donner du fromage. Dimanche soir, une collègue fromagère fermière m’a appelé pour me dire qu’elle jetait du lait car ses frigos sont déjà pleins. C’est sûr, on va prendre cher avec cette crise…
Pour avoir moins de lait, je vais passer en monotraite le lot des lactations longues et des mises bas d’automne. J’ai aussi revu les rations des chèvres à la baisse pour qu’elles produisent moins avec moins d’aliments. J’ai aussi une petite quinzaine de chèvres qui ont mis bas tardivement. Celles-là, je vais les laisser avec leurs cabris. »