Chèque alimentaire : ses modalités de mise en place font débat
Alors qu’Elisabeth Borne, la Première ministre, a confirmé le versement d’une aide à la rentrée pour les personnes les plus modestes, le chèque alimentaire fait débat au sein même de la mission chargée de plancher sur sa mise en place et interroge les Banques alimentaires.
Alors qu’Elisabeth Borne, la Première ministre, a confirmé le versement d’une aide à la rentrée pour les personnes les plus modestes, le chèque alimentaire fait débat au sein même de la mission chargée de plancher sur sa mise en place et interroge les Banques alimentaires.
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D’après un rapport, non encore publié, commandé par le gouvernement à une mission composée de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF) dont Agra Presse a pu consulter la synthèse, la mise en place du chèque alimentation durable (encore appelé chèque alimentaire) fait couler beaucoup d’encre. Ce chèque a été proposé par la convention citoyenne pour le climat en décembre 2020 pour lutter contre la précarité alimentaire et pour soutenir la transition vers un système alimentaire durable.
Les auteurs du rapport estiment que « les périmètres de l'insécurité alimentaire et d'aide alimentaire ne se recoupent pas. Bien que le nombre d'usagers de l'aide alimentaire soit, à ce stade, mal documenté, il existe un différentiel important entre les besoins (la sécurité alimentaire) et les réponses apportées par l'aide alimentaire qui constitue un dispositif d'urgence et non une réponse dimensionnée pour répondre aux besoins de sept à huit millions de personnes ». Ils sont convaincus « qu’un seul instrument ne peut pas atteindre tous les objectifs », à savoir répondre à la précarité alimentaire et favoriser l’accès à une alimentation durable de qualité.
Une aide mensuelle sous la forme d’une carte de paiement
La mission préconise un chèque de 20 à 30 euros « ciblé sur les fruits et légumes frais et les légumineuses non transformées » par mois et par personne, adulte et enfant, utilisable dans tous les commerces alimentaires, y compris les grandes et moyennes surfaces. Mais pour plus de facilité d’utilisation, « l’aide prendrait la forme d'une carte de paiement qui serait acceptée par l'ensemble des professionnels équipés d'un terminal de paiement électronique, pour éviter les envois réguliers et couteux de centaines de millions de chèques papier ».
La mission souligne que l'instrument, malgré son coût de 1,5 milliard d'euros à 3,5 milliards d'euros ainsi que 3 % à 8 % de frais de gestion, ne « saurait être en mesure de répondre seul à des enjeux aussi engageants et d’aussi longue portée que l’insécurité alimentaire et la durabilité des systèmes alimentaires ». La mission préconise une expérimentation de trois ans, ainsi que la remise d'un rapport d'évaluation intervenant six mois avant la fin de l'expérimentation.
Les Banques alimentaires veulent inclure les produits d’origine animale
La Fédération française des banques alimentaires, par la voix de Barbara Mauvilain-Guillot, responsable du service des relations institutionnelles » a réagi aux conclusions de la synthèse de ce rapport : « Toutes les difficultés de gestion, de logistique, le fait que ce chèque alimentaire entraînerait des coûts significatifs, c’est quelque chose qu’on avait pointé dès le départ ». Elle a émis un souhait : « Une des propositions qu’on porte, et qu’on ne retrouve pas dans la synthèse, c’est qu’une partie du budget alloué à ce chèque soit confié au réseau d’aide alimentaire – aux banques alimentaires – pour soutenir nos achats vers des produits d’origine France et locaux ». Confiant sa hâte de lire le rapport dans son entier, Barbara Mauvilain-Guillot a déclaré que le chèque qui va être mis en place devait porter sur « une diversité de produits », y compris d’origine animale afin de préserver le libre choix de l’alimentation.