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Chaîne Podcast - « La clé des Champs » de Louise Lesparre permet aux citadins « d’écouter l’agriculture »

Il y a un an, alors que la France était confinée et qu’elle était en chômage partiel, Louise Lesparre a créé sa chaîne de podcast pour faire écouter l’agriculture aux citadins. « La Clé des Champs » rassemble près d’une trentaine d’interviews sonores. Elue Coup de cœur 2020 par Apple Podcast, la chaîne commence à faire parler d’elle. Récemment, le ministre de l’Agriculture a accepté de jouer le jeu des questions-réponses. Comme un encouragement à prolonger l’aventure au-delà de la crise sanitaire.

Louise Lesparre en reportage chez Pierre Oteiza, dans le Pays Basque, au milieu des légendaires cochons noirs de la vallée des Aldudes.
© DR

Elles sont rares mais il y en a : nous allons vous raconter une belle histoire de confinement. Celle de Louise qui, à la faveur de la crise sanitaire, a pris la « Clé des champs ». Son nom, Lesparre, est celui d’une famille des Landes. Grands-parents maternels et paternels éleveurs, père en charge de la promotion des produits de qualité des Landes à la chambre d’agriculture du département… Très tôt, la Landaise a été bercée par l’agriculture et elle aime ce milieu. A 31 ans, elle se dit pourtant trop « feignante » pour avoir envisagé un jour devenir agricultrice. Feignante, elle ne l’est pas, mais elle a préféré se diriger vers des études de commerce. Après son école à Toulouse, elle s’éloigne encore un peu plus de ses attaches à Mont-de-Marsan et se dirige vers Paris où elle vit depuis 7 ans. Après avoir changé d’entreprise, elle occupe un poste de direction chez Onepark. En mars 2020, l’activité commerciale de location de parking près des aéroports est touchée de plein fouet par la crise du Covid-19 et elle se retrouve en chômage partiel. Rester inactive n’est pas dans son tempérament. Cette basketteuse très impliquée dans son club avoue même une petite tendance à l’hyperactivité. Elle n’envisage pas une seconde de « rester sans rien faire ». C’est à ce moment que lui vient l’idée de créer une chaîne agricole de podcast. « Le podcast m’a sauvée, » dit-elle.  Sa Clé des Champs diffusée sur toutes les plateformes d'écoute (Spotify, Apple Podcast...) ouvre rapidement de grandes portes puisqu’elle est élue Coup de Cœur 2020 par Apple Podcast. Ce 9 mars, elle a rencontré Julien de Normandie au ministère de l’Agriculture pour une interview qui sera disponible dans les prochaines semaines. Depuis un an, elle a poussé les murs de son appartement perché à la Défense pour retrouver la terre ferme et aller à la rencontre des acteurs du monde agricole « indispensables à notre pays ». La communicante bénévole et passionnée a accepté de répondre à nos questions et nous explique comment elle a transformé un temps libre imposé en belle aventure.

Réussir - Comment l’idée de créer votre chaîne de podcast a-t-elle germé ?

Louise Lesparre – « Le métier d’agriculteur est un beau métier. Mais un des problèmes de l’agriculture est l’incompréhension des gens. Pour ceux qui connaissent le milieu agricole, les choses paraissent naturelles mais pour le grand public, c’est différent. En écoutant mon entourage parisien, je me suis rendu compte que les 2 mondes avaient du mal à se parler. En tant que « 3e génération », j’ai eu envie de faire quelque chose, d’apporter une petite pierre à l’édifice. Je me suis dit : " Je vais leur faire écouter l’agriculture " ».

Combien avez-vous réalisé de reportages depuis début mars 2020 ? Qui interrogez-vous et quel public visez-vous ?

L. L. – « J’en ai déjà réalisé 27. Les 3 premiers ont été enregistrés à distance, en avril 2020, pendant le confinement. J’interroge des acteurs de l’agriculture, agriculteurs et agricultrices principalement, mais pas que. J’ai réalisé l’interview de Joël Aubert, ancien directeur de la rédaction du journal régional Sud-Ouest. J’ai donné la parole à la photographe Karoll Petit et je vais rencontrer le chef étoilé Julien Duboué. Les agriculteurs ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Je veux mettre en avant leurs initiatives, rendre accessible l’agriculture et la valoriser. Je vise un public de citadins, de " CSP+ ", qui ont besoin d’avoir des réponses aux questions qu’ils se posent. Mais j’ai aussi un public de professionnels. J’ai l’approbation des agriculteurs, c’est important car je ne suis pas agricultrice. Avant de me lancer, je me suis fait des cours sur la PAC, les pesticides… Et chaque interview me prend 2 h à 2 h 30 de préparation des sujets. »

Quelle est la cadence de vos diffusions ? Quel format avez-vous choisi ? Quelle est votre audience ?

L. L. – « Depuis un an, je tiens le rythme d’un podcast tous les 15 jours. J’essaie de diffuser des émissions de 40 minutes mais certains reportages vont un peu au-delà. En 7 mois, j’ai eu 30 000 écoutes et je suis un des 10 Coups de cœur podcast 2020 de la plateforme Apple. Les 300 avis déposés me donnent une note de 4,9 sur 5. »

Selon vous, qu’est-ce qui plaît aux auditeurs ?

L. L. – « J’ai le sentiment que c’est le fait que ça soit joyeux, « frais ». Mes interviews sont des discussions, je ne suis pas journaliste. J’ai envie que l’agriculteur soit content. Ca ne m’empêche pas de parler des sujets qui fâchent, comme par exemple des néonicotinoïdes avec Thierry Bailliet, mais mon optique est de les laisser s’exprimer. Je suis dans la bienveillance et je ne veux pas tricher. Je ne veux pas être derrière le masque de l’interview. »

L’aventure va-t-elle se prolonger quand la crise va s’éloigner ?

L. L. – « Je suis en poste dans une entreprise et à un moment, je vais reprendre pleinement mon activité. J’aime la vie parisienne. Et j’aime aussi dans les fermes. Je réfléchis donc à la suite. Comment poursuivre et aller plus loin ? J’aimerais pouvoir prendre un stagiaire pour le montage qui me prend beaucoup de temps et ne garder que les interviews. Actuellement, je cherche des subventions, mais je ne rentre ni dans le cadre d’un projet agricole classique ni dans celui d’un media classique. Le podcast n’est pas reconnu comme média. Je cherche de l’argent public ou un mécénat. J’essaie pour le moment de ne pas aller vers le sponsoring. »

Avez-vous l’intention de conserver ce format sonore ou peut-être d’évoluer vers plus d’images ?

L. L. – « J'ai initialement choisi le Podcast car il demande très peu de moyens et de connaissance pour se lancer. Il me permet aussi d'aller seule dans les fermes quand mon conjoint n'est pas disponible. La vidéo demande tout un savoir-faire et une maîtrise de l'image dont je n'ai pas besoin d'avoir avec le Podcast. Par contre, la chaîne YouTube me semble très complémentaire. Je réfléchis à la lancer mais je ne peux le faire que si j'obtiens des subventions me permettant d'avoir un stagiaire. Sinon, c’est une charge de travail trop lourde. Mais par exemple, pour le ministre de l’Agriculture, j'ai décidé de me lancer et de filmer l'entretien. L'épisode sera donc sur le Podcast et sur la chaîne YouTube que j'ai lancée récemment en postant des vidéos qui ont été réalisées dans le cadre d'un projet avec la Meuse. J’ai encore beaucoup d’idées de sujets… comme par exemple, l’impact de l’élevage sur l’environnement. »

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