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Ce qui bloque l’agriculture française, selon le céréalier David Forge

L’agriculteur tourangeau David Forge explique sur sa chaîne youtube pourquoi il est de plus en plus dur de dégager un revenu sur son exploitation agricole. Il décrypte concrètement les raisons qui peuvent générer du mécontentement chez les agriculteurs.

David Forge, agriculteur, sur son exploitation agricole en Touraine.
David Forge, agriculteur, sur son exploitation agricole en Touraine.
© Capture d'écran chaine youtube La chaine agricole

« Je vais vous expliquer comment il devient toujours un peu plus complexe de produire, les raisons qui peuvent générer du mécontentement », ainsi David Forge, agriculteur tourangeau à la ferme de la Boutière (à Saint-Senoch) introduit une vidéo de 20 minutes sur sa chaîne youtube (La Chaine agricole et ses 145 000 abonnés). Une vidéo titrée « ce qui bloque l’agriculture française », visionnée 30 000 fois et likée 400 fois sur X (ex-twitter).

Se déclarant « pas à plaindre par rapport à d’autres », David Forge explique l’évolution sur son exploitation agricole avec un revenu qui tend à baisser pour plusieurs raisons.

Lire aussi : Les agriculteurs en colère veulent bloquer Paris : les dates clés d’une semaine de tous les dangers 

2000 euros en moins par an à cause des bordures enherbées

« Sur la ferme on produit toujours un peu moins de grain un peu moins de volume pour répondre à des mesures environnementales », affirme le céréalier, face caméra. « Depuis plusieurs années en bordure de champs là où il y a des fossés, on installe des bordures enherbées de 5 m. Cette bande sépare par exemple le champ du ruisseau pour protéger l’eau de la dérive du produit », poursuit-il. Son père en avait installé 1,5 km, il y a quelques années, lui-même en a installé à nouveau 1,5 km. « Soit 3 km, je les entretiens je les broie. Mais je n’ai plus l’avantage de la vente du grain qu’il y avait dessus. En recette, cela fait 2000 euros par an en moins, 150 euros en moins par mois », témoigne-t-il.

3000 euros en moins par an à cause de la jachère de 4%

David Forge montre ensuite une parcelle destinée à la jachère obligatoire de 4% de la nouvelle PAC (soit 5 ha sur son exploitation). « Je dois l’entretenir mécaniquement. Avant ici, je faisais péniblement de l’orge ou du colza. Mais aujourd’hui pour le revenu la situation est pire, on est à 3000 euros par an de revenu en moins », explique-t-il.

A quel moment ce rognage de marge va s’arrêter ?

« J’ai un niveau de revenu qui va me permettre de l’encaisser. Mais à quel moment ce rognage de marge va s’arrêter ? On ne sait pas où on va », s’interroge David Forge.

Mise à jour | Jachère : Bruxelles propose une nouvelle dérogation pour 2024

« L’objectif il est très bien au niveau de la biodiversité. L’idée est louable. C’est juste que celui qui la paie c’est l’agriculteur. Sur cette parcelle on peine à produire 6 tonnes d’orge, 2,5 tonnes de colza, sur des limons à silex. Là en ne faisant rien c’est encore plus pénible », poursuit-il, ajoutant que cette jachère impacte le coût de production du reste de son exploitation.

Lire aussi : Jachère 2024 et PAC : questions/réponses pour ne pas se faire avoir

Quel revenu à l’avenir sur les sols les plus difficiles ?

Sur 40 hectares de son exploitation, avec une terre superficielle caillouteuse (sols remplis d’eau en hiver, très secs en été), David Forge s’interroge sur sa production à l’avenir. « Une année sur deux je ne vais pas faire d’argent sur cette parcelle. Ce sont les sols les moins productifs de la ferme, on s’en sort un peu avec l’orge. Mais demain on annonce que le désherbage au semis sera supprimé, je vais vers une culture plus concurrencée par les mauvaises herbes… A un moment donné sur cette terre rien ne pourra payer son paysan », commente-t-il.

Lire aussi : Les agriculteurs se déclarent plus pessimistes qu’il y a un an sur l’avenir de leur exploitation

 

Que faire face à cette tendance à l’effritement ?

Du coup que faire face à cette tendance du revenu est à l’effritement ? « Diversifier à la ferme, vendre à la ferme, acheter un moulin ? Je ne suis pas chaud, je n’ai pas envie de prendre ce risque, j’aurais toujours des coûts fixes plus importants qu’un meunier », réfléchit-il.

Il explique aussi que ses parents ont tenté durant 10 ans l’aventure de la production de poulet Label Rouge la Géline de Touraine. « Finalement le marché n’était pas là ce n’était pas rémunérateur, ils ont arrêté », raconte l’agriculteur.

Il faut enfiler les bottes pour voir ce qu'est ce métier et la difficulté à se dégager un revenu

Face aux injonctions de la société, l’agriculteur conclut en disant : « ce n’est pas aussi simple que ça. Il faut enfiler les bottes pour voir ce qu’est ce métier et la difficulté à se dégager un revenu. On a de belles idées mais il faut voir la réalité sur le terrain ».

« Ca peut encore s’arranger. Mais il faut assumer le coût de nos choix et de nos envies », termine David Forge.

Lire aussi : Viens faire un tour dans ma moiss’ batt’

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