Penser à l’humain
Une analyse plus humaine du travail s’impose dans un métier où les tâches sont multiples et l’astreinte importante.
Une analyse plus humaine du travail s’impose dans un métier où les tâches sont multiples et l’astreinte importante.

« Trois ans après mon installation, j’ai trouvé intéressant d’avoir un œil extérieur sur l’organisation du travail au sein du Gaec. C’est pourquoi, j’ai accepté d’être le point de chute d’une formation organisée sur le sujet pour le CFPPA de Charolles », explique Nicolas Dupont qui s’est installé, il y a cinq ans, sur la ferme familiale, à Poisson en Saône-et-Loire. L’exploitation de 270 hectares, dont 240 hectares d’herbe, compte 165 vêlages en Charolais, un troupeau de 130 brebis et un poulailler label de 4 400 poulets sur deux sites de production. « Les points de vigilance mis en évidence ont majoritairement concerné le site principal. À mon arrivée, de nombreux investissements ont été consentis sur le site secondaire. Mon frère va prochainement revenir sur le Gaec. Nous allons en profiter pour recaler les choses de manière à passer moins de temps en ovins et bovins », poursuit l’éleveur, avant d’ajouter : « on court beaucoup, notamment pour distribuer l’alimentation ». Des aménagements sont prévus ainsi que la reconstruction d’un bâtiment spécifique pour regrouper les bovins sur un seul lieu. " A moyen terme, la contention sera également à revoir. Au niveau des aliments, un libre-service foin est envisagé pour en supprimer la distribution manuelle. Reste encore à se pencher sur celle des concentrés, également manuelle. »
Trouver le bon compromis entre le technique et l’humain
« Tous les ans, je constitue un groupe d’agriculteurs pour faire un état des lieux sur le travail. Des pistes d’améliorations sont alors évoquées, ce qui nous amène à repenser les tâches autrement. J’interviens également auprès de jeunes en formation pour les sensibiliser sur ce point crucial de l’astreinte et de la pénibilité au travail », observe Huguette Delage, conseillère d’entreprises à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire et titulaire d’un master en ergonomie et conception de systèmes de production. Un diagnostic travail repose sur un entretien semi-directif où il est question de l’exploitation, de son outil de production… afin d’établir un planning de travail annuel. Une analyse travail consiste à l’observation des travaux réalisés par l’agriculteur sur sa ferme. Elle permet de repérer les tâches d’astreinte. Elle met en évidence la pénibilité de certains travaux, les risques, la dangerosité de certains gestes.
« Le poste le plus important de tous est la distribution des concentrés. Il faut parfois trouver le bon compromis entre l’exigence technique et l’humain. Parfois, le diagnostic pointe un problème de bâtiment : une répartition des lots d’animaux non adéquate, des modes de stockage et de distribution des aliments peu fonctionnels…. La mécanisation n’est pas forcément la solution à tous les problèmes de travail. L’embauche d’un salarié, même à temps partiel, permet en plus d’apporter une aide précieuse, de créer un rapport humain », note la conseillère.