Inondations : « Nous avons travaillé plus de 200 heures pour remettre en état les prairies inondées »
Boris Fétiveau, en système polyculture-élevage dans l’Yonne, a subi deux inondations successives sur ses prairies en mars et début avril 2024. Il raconte le sinistre, le contrecoup, et les travaux qui ont suivi et se poursuivent pour remettre en état les parcelles.
Boris Fétiveau, en système polyculture-élevage dans l’Yonne, a subi deux inondations successives sur ses prairies en mars et début avril 2024. Il raconte le sinistre, le contrecoup, et les travaux qui ont suivi et se poursuivent pour remettre en état les parcelles.
« Mes 30 hectares de prairies permanentes, à Noyers sur les bords du Serein, ont été complètement submergés par deux inondations en l’espace de trois semaines entre mars et début avril. Proches de la rivière, nous avions déjà connu des inondations, mais pas aussi subites, ni d’une telle ampleur. L’eau est montée au-dessus des piquets, à plus d’un mètre cinquante. Nous venions de terminer les clôtures en préparation de la sortie des vaches et de leur suite, car l’herbe avait bien poussé. Le reste de l’exploitation (bâtiments, 100 ha de cultures et 30 ha de luzerne), situé à Moulins-en-Tonnerrois et plus éloigné de la rivière, a été épargné.
Il a fallu attendre près de trois semaines avant d’accéder, enfin, à une partie des parcelles et commencer le travail acharné de remise en état. Deux cent quarante heures de travail, avec l’aide de mon père et mon fils, pour remettre les clôtures arrachées et évacuer les débris et déchets charriés par les crues : du bois, de nombreux déchets plastiques (bouteilles, etc.), des roues de mobylettes, et même une tondeuse. Une odeur de fuel persiste sur la prairie, probablement due aux cuves de fuel qui se sont retournées à Noyers.
Au 25 avril, nous avons enfin pu mettre à l’herbe une partie des vaches. Les terrains sont mous, et les animaux abîment vite les prés, déjà souillés par les alluvions, mais je suis plus chanceux que mes voisins, qui n’ont toujours pas pu sortir leurs vaches à la fin avril. Dix hectares de prairies sont encore impraticables. Pour récupérer les piquets coincés dans les ronces et nettoyer les débris, je n’aurai pas d’autres choix que de tailler ronces et haies, même si la date limite du 15 avril est dépassée.
Entre le stock de fourrage sec que j’ai dû consommer en gardant les vaches au bâtiment un mois de plus que prévu, la qualité dégradée de l’herbe, les clôtures à remplacer, et le temps passé à remettre en état les parcelles, j’estime la perte pour l’exploitation à plusieurs milliers d’euros. Les assurances ne prennent rien en charge, mais la commune m’a informé que l’État prend le relai, car les inondations sont reconnues comme catastrophes naturelles. Je vais donc déclarer le sinistre dans ce sens. Je ne sais pas quel sera le montant des indemnisations. »