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" La solution pour réduire les intrants "

L’atelier bovin d’Yves Rondeau a connu d’importantes modifications. Il accorde davantage de place à l’herbe et au pâturage sans déroger au système naisseur-engraisseur.

À Saint-Malô-du-Bois, dans l’Est de la Vendée, Yves Rondeau, secondé par un salarié, associe sur son exploitation de 53 hectares un atelier bovin à une activité avicole (canards de chair et poulettes prêtes à pondre). Le cheptel bovin n’assure qu’une part modeste du chiffre d’affaires. Pas question pour autant de ne pas le suivre avec attention. « J’aime les vaches et la sélection », confesse volontiers Yves Rondeau.

Jusqu’en 2012, son troupeau se composait d’une quarantaine de Charolaises en système naisseur-engraisseur avec vêlages de fin d’été. Le troupeau tournait bien, avec un cheptel inscrit, un poids moyen de carcasses de 520 kilos pour les réformes et des JB de 420 kilos à 16 mois. À la belle saison, chaque lot de femelles tournait sur 5 à 6 parcelles et restait 6 à 7 jours d’affilée dans chacune. « Je faisais alors 8 hectares d’ensilage de maïs et un peu de céréales. »

Suite à une mauvaise fracture du bras, qui l’a rendu moins habile pour effectuer des travaux de force, Yves Rondeau a totalement revu la conduite de cet atelier. « J’ai voulu opter pour une génétique différente, avec des animaux d’un gabarit intermédiaire et plus faciles à conduire, tout en donnant davantage de place à l’herbe. » L’aspect poids de carcasse a aussi joué, avec la crainte que le « toujours plus gros et toujours plus lourd » ne se traduise à terme par des difficultés commerciales. Non sans un pincement au cœur, les Charolaises ont été vendues à l’été 2013 et remplacées en octobre par autant de Salers dénichées dans le Cantal, chez un éleveur qui cessait son activité. Après trois campagnes, les performances techniques demeurent perfectibles mais vont dans la bonne direction, avec la volonté de recentrer les dates de vêlages sur décembre-janvier. Yves Rondeau est intarissable sur les orientations qu’il souhaite donner à son cheptel. « J’avais raté le virage du 'sans corne' avec mes Charolaises. Je ne veux pas faire de même avec mes Salers, d’autant que le GIE polled excellence Salers m’a proposé de les rejoindre. »

Faire évoluer du tout au tout

Au cours de l’arrêt de travail consécutif à sa fracture du bras, Yves Rondeau a conforté ses connaissances techniques par la lecture. Il acheté le livre Productivité de l’herbe, d’André Voisin. Cette approche lui a plu. Quand il cherchait ses Salers, il a aussi contacté Ghislain Mainard, éleveur de Salers dans les Deux-Sèvres et inconditionnel du pâturage tournant dynamique (PTD). « On a bien discuté. J’approche la cinquantaine. Je suis à mi-chemin dans mon parcours professionnel. Je me suis dit que ce changement de race était le moment idéal pour faire évoluer du tout au tout mon atelier bovin, en optant pour un système tout herbe associé à une gestion pointue du pâturage. Qui plus est, les céréales, le maïs et passer du temps sur un tracteur, ce n’est pas mon truc. Moi ce que j’aime, c’est l’élevage. » Après avoir fait appel à John Bailey, du cabinet PâtureSens, la plupart des parcelles ont été cloisonnées au fil lisse avec des couloirs de 40 mètres de large et un piquet tous les 25 mètres pour soutenir le fil, en composant avec le relief pour réaliser des couloirs les plus longs possible. « Pour une petite cinquantaine d’hectares, il m’a fallu 7 km de fil et 4 km de tuyaux pour alimenter les abreuvoirs mobiles. Cela s’est traduit par 6 000 euros d’investissement (120 €/ha)." Actuellement, seule une prairie jouxtant les bâtiments n’est pas cloisonnée, car elle est utilisée pour hiverner un lot en plein air. Il n’y a que 39 places dans la stabulation des suitées.

Un parcellaire favorable

Le parcellaire est favorable à la mise en place du PTD. Les parcelles ne sont pas immenses mais groupées autour du siège de l’exploitation, avec des contours à peu près rectilignes, et deux puits bien situés assurent l’approvisionnement en eau. La roche mère granitique se traduit par des sols séchants à faible réserve utile, mais leur portance est bonne et ils se réchauffent rapidement. Le tout associé à la clémence de l’hiver vendéen. Aussi, la pousse de l’herbe démarre dès fin février mais s’interrompt en juin avec une sécheresse estivale quasi systématique. « Ici, le facteur limitant, c’est d’abord le manque d’eau. » La mise à l’herbe a lieu à compter de mi-mars. « Au pâturage, j’ai deux lots de vaches suitées et le lot de génisses. Je les déplace tous les jours, sauf le week-end. Le samedi matin, je leur mets deux fois la surface nécessaire pour n’avoir à les faire tourner que le lundi matin. »

L’été dernier, plutôt que les laisser traîner derrière les mères sur des prairies desséchées, tous les veaux ont été sevrés mi-juillet et les vaches rassemblées en un lot avec deux râteliers de foin, sur une parcelle de 1,5 hectare d’orge fraîchement récoltée pour renouveler une prairie. Elles y sont restées deux mois avant de reprendre le cycle de pâturage jusqu’en décembre. Au final, les animaux sont passés 6 à 8 fois sur les paddocks, avec un délai variant de 20 à 60 jours entre deux passages selon la période de l’année.

Les pâtures sont fertilisées avec le lisier de canard et le fumier des bovins au préalable longuement « mûri » sous la fumière. Du trèfle, du plantain et de la chicorée ont aussi été semés à la volée pour avoir un couvert plus à même de pousser quand la pluie fait défaut. « J’ai bien entendu fait des erreurs, comme par exemple enrubanner de la chicorée. J’ai dû faire appel à la mélangeuse d’un voisin pour arriver à la faire manger après l’avoir associée à de la paille. Mais il faut accepter de se tromper. C’est comme cela que l’on apprend ! »

Ce recours au pâturage tournant est facilité par le nombre limité de lots. Savoir ajuster au mieux les surfaces aux besoins et à la disponibilité en herbe sur pied s’est, au départ, traduit par quelques tâtonnements. Le PTD demande rigueur et sens de l’observation. « C’est à la fois difficile et passionnant. Mais je ne vois surtout guère d’autres solutions si on veut réduire le niveau des intrants sur nos exploitations. » Yves Rondeau a également prévu quelques évolutions pour la conduite de son cheptel. Comme, avec ses Salers, il obtient sur les vaches des poids carcasses inférieurs de 100 kilos comparativement à ses Charolaises, il entend compenser avec quelques vêlages supplémentaires associés à une plus forte proportion de premiers vêlages à 2 ans.

F. A.

Les rations hivernale et d’engraissement

Le stock de fourrage est actuellement composé d’environ deux tiers d’enrubannage pour un tiers de foin, avec des dates de fauche et des parcelles soigneusement choisies pour ne pas gaspiller l’herbe mais également favoriser la bonne flore sur les pâtures. La ration hivernale repose donc sur ces mêmes fourrages pour tous les lots, avec une légère complémentation pour les femelles (génisses et primipares) qui ont les plus forts besoins. Pour autant, l’exploitation demeure en système naisseur-engraisseur. Le lot de JB est engraissé avec une ration basée sur une association enrubannage d’herbe et maïs grain humide acheté à l’extérieur. 

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