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En service depuis fin 2016
La Ferme de Saint-Martial passe à 800 places

À Saint Martial le Vieux, dans la Creuse, l’atelier d’engraissement collectif a récemment obtenu la possibilité de faire passer de 400 à 800 têtes le nombre d’animaux simultanément engraissés.

Depuis un arrêté préfectoral de février dernier, la SAS Ferme de Saint-Martial, dans la Creuse, a obtenu l’autorisation d’accueillir 800 animaux à l’engraissement contre 400 précédemment. Cette décision était particulièrement attendue. La capacité d’accueil de cet atelier collectif est de 1000 places. Ces derniers mois, le fait de fonctionner bien en deçà de sa pleine capacité était forcément pénalisant. Occuper 800 places et non 400 va permettre de diluer un tant soit peu certaines charges fixes incompressibles. « Cette sous-occupation des bâtiments nous a énormément pénalisés dans le fonctionnement de l’atelier ces derniers mois », estime Gilbert Mazaud, éleveur de Limousines en Gaec avec sa femme et son fils, administrateur de la SAS Ferme de St Martial et en charge de l’aspect communication. Et de reconnaître que les résultats économiques sur les premiers lots sont en deçà de ce qui était escompté. 

Pour autant, les performances techniques correspondent parfaitement, et sont même de très bon niveau. Les premiers animaux sont arrivés sur le site à l’automne 2016, et en mars 2018 un total de 677 animaux — uniquement des mâles — avaient été abattus. Côté chiffres, avec une répartition à peu près équitable entre Limousins et Charolais, le poids moyen à l’entrée était de 386 kg et le poids carcasse de 441 kg pour une durée moyenne d’engraissement de 222 jours.

Sur le plan technique, le bâtiment fonctionne donc très bien. Les conditions d’ambiance sont bonnes. Les croissances obtenues sont en phase avec les objectifs. L’atelier fonctionne en ration sèche. Toute l’alimentation est achetée à l’extérieur et provient en grande partie des plaines berrichonnes. Le fait de l’acheter pour 400 places d’engraissement, et non pour 800, s’est aussi traduit, pour les premiers lots, par un coût de ration plus élevé. Maïs grain, céréales à paille et pulpes sèches font partie des principaux composants de la ration. La partie protéique est apportée par du tourteau de colza, dans la mesure où le choix a été fait de travailler en non OGM. Le contrat avec l’abatteur SVA fonctionne bien. « Nous sommes quarante-neuf actionnaires dans la SAS ; quarante-huit ont déjà mis des animaux à l’engraissement dans notre atelier collectif. »

Le maigre est rare et cher au printemps

Dans une zone où l’altitude, associée aux conditions pédoclimatiques, rendent aléatoire la culture du maïs et où les céréales à paille viennent assez difficilement, l’herbe est forcément la première ressource des exploitations. Les élevages bovins situés sur ce territoire sont majoritairement des systèmes naisseurs. Même si la volonté des adhérents de la SAS est de faire davantage d’engraissement via l’atelier collectif, force est de reconnaître que les yeux demeurent rivés sur le cadran du marché d’Ussel, baromètre local des prix du bétail, lequel affiche depuis cet hiver des tarifs de bon niveau pour les broutards du cru. « Cela complique les mises à l’engraissement », reconnaît Gilbert Mazaud, président depuis peu de ce même marché. Le début du printemps correspond aussi classiquement à la saison où le maigre est rare, donc forcément plus cher. Bon nombre des adhérents de la SAS n’ont actuellement pas ou peu d’animaux disponibles et, s’ils en ont, rechignent à l’idée de les mettre à l’engraissement à Saint Martial quand, mi-avril, la cotation du broutard limousin sur le marché d’Ussel s’affichait à un peu plus de 3,2 0€ du kilo pour des broutards d’un poids compris entre 300 et 350 kg. « Tant que, dans cette gamme de poids, les broutards seront à plus de trois euros, ça va être compliqué », reconnait Gilbert Mazaud. Comme à l’accoutumée, la situation va probablement évoluer au fil des semaines avec une érosion des prix quand les sorties de broutards se feront plus nombreuses.

Le fumier bientôt mieux valorisé

Côté frais de fonctionnement, les responsables de la SAS escomptent également une diminution des charges inhérentes aux achats de paille, et ceci grâce à la mise en route fin mai de la station de méthanisation « Metha énergie 23 ». Très liée à la mise en route de l’atelier d’engraissement, elle utilisera entre autres le fumier produit par les taurillons à l’engrais. « Cela aura pour nous une incidence. L’objectif est que la vente du fumier puisse financer les achats de paille. » Le retard de la mise en fonctionnement de cette unité de méthanisation a, lui aussi, contribué à rétrécir les marges sur les premiers lots vendus.

S’ils se désolent de la façon dont ce projet innovant et collectif a été accueilli par certains détracteurs de l’élevage, les responsables de l’atelier se réjouissent en revanche de l’intérêt qu’il suscite auprès des éleveurs d’autres départements. « Nous avons eu beaucoup de visites de la part de groupes venus de différents zones très spécialisées dans l’élevage allaitant (Cantal, Loire, Aveyron, Puy-de-Dôme, Nièvre…). Il y a une part de curiosité bien entendu, mais tous sont très intéressés par la façon dont a été monté notre projet. Comme je l’explique en préambule lors de chaque visite, la particularité de St Martial est d’avoir bénéficié de circonstances favorables », souligne Gilbert Mazaud. Elles sont très liées à l’obtention de financements extérieurs conséquents, dans le cadre d’un plan de redynamisation local suite à la reconversion partielle du camp militaire de La Courtine. Ce type d’outil n’est donc pas forcément reproductible partout, au moins pour la qualité des installations et le taux de subvention.

Une volonté contestée d’apporter de la plus-value

À cheval sur la Creuse et la Corrèze, le plateau de Millevaches se situe à environ 900 mètres d’altitude, sur des sols gratiques acides et avecun paysage marqué par une alternance de prairies et de forêts, faisant souvent suite à des boisements avec des résineux. Coté agricole, l'élevage est la seule activité possible. L’atelier collectif au sein duquel sont actuellement regroupés 49 élevages vise à apporter une plus-value, en partant du principe qu’un atelier de 1 000 places doit permettre d’obtenir de meilleurs résultats techniques et économiques que 50 ateliers de 20 places. C’est donc une union de moyens visant à conforter les revenus par le biais d’une structure collective, en ayant au préalable contractualisé avec une entreprise d’abattage, SVA en l’occurrence.

S’ils n’avaient pas été finis dans cet atelier, ces broutards auraient pour la plupart été exportés, le plus souvent en Italie, où ils auraient été finis dans des unités probablement plus importantes, dans la mesure où, à l’échelle de la plaine du Pô, une ferme de 1 000 places est de dimension modeste.

Depuis 2015, ce projet a été très vivement attaqué. À peine sorties de terre, les installations ont été vandalisées avec des tags injurieux puis partiellement incendiées en décembre 2016, sans dommages pour les premiers lots mis en place quelques semaines auparavant. Mais cet incendie criminel a détruit le principal bâtiment de stockage, avec un lourd préjudice financier. L’enquête est toujours en cours. 

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