Mathieu Canon, éleveur de charolaises dans l’Aisne : « nous avons créé une société en nom collectif d’abord pour sécuriser les chantiers »

« Depuis huit ans, mon exploitation est engagée dans une société en nom collectif (SNC) avec deux autres systèmes de polyculture élevage – l’un en charolaises, l’autre en vaches laitières et ovins – qui travaillent avec des salariés. L’idée première était de se donner les moyens de faire les travaux quand ils doivent être faits, et non pas quand on peut les faire. Nous sommes sept à pouvoir intervenir. On peut se remplacer, faire tourner les équipes… sans pénaliser les tâches quotidiennes de l’élevage. Et avec 750 ha au total et 30 km au plus loin entre les parcelles, nous accédons à l’achat de matériel performant et innovant (modulation intraparcellaire, autoguidage) dont bénéficient les cultures, mais aussi les surfaces fourragères.
Le statut de SNC est très engageant. Chacun est responsable des dettes communes, et il faut clôturer les comptes à l’année civile. La société facture des frais de travaux à chaque exploitation sur la base des usages réels que l’on note rigoureusement dans des carnets.
Nos exploitations restent indépendantes. Nous ne voulions pas d’assolement en commun, ni de Cuma. La SNC nous ouvre la possibilité de proposer un jour des prestations de service.
Nos systèmes sont relativement différents, mais nous travaillons dans la même direction. On se connaissait déjà bien avant de commencer et le maître-mot est la confiance. Nous nous réunissons tous les vendredis de 17 à 19 h pour faire le bilan de la semaine et préparer la suivante. Nous avons aussi un groupe Whatsapp à trois pour que chacun ait le même niveau d’information en temps réel.
En 2025, nous avons créé un groupement d’employeurs pour une partie des salariés des trois exploitations. Ceci facilite encore les échanges, et permet d’être bien en règle par rapport au dispositif de l’entraide agricole sur lequel on s’appuyait jusque-là. La SNC peut aussi être un atout pour faciliter l’entrée et la sortie de personnes dans nos exploitations.
Cette organisation n’interdit pas de s’équiper autrement. J’ai logiquement conservé du matériel en propre pour l’élevage (tracteur récent, tracteur ancien, godet désileur, pailleuse) et certains chantiers fourragers sont faits en Cuma pour des raisons de proximité. »
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