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La baisse de production se confirme

La décapitalisation bovine française se confirme, accentuée par l’impact sanitaire de la FCO. Les disponibilités en animaux destinés à approvisionner le marché intérieur se réduisent, mais le prix du bétail fini n’arrive pas à véritablement décoller pour autant.

Moins de naissances allaitantes cet hiver, ce sera aussi moins de bétail disponible pour l'abattage ou l'exportation à compter de l'hiver prochain.
© F. d'Alteroche

Depuis fin 2017, le troupeau bovin français voit ses effectifs se réduire et ce ne sont pas les premiers mois de 2019 qui vont inverser la tendance. Le nombre de vaches allaitantes était en recul de 1,7 % en avril dernier comparativement au même mois de l’année précédente. Le recul est un peu moins important pour le cheptel laitier mais avoisine malgré tout - 0,8 % en avril. Qui plus est cette tendance à la décapitalisation est confirmée par l’analyse du nombre de génisses en stock dans les élevages. "Le recul est sensible pour les génisses de races laitières (-6 %/2018 pour les génisses de plus de 18 mois) mais également les allaitantes de la même catégorie (-3 %) », précise l’Institut de l’élevage dans sa dernière lettre mensuelle de conjoncture. Moins de vaches, ce sera forcément une réduction des disponibilités pour les outils d’abattage français les mois à venir. Ce sera aussi moins de veaux donc moins de broutards et de taurillons disponibles pour les abattoirs ou les exportations.

 

 

L’impact de la sécheresse 2018 et de la FCO

« À ce repli du cheptel reproducteur s’ajoute une chute de la productivité numérique. L’ensemble se traduit par un effondrement des naissances de veaux de mères allaitantes au premier trimestre 2019, précise l’Institut de l’élevage. Elles sont tombées à 1,15 million de têtes sur les trois premiers mois de l’année (-73 000 têtes/2018 soit -6 %). » Cette baisse s’explique sans doute aussi pour partie par la sécheresse de 2018. Faute d’herbe, bien des cheptels n’ont pas pu bénéficier d’une ration alimentaire suffisante en quantité comme en qualité. La FCO est un facteur explicatif supplémentaire. La circulation du virus aurait provoqué une moindre fertilité en particulier des taureaux en cours d’été puis d’automne mais également des avortements et des veaux non viables. Les départements du centre de la France feraient partie des zones les plus concernées.

Moins de broutards dans les mois à venir

D’après les données de la BDNI, au 1er avril le stock de broutards de 0 à 6 mois était de 981 000 têtes, soit -3 %/2018 et -7,5 %/2017. « Les 594 000 mâles de 6 à 12 mois sont quant à eux plus nombreux qu’à leur bas niveau de 2018 (+6 %), mais moins que deux ans auparavant (+3 %/2017) », précise l’Institut de l’élevage.

Face à cette offre durablement limitée la demande en bétail maigre fait preuve de fermeté. L’Italie demeure aux achats et s’ils sont convenablement vaccinés dans les bons délais, les premiers lots de taurillons d’herbe et de broutards nés en fin d’été dernier sont très attendus par les exportateurs. « Au premier trimestre, les envois de bovins maigres ont progressé de 1 % par rapport à 2018. L’Italie a importé la majeure partie des 299 000 animaux expédiés depuis janvier, soit autant qu’en 2018 mais avec toujours plus de femelles (+5 %) et moins de mâles (-1,5 %). » La bonne tenue des prix du maigre est aussi liée au départ de plusieurs bateaux de broutards lourds à compter de la mi-février. Autant d’animaux exportés sur pays tiers qui ne viennent pas non plus engorger le marché européen du JB.

Mais malgré cette baisse des disponibilités en cours et à venir dans les troupeaux laitiers et allaitants associée à des exportations de maigre somme toute dynamiques, le prix des animaux finis peine à reprendre des couleurs. Le prix moyen pondéré des gros bovins entrée abattoir était à 3,61 euros par kilo carcasse la deuxième semaine de mai. Il a progressé d’à peine dix centimes depuis le début de l’année. D’après les chiffres FranceAgrimer, la progression la plus sensible concerne les vaches avec une hausse d’autant plus nette qu’elle concerne des animaux de conformation modeste, traduisant de ce fait la demande accrue pour le bétail de qualité bien ordinaire dont les muscles sont majoritairement destinés à satisfaire la demande croissante en steak haché.

Les importations reprennent

Au cours de ces deux dernières années, la recrudescence des abattages de femelles avait été un atout pour contenir la part des importations. Il semble que cela n’ait été que transitoire. Fin avril, malgré un prix des animaux finis qui peine à reprendre des couleurs, les importations de viande bovine réfrigérée et congelée repartent à la hausse. Elles ont totalisé 79 000 tonnes équivalent carcasse au premier trimestre (+3 %/2018 et +9 %/2017). « L’Irlande passe devant l’Allemagne en tant que deuxième fournisseur, à 14 000 téc (+19 %/2018). Les abattages massifs en Irlande en préparation du Brexit ont fortement accru les disponibilités tout en faisant pression sur les prix », précise l’Institut de l’élevage. « L’Allemagne a en revanche diminué ses envois (-9 % à 13 000 téc) en raison de disponibilités très limitées en viande de vache. » La Pologne est en net recul (-18 % à 7 000 téc). En effet, suite au scandale sanitaire lié à l’abattage de vaches malades dévoilé en janvier dernier, la demande européenne en viande bovine polonaise s’est nettement contractée. « D’après Eurostat, seulement 61 000 mâles ont été abattus en février dernier (-21 %/2018), soit une baisse de 4 % de l’effectif cumulé sur deux mois. Les mâles restant à écouler, qui ne bénéficient plus du débouché turc depuis la fin de 2018, devraient peser sur les marchés dans les mois à venir. »

Une météo toujours peu favorable

Il n’y a plus de saison ! Même s’il y a des nuances importantes selon les départements, à un hiver sec et doux a succédé un printemps le plus souvent sec, mais frais. Certains départements du Centre de la France, sont confrontés à un important déficit en herbe. Les premières récoltes d’ensilage sont souvent très en deçà de ce qui est habituellement constaté alors que suite à la sécheresse 2018 il y aurait eu un besoin urgent de remplir granges et silos. Une situation qui incite à se séparer au plus tôt de toutes bouches inutiles et va dans le sens d’une décapitalisation.

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