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Agriculture régénératrice, attention au greenwashing ! prévient l’Inrae

L’agriculture régénératrice : summum de l’agroécologie ou greenwashing ? s’interrogent trois chercheurs de l’Inrae dans un article paru dans les Cahiers Agricultures.

agriculture régénératrice
Initiée dans les pays anglo-saxons, l’agriculture régénératrice est présentée comme un moyen alternatif de produire de la nourriture en réduisant les impacts environnementaux et/ou sociaux par rapport à l’agriculture conventionnelle. Elle met tout particulièrement en avant la protection des sols.
© Christian Gloria

De plus en plus d’agriculteurs mais aussi de grands acteurs de l’agroalimentaire mettent en avant le principe d’agriculture régénératrice. Cette nouvelle forme d’agriculture « reste ambigüe » et son récit peut s’apparenter à du greenwashing, préviennent toutefois trois chercheurs de l’Inrae, Michel Duru et Jean-Pierre Sarthou (de l’Inrae de Toulouse) et Olivier Therond (de l’Inrae de Colmar) dans un article publié début juillet dans les Cahiers Agricultures.

Initiée dans les pays anglo-saxons, l’agriculture régénératrice est présentée comme un moyen alternatif de produire de la nourriture en réduisant les impacts environnementaux et/ou sociaux par rapport à l’agriculture conventionnelle. Elle met tout particulièrement en avant la protection des sols. Et se réfère à l’agroécologie.
 

Aucune définition légale ou réglementaire de l’agriculture régénératrice

« Cependant, aucune définition légale ou réglementaire de l’agriculture régénératrice n’existe et aucune définition largement acceptée n’a émergé dans l’usage courant », soulignent les trois chercheurs. Se basant sur l’analyse de 229 articles et 25 sites web de praticiens, ils estiment qu’il s’agit d’un concept « dont la base scientifique est peu fournie et dont les développements sont majoritairement extra-académiques ».

Pire « l’appellation est utilisée par des organisations influentes ou bien des communautés d’agriculteurs et de formateurs qui défendent des interprétations divergentes en termes de modèles de production », peut-on lire dans les Cahiers Agricultures.

La base scientifique est peu fournie

Ainsi pour certains acteurs de l’agroalimentaire, dont Danone, il s’agit d’un ensemble cohérent de principes : réduction du travail du sol, couverture permanente du sol, promotion de la diversité végétale, intégration de l’élevage et des cultures, et parfois minimisation des pesticides et des engrais synthétiques pour tendre vers l’agriculture biologique régénératrice.

Pour d’autres, l’agriculture régénératrice est une forme aboutie de l’agroécologie combinant : les principes de l’agriculture de conservation des sols, les principes de la protection intégrée des cultures, l’intégration poussée entre culture et élevage, l’agroforesterie et la restauration de la santé du sol et sa recarbonation.

L’agriculture régénératrice est parfois présentée comme une promesse d’agriculture zéro carbone émis.

« La tendance actuelle est de faire une promotion de l’agriculture régénératrice basée sur le plus petit dénominateur commun entre les visions des différentes familles, si bien que plusieurs modèles de production (permaculture, agroforesterie, agriculture biologique, agriculteur de conservation) peuvent revendiquer l’appellation sans la moindre modification de pratiques », déplorent les chercheurs de l’Inrae.
 

Un concept susceptible d’avoir un grand effet d’entrainement

Pourtant, l’agriculture régénératrice présente des avantages. Le principal, résidant selon eux, dans son récit fondateur autour de la réparation des biens communs (sol, air, biodiversité et eau) « susceptible d’avoir un effet d’entrainement d’un grand nombre d’acteurs ». « Ce à quoi peine l’agroécologie ».
 

Trois préconisations

Pour que l’agriculture régénératrice soit à la hauteur des enjeux qu’elle affiche, les chercheurs soulignent la nécessité de « clarifier son récit » et proposent trois pistes :

  • Prendre à bras le corps l’ensemble des grands défis auxquels l’agriculture et l’alimentation sont confrontés et « ne pas se limiter à un sous-ensemble choisi pour des raisons de mode, de marketing ou d’objectifs de court terme ».
     
  • Se doter d’indicateurs de résultats mesurables ou de moyens fiables pour se situer sur des trajectoires de progrès
     
  • Envisager un changement de statut des entreprises agricoles en faisant reconnaître explicitement les services rendus par celles-ci.

 

Lire l’article complet « L’agriculture régénératrice : summum de l’agroécologie ou greenwashing ? »

cagri210174.pdf (716.99 Ko)

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