Vente Alsoni à Moulins :71% des veaux vendus et une moyenne de 5 600€
La 43ème édition de la vente aux enchères de mâles charolais à Moulins s’est déroulée dans un contexte plutôt favorable avec, à la clef, des ventes en nombre et des prix satisfaisants .
La halle de Moulins Expo, au Parc des Isles à Avermes, n’avait pas connu pareille affluence depuis plusieurs années. Crise sanitaire oblige, la fréquentation des lieux était devenue inexistante depuis bien trop longtemps. C’est Alsoni Conseil Elevage qui a finalement rouvert les portes d’un site qui, à l’origine, était destiné avant toute chose aux manifestations agricoles.
Un contexte favorable
Une vente aux enchères qui s’est déroulée, pour sa 43ème édition, dans un contexte plutôt favorable et un moral des éleveurs au beau fixe comme l’indique Yvon Laboisse, président de la commission Evénement d’Alsoni Conseil Elevage : « Les conditions étaient en effet réunies cette année. Tout d’abord par une météo plus clémente pour les éleveurs avec des précipitations qui ont permis de ne pas reproduire les schémas de sécheresses que nous avons connus les années précédentes. De plus, la sortie de crise sanitaire a favorisé la tenue d’événements tels que cette vente. Nous l’avons vu, le public était au rendez-vous. Qu’ils soient acheteurs ou simples visiteurs, les professionnels ont apprécié ce moment convivial où chacun a pu se retrouver, échanger autour d’un métier qui les passionne tous ».
Un niveau de vente satisfaisant
La grande satisfaction, pour les équipes d’Alsoni, c’est aussi le nombre de transactions confirmé par cette vente qui renoue avec celles d’il y a quelques années : « Nous nous étions fixé pour objectif la vente de sept veaux sur dix. Nous y sommes largement parvenus! De plus, le prix moyen des ventes est lui aussi sous ses beaux jours en se stabilisant autour de 5600€. C’est important à signaler car nous n’avions pas vu un niveau comme celui-ci depuis déjà quelques années et c’est un très bon indicateur » précise Yvon Laboisse.
Des acquisitions hors berceau à la hausse
Côté acheteurs, ils étaient effectivement au rendez-vous, si bien que les 90 boîtiers mis à disposition pour la vente aux enchères n’ont pas suffit à répondre à la demande. Au total, ce sont près de 71% des veaux présentés qui ont trouvé preneurs avec une enchère dépassant toute les espérances. En effet, c’est un veau présenté par la Gaec Micaud, à Ygrande qui a atteint le record. Une acquisition du groupement d’éleveurs des Amognes, installé sur la commune de Saint-Jean-aux-Amognes, dans la Nièvre. Cyril Collin, directeur d’Alsoni précisant que « nous avons constaté beaucoup d’acquisitions hors berceau de la race charolaise, avec des veaux qui partent notamment dans le Finistère, l’Yonne. Nous remarquons aussi des acheteurs à la recherche d’une génétique à leur portée financière, plutôt située autour de 3 000€ issus des élevages de l’Allier en particulier ».
Le reproducteur, clef de voûte de l’élevage
Des animaux dont la qualité génétique s’améliore d’une édition à l’autre et dont les critères évoluent en fonction de la demande des éleveurs : « Le choix d’un bon reproducteur, c’est la clef de voûte du troupeau. C’est un investissement parfois coûteux mais qui peut être très rentable à plus ou moins court terme pour un élevage » ajoute Yvon Laboisse.
Sébastien Joly
Plus d’infos : alsoni.fr
COMMISSION DE SÉLECTION
La vente aux enchères se prépare plusieurs mois en amont suite à une inscription et une sélection en ferme.
Rencontres avec ses membres passionnés par l’élevage charolais.
Anthony Lemasson : « Je suis éleveur, associé sur l’exploitation SCEA Bonnichon & Lemasson, située à Saint-Jeanvrin, une commune du Cher. Nous élevons 130 mères de race charolaise, inscrites HBC en plein air, basé sur la production et la valorisation de l’herbe, sans culture. Nos animaux restent moins d’une quinzaine de jours en bâtiment, le temps des vêlages. Il y a un an et demi, je participais à la sélection des bovins pour le Salon de l’Agriculture. Une expérience qui m’a plu et que j’ai souhaité poursuivre plus précisément sur les veaux. En concertation avec le président de la commission Evénement et le directeur d’Alsoni, j’ai intégré la commission de sélection pour cette vente comme membre de l’Ajec. Lors de cette tournée, nous avons examiné 120 veaux et nous en avons retenu 63. Seulement 55 ont finalement participé à la vente. Pour ma part, j’accorde de l’importance tout particulièrement à l’équilibre des standards de la race, à la fois en matière de viande et de squelette. Nous essayons, ensemble, de mettre en avant des animaux irréprochables dans les aplombs, avec une harmonie générale ».
Anne-Françoise Nicolas : « Le processus commence d’abord par l’inscription des veaux par les éleveurs eux-mêmes. Ils doivent respecter les index et ne doivent pas présenter de tares génétiques. La filiation père et mère va également de soit. Les veaux ne doivent pas être issus de césariennes et sains quant à l’ataxie. Après vérification de tous ces critères, la commission peut ensuit se déplacer sur place à la rencontre de l’éleveur et examiner les veaux. Cette tournée qui dure cinq jours est intense ! Près de 3500 km parcourus à travers dix départements. Dans chaque ferme nous regardons attentivement les critères essentiels de la race et nous débattons avec mes collègues pour prendre une décision en fin de journée pour décider si les veaux pourront participer à la vente ».
Michel Boileau : « Les critères sont depuis déjà quelques années les mêmes. A savoir les qualités de la race et les aptitudes fonctionnelles. Nous sommes intransigeants quant aux défauts d’aplombs et nous regardons de très près les défauts de tête ainsi que les qualités de la mère. Nous nous devons de proposer un large panel de veaux aux acheteurs dont les recherches peuvent varier tant au niveau du squelette que des muscles. Il ne faut pas oublier non plus que la race charolaise est avant toute chose une race à viande et que la finalité c’est l’abattoir ».
Jacques Nore : « Une tournée de cinq jours où nous avons rencontré 67 élevages. Les veaux, comme chaque année, répondent aux demandes des acheteurs. La preuve en est par le bon niveau des ventes lors de cette édition! Sans doute que le moral des éleveurs est meilleur aussi avec un stock de fourrages qui évitera la pénurie des années précédentes. En ce qui me concerne, je remarque que les critères évoluent depuis quelques années. Les recherches des éleveurs se dirigent plutôt désormais vers des animaux aux morphologies musculaires supérieures. Une situation qui n’est pas étonnante avec un retour vers les fondamentaux de la race charolaise, ne l’oublions pas ! ».