Priorité au revenu des éleveurs et au renouvellement des générations
La nouvelle équipe dirigeante de la Fédération nationale des producteurs de lait entend se battre pour améliorer le revenu et les conditions de travail des éleveurs, seuls moyens d’installer des jeunes et de relancer la production.
La nouvelle équipe dirigeante de la Fédération nationale des producteurs de lait entend se battre pour améliorer le revenu et les conditions de travail des éleveurs, seuls moyens d’installer des jeunes et de relancer la production.
« Notre priorité sera d’assurer le revenu des éleveurs et le renouvellement des générations en production laitière », a déclaré Yohann Barbe, le nouveau président de la Fédération nationale des producteurs de lait. « Nous voulons vivre de notre métier, non pas avec un revenu équivalent au Smic, mais notre objectif est d’aller vers le salaire médian des Français » (ndlr : de l’ordre de 2 000 euros/mois). « Seul à même d’encourager l’installation et de pérenniser la production », précise Marie-Andrée Luherne, la nouvelle vice-présidente en charge de la place des femmes en élevage. Mais ce n’est pas par le prix minimum annoncé par Emmanuel Macron, « un retour en arrière », que le nouveau président entend dégager un revenu décent pour les éleveurs. Cette conquête de valeur, les producteurs de lait comptent aller la chercher dans la filière, en connaissant le mix produit des entreprises, par la valorisation de l’origine, ou le retour à une meilleure conjoncture dans les circuits bio…
De nouveaux indicateurs
Pour y parvenir Stéphane Joandel, le nouveau secrétaire général compte actionner plusieurs leviers. D’abord une application stricte de la loi Egalim qui prévoit la sanctuarisation de la matière première agricole dans les négociations entre transformateurs et distributeurs ainsi que la mise en place d’indicateurs « connus et reconnus ». « Le premier à établir porte sur la valorisation de la poudre de lait », estime Yohann Barbe. Le président a annoncé qu’il allait très rapidement saisir l’interprofession laitière et les autres familles professionnelles de la filière (coopération et privé) en ce sens. « Si nous n’avons pas de réponses claires, ni de calendriers précis, nous n’hésiterons pas à alerter l’Institut de l’élevage pour le créer, ou nous en utiliserons d’autres », a-t-il menacé. L’autre indicateur que la FNPL souhaite introduire dans les négociations commerciales vise l’export qui contribue fortement à la valorisation du lait en France, « quatre litres sur dix produits en France étant exportés », selon Ludovic Blin, premier vice-président. Il s’agirait d’un indice sur les produits de grande consommation exportés, pour « éviter de s’aligner sur le prix allemand », les caractéristiques de la production française étant bien supérieures au standard d’Outre-Rhin.
Installation et transmission
Pour la FNPL, la compétitivité des éleveurs et de la filière passe également par l’amélioration de la fiscalité agricole. Ainsi, elle souhaite étendre au stock de fourrage la mesure fiscale sur l’amélioration de la valeur d’inventaire des animaux, adoptée dans le cadre de la loi de Finances 2024. Et ces gains de compétitivité que les éleveurs pourraient retrouver, ils ne doivent pas être dégradés par de nouvelles contraintes pesant sur le bien-être animal, par exemple le relèvement de l’âge de transport des veaux de 14 jours à cinq semaines que la Commission européenne souhaite imposer, ou la non-reconnaissance des efforts réalisés en matière de réduction des émissions de méthane dans les instances européennes.
Ce n’est que dans la mesure où les éleveurs auront retrouvé des marges de manœuvre que des jeunes retrouveront l’envie de s’installer, y compris des jeunes femmes, très présentes dans les établissements agricoles. Alors qu’elles sont moins nombreuses à s’installer en élevage. Marie-Andrée Luherne estime qu’elles doivent retrouver toute la place qu’elles avaient dans les Gaec entre époux lors de la génération précédente et qu’il est impératif de favoriser leur insertion. Mais si les jeunes doivent être encouragés, par des dispositifs plus ou moins prévus dans loi d’orientation agricole, les cédants doivent être aussi accompagnés pour favoriser la transmission, estime la FNPL. Qu’il s’agisse de l’atténuation de la charge de travail ou de la poursuite des investissements en fin de carrière.