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Portrait
Ô pot'ager de Sophie : racines retrouvées, légumes cultivés

Elle a laissé derrière elle la jardinerie et la région parisienne pour cultiver des légumes bio à Vaurs  de Labesserette. Ô pot’ager de Sophie est le symbole de son retour aux sources.

Maraichère, accroupie devant des plants de salade
Sophie Santos Moro cultive ses légumes bio en jardins pleine terre et sous trois tunnels, ingénieusement ventilés
© Renaud Saint-André

À Vaurs, sur la commune de Labesserette, Sophie Santos Moro a changé de vie pour revenir à l’essentiel : la terre, le maraîchage et l’envie de nourrir les autres. Installée depuis novembre 2022 sur un hectare loué à son frère agriculteur, elle cultive aujourd’hui une surface de 4000m², dont 1200m² sous tunnels. 

Son système d’irrigation repose sur une ancienne retenue collinaire, autrefois utilisée pour le maïs, qu’elle a adaptée à ses besoins avec un bassin et une petite pompe. Une reconversion mûrement réfléchie après 15 ans en jardinerie et un parcours qui l’a menée d’Irlande en Nouvelle-Calédonie, avant de ressentir, comme elle le dit, “un besoin viscéral de revenir au pays”: Bienvenue “Ô pot’ager de Sophie”  

Le bio s’est imposé 

Pourtant, pendant ses études d’horticulture, Sophie voyait le maraîchage comme un secteur un peu dépassé, un peu “vieillot”. Mais elle a pris le temps de la réflexion. “Les fleurs, les pétunias, c’est très bien, mais le maraîchage, c’est nourrir”, explique-t-elle. “Et puis, l’élevage bovin, ce n’est pas trop mon truc”, sourit-elle. 

En 2020, elle prend un virage décisif : après s’être documentée, avoir beaucoup lu sur la permaculture, elle produira des légumes, dans le Cantal qui l’a vu naître. Elle se tourne vers l’agriculture biologique, un choix qui s’impose à elle, dès le départ. 

Son installation représente un investissement conséquent de  90 000 € : les tunnels (30 000 €), l’irrigation (20 000 €) et tout le matériel nécessaire, des caisses de transport au véhicule utilitaire en passant par les bâches et le motoculteur. Heureusement, elle bénéficie de plusieurs aides : la Région a financé 60% de son système d’irrigation et 50% d’une partie de son matériel. Elle a également obtenu un prêt d’honneur de 25000€ à taux zéro auprès d’Initiative Cantal, un soutien apprécié pour démarrer. 

Trouver des débouchés

Restaient à trouver des débouchés. Sophie fait le choix de la vente directe, refusant de se tourner vers le gros ou le demi-gros.  “Ce n’est pas évident de se faire une place”, reconnaît-elle. Dès la première saison, elle s’installe sur le marché de Lafeuillade tous les dimanches matin et ouvre sa ferme aux clients le mercredi après-midi (voir ci-dessous). 

Peu à peu, son réseau se développe : elle vend désormais sur le marché d’Entraygues (Aveyron), fournit le magasin de producteurs “La Ferme de chez Nous” à Aurillac, ainsi que les cantines scolaires du collège de Montsalvy, de l’école de Labesserette, tandis que l’Adapei s’approvisionne également régulièrement chez elle.   

Pour se démarquer et pérenniser son activité, Sophie veut allonger les ailes de saison et proposer des légumes primeurs dès le début du printemps. 

Dès le début du printemps, arrive tout ce qui est en bottes : carottes, navets, radis, betteraves, oignons grelots… Mais aussi des petits pois, des salades, des épinards et les premières pommes de terre pour un étal très coloré”, détaille Sophie Santos Moro, maraîchère.  

Saisons et savoir-faire 

À la fin du printemps, ce sont les courgettes, haricots et fraises qui prennent le relais. Puis viennent les légumes d’été : tomates, aubergines, concombres, poivrons et autres piments. À l’automne, elle mise sur les carottes, poireaux, navets et pommes de terre, et en hiver, sur les choux, les salades et les blettes “que l’on trouve toute l’année”, précise-t-elle.   

Seule sur l’exploitation, elle doit optimiser son temps de travail. Produire ses propres plants s’avèrerait trop chronophage, alors elle s’approvisionne auprès d’un producteur bio français. Chaque mois, de janvier à août, elle reçoit ses plants selon une commande planifiée dès octobre. 

“Le 31 janvier, toute l’année est calée !”, s’enthousiasme-t-elle.   Toujours en quête de progrès, elle cherche à améliorer ses pratiques. Le désherbage à la main ou à la binette étant trop long, elle teste désormais des rouleaux d’agro-sol. “Même sous tunnel, le sol continue de travailler”, glisse-t-elle. Et pour éviter de l’appauvrir, elle applique une rotation des cultures et utilise uniquement des amendements biologiques d’origine organique, dont du fumier. 

Bienvenue à la ferme... bio

Elle n’ignore pas que, en bio, le moindre problème sanitaire peut devenir un casse-tête : “Si une culture est attaquée et qu’aucune solution biologique n’existe, on peut tout perdre.” Pour limiter les risques, elle travaille avec Biobest, qui fournit des auxiliaires naturels : des insectes prédateurs qui aident à lutter contre les pucerons et autres nuisibles. “On a peut-être de plus petites salades, mais sans chimie”, clame la maraîchère de Labesserette.   

Pour Sophie Santos-Moro, ce retour aux sources est bien plus qu’un projet professionnel : c’est un engagement quotidien en faveur d’une agriculture durable et locale. Avec sa détermination et son envie d’apprendre, elle fait désormais partie de ces nouveaux agriculteurs qui réinventent le maraîchage en phase avec les attentes des consommateurs locavores. 

Adhérente depuis seulement quelques jours au réseau Bienvenue à la Ferme, Sophie espère attirer davantage de clients à la ferme : “Ce sera l’objectif de 2025 !”  

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