« Nous sommes la seule profession où l’on fixe le prix pour nous, les vendeurs ! »
Julien Raveyre responsable section bovine Haute Loire et vice-président JA AURA, fait le point sur l’évolution des prix en filière bovine.
Les cours des broutards dévissent en terme de prix alors que les indicateurs de marchés transalpins sont au vert. Quelle est votre analyse et votre sentiment sur cette situation ?
Julien Raveyre : Aujourd’hui les agriculteurs subissent à nouveau des baisses sur le prix du maigre.
Pourtant le marché Italien est porteur et les unités d’engraissement fonctionnent à plein, pour preuve, on note une progression de +1.1 % de vente sur le mois d’août. Seulement ce sont les acheteurs Italiens qui dictent les prix face aux opérateurs français. C’est terrible ! Nous sommes la seule profession où l’on fixe le prix pour nous, les vendeurs !
C’est comme si dans un restaurant, c’était au client qui vient manger, de fixer le prix du repas, toujours à la baisse bien entendu... C’est un gros dysfonctionnement de notre filière qui pose problème.
Qu’envisage la profession agricole face à ce constat ?
Julien Raveyre : Nous allons rencontrer prochainement les 4 plus gros opérateurs du secteur pour revoir ce rapport de force et adapter le prix en fonction des indicateurs de marché.
Les éleveurs s’agacent de cette situation malgré la loi EGAlim et les incantations en faveur de notre agriculture nées du confinement. Quel est votre ressenti ?
Julien Raveyre : La viande française a repris ses lettres de noblesses et de grandes enseignes en RHD mettent en avant un taux de 100 % de viande française. Il faut le dire, nous n’avons pas de baisse de consommation sur la viande française au contraire !
Le consommateur mange sûrement moins de viande mais il veut manger de la viande française.
Nous devons garder espoir et continuer à promouvoir la qualité de l’élevage français.
Depuis sa mise en place, nous faisons paraître dans la Haute Loire Paysanne, le tableau de bord fourni par la FNB ; il permet aux éleveurs d’avoir une lecture fiable et objective des marchés de la viande. Pensez-vous que cela peut servir aux éleveurs dans le rapport de force avec les négociants ?
Julien Raveyre : Je suis à 100 % d’accord, il est indispensable que les éleveurs dans leur exploitation aient des indicateurs de marchés. Ce sont des données fiables et réelles fournies par la DGAL (Direction Général de l’Alimentation) sur lesquelles chacun peut s’appuyer pour négocier. Ces données sont indispensables dans le rapport de force avec le négociant.