Non au Mercosur : des feux de colère dans tout le Massif-central
À la suite de l'appel à mobilisation lancé au niveau national par la FNSEA et les JA, des banderoles, "feux de la colère" et actions diverses ont été menées dans tous les départements du Massif central pour dénoncer l'accord UE-Mercosur. Zoom sur les manifestations menées par les agriculteurs du Massif central et d'Auvergne-Rhône-Alpes.
À la suite de l'appel à mobilisation lancé au niveau national par la FNSEA et les JA, des banderoles, "feux de la colère" et actions diverses ont été menées dans tous les départements du Massif central pour dénoncer l'accord UE-Mercosur. Zoom sur les manifestations menées par les agriculteurs du Massif central et d'Auvergne-Rhône-Alpes.
Neuf mois après les mobilisations massives d'agriculteurs à travers tout le pays, de nombreuses revendications restent sans réponses, et les agriculteurs FNSEA-JA sont de nouveau sur les routes… L'étincelle qui a mis le feu à la colère agricole n'est autre que la possible signature de l'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et les pays du Mercosur, attendue lors du G20 qui se tenait à Rio de Janeiro en début de semaine. Retour sur les mobilisations. (À l'heure où ces lignes sont écrites, l'accord du Mercosur n'a pas encore été signé.)
85 points de manifestation contre le Mercosur
Les actions pourraient se prolonger « jusqu'à la mi-décembre »
Cela faisait des semaines que les syndicats agricoles alertaient le gouvernement français et la Commission européenne quant aux impacts qu'aurait un tel accord sur l'agriculture européenne. Pour faire entendre leur voix, les agriculteurs se sont de nouveau mobilisés partout en France à la suite de l'appel à mobilisation générale lancé par les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs. Les actions pourraient se prolonger « jusqu'à la mi-décembre » et peut-être même au-delà, déclarait le mercredi 13 novembre Arnaud Rousseau, président de le FNSEA.
Au micro de RMC, le président de JA Pierrick Horel recensait « 85 points de manifestation » dans l’Hexagone ce lundi 18 novembre. Barrages filtrants, "feux de la colère", manifestations devant les préfectures, dépôts de panneaux de signalisation : la mobilisation est multiforme.
Au-delà de l'opposition à l'accord UE-Mercosur, ces manifestations sont l'occasion pour les agriculteurs d'exprimer de nouveau leur ras-le-bol concernant le manque de mesures prises par l'État pour leur permettre d'avoir des revenus suffisants, compenser les mauvaises récoltes liées aux aléas climatiques ainsi que les pertes directes et indirectes subies dans les élevages en lien avec la crise sanitaire, et bien d'autres sujets encore. Des actions ont été menées dans tous les départements du Massif central et d'Auvergne Rhône-Alpes.
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Allier
Dans l'Allier, des feux de colère ont été allumés et des banderoles déployées lundi soir sur cinq ronds-points stratégiques du département : à Saint-Victor, sortie de l’autoroute A714 ; à Montmarault, sortie de l’A71 ; au niveau du pont Régemortes, à l'entrée de Moulins ; sur l'aire des Vérités à Lapalisse ; et à Bellerive-sur-Allier, sortie de l’A719. Les jours précédents, de nombreux panneaux de communes avaient été recouverts de bâches taguées avec les noms de villes sud-américaines (Rio, Lima, Bogota…). « C’est un premier avertissement ce soir » a déclaré Christophe Jardoux, président de la FNSEA 03.
On va observer ce qui se passe à Rio. Et on verra ensuite… » - Christophe Jardoux, président de la FNSEA 03
Cantal
Dans le Cantal, 400 agriculteurs se sont mobilisés dimanche pour rebaptiser les panneaux de communes et 200 manifestants se sont retrouvés le lendemain soir autour de feux allumés au niveau du bien nommé "rond-point de l'Europe" à Aurillac, ainsi qu'au rond-point de Monsieur Bricolage à Saint-Flour, d'après les chiffres de la FDSEA 15. « On a la chance de connaître une amélioration sur nos exploitations aussi bien en lait qu'en viande, ça nous embêterait beaucoup que cet espoir qui renaît sur nos exploitations soit anéanti par cet accord » déclarait Joël Piganiol, président de la fédération départementale, devant les caméras de l'Union du Cantal.
Corrèze
Après s'être mobilisés le vendredi 8 novembre contre la loi de compensation agricole, la FDSEA et les JA de Corrèze ont attaqué quatre jours plus tard une campagne d'affichage dans plusieurs villes pour dire "Non au Mercosur". Ce message, inscrit en toutes lettres sur des bâches tendues à l'aide de balles de paille, était affiché dans plusieurs carrefours giratoires importants, devant la mairie de Malemort ou encore devant l'ancien centre commercial Hyper 19 à côté de Brive.
On a vraiment envie d’avoir le soutien des Français » - Emmanuel Lissajoux, président de la FDSEA 19
Lundi 18 novembre, des dizaines d'agriculteurs se sont retrouvés à Ussac, Égletons et Ussel, pour allumer des " feux de la colère ". Les panneaux des communes corréziennes pourraient eux aussi être rebaptisés ces jours-ci.
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Creuse
Dans la nuit de dimanche à lundi, 300 agriculteurs creusois se sont retrouvés dans leurs cantons pour bâcher des panneaux d'entrée et sortie de communes, affublées de noms de villes sud-américaines. Au même moment, ils étaient plusieurs dizaines, notamment sur la nationale 145, à la sortie de La Souterraine, à bâcher les panneaux de signalisation pour afficher leurs slogans : "Mercosur = mort de l’agriculture", et des banderoles ont été installées sur plusieurs ronds-points. Le lendemain soir, près de 150 manifestants FDSEA et JA se sont retrouvés devant la Préfecture de la Creuse, à Guéret, pour allumer quatre braseros. « Notre fin sera votre faim » pouvait-on lire en lettres rouges sur une bâche accrochée aux grilles du bâtiment.
Haute-Loire
En octobre, la FDSEA et JA 43 manifestaient déjà devant la préfecture du Puy-en-Velay pour dénoncer des mesures insuffisantes face à l'ampleur de la crise sanitaire subie dans les élevages de ruminants. Les syndicats ont naturellement répondu présents à l'appel national : donnant rendez-vous aux agriculteurs altiligériens en fin de matinée devant les locaux de la DDT et le centre des finances publiques. Un mélange de papiers et de paille a été aspergé sur les parvis des deux bâtiments, en référence aux problèmes de la suradministration dans les fermes. Des panneaux de ville d'Amérique du Sud ont également été placardés sur les devantures des bâtiments pour protester contre l'accord. En début d'après-midi, une délégation a été reçue par le préfet du département. Une opération de bâchage de panneaux de communes a été menée dans la nuit de lundi à mardi.
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Lozère
La FDSEA et les JA 48 avaient eux aussi repris les mobilisations fin octobre pour exprimer leur mécontentement face aux décisions prises par l'État concernant la crise sanitaire et le Mercosur. Entre le vendredi 15 et lundi 18 novembre, des noms de villes brésiliennes et argentines ont fleuri un peu partout dans le département. Le lundi soir, les actions se sont poursuivies.
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Puy-de-Dôme
Dans le Puy-de-Dôme, des "feux de la colère" ont été allumés sur les ronds-points et/ou devant les sous-préfectures d'Issoire, de Riom, d'Ambert et de Thiers, lundi dernier aux alentours de 20 heures. Des groupes d'agriculteurs ont pu échanger avec des délégués préfectoraux plus tard dans la soirée. Comme dans les départements voisins, en amont, des panneaux des communes ont été recouverts par des noms de villes sud-américaines, des banderoles ont été déployées et des tracts distribués pour sensibiliser sur les revendications des agriculteurs.
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Loire
Dans la Loire, les adhérents de la FDSEA et de JA Loire se sont mobilisés dès dimanche soir en bâchant les panneaux d’entrée d’agglomération et en y inscrivant des noms de villes d’Amérique du Sud et des slogans relatifs aux revendications portées par le syndicalisme majoritaire. Les soirs des jours suivants, des convois de tracteurs, tous feux allumés pour faire écho aux « feux de la colère » allumés un peu partout en France, ont pris la route des sous-préfectures et de la préfecture : lundi à Roanne, mardi à Montbrison et mercredi à Saint-Étienne.
Rhône
Le lundi 18 novembre, la FDSEA et Jeunes agriculteurs du Rhône se sont mobilisés à Lyon, près du musée des Confluences, pour rappeler les revendications soulevées en début d'année. Plusieurs panneaux de communes rhodaniennes ont été décrochés les 16 et 17 novembre et posés sur le parvis du musée pour faire passer un message : « on ne sait plus où on va ».
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