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Malgré la réforme annoncée, le niveau BEP est maintenu

Il faudrait désormais trois ans pour décrocher un bac pro, comme pour la filière générale. Les enseignants sont convaincus que c’est la fin du niveau BEP.

La semaine dernière, des enseignants étaient en grève et des premières manifestations avaient lieu, qui en appelaient d'autres.
La semaine dernière, des enseignants étaient en grève et des premières manifestations avaient lieu, qui en appelaient d'autres.
© R. S.-A.
Mardi 11 décembre, plusieurs enseignants de lycées professionnels et certains de leurs élèves   étaient dans la rue. Vendredi, ce devait être au tour des lycées agricoles de se mobiliser. Le motif du mécontentement : “Le ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos, a décidé une refonte profonde de l’enseignement professionnel, en transformant les filières BEP (deux ans) et bac pro (deux ans), ne laissant aux élèves que la possibilité d’un bac pro en trois ans”. Ce n’est pas tout à fait le cas, le niveau BEP en deux ans étant maintenu. Néanmoins, le sujet relance une question qui fait en réalité débat depuis longtemps.

La valeur du BEP ?

Faut-il conserver un niveau BEP finalement assez peu qualifiant, ou arriver plus vite au bac professionnel qui permet de façon bien plus sûre de décrocher un emploi ? Mais dans ce cas, est-il judicieux de concentrer en trois ans un programme qui prenait jusqu’alors quatre années ? L’avis des élèves est partagé. Celui des chefs d’établissements aussi. En revanche, du côté des enseignants, on est quasiment unanime : “Non, il ne faut pas toucher au système actuel”. La réforme annoncée pourrait pourtant se mettre en place dès la rentrée de septembre, dans certaines filières. Partout où elle sera appliquée, cette réforme diminuera forcément le nombre d’enseignants. C’est l’équivalent d’une fermeture de classe sur quatre. “Pas de perte sèche de postes, mais sans doute des départs en retraite qui ne seront pas compensés”, affirme Laurent Bouillin, proviseur-adjoint du lycée Mermoz d’Aurillac. À moins que les effectifs ne soient revus à la hausse, grâce à une attractivité accrue de ces filières qui, jusqu’à présent, nécessitaient un an de plus que l’enseignement général. D’ailleurs, on peut supposer que si moins d’un élève sur deux en niveau 5 (CAP et BEP) poursuit en bac pro, c’est précisément parce qu’il compte s’insérer le plus rapidement possible dans le monde du travail. Par exemple, au lycée Raymond-Cortat d’Aurillac, on compte une centaine d’élèves en BEP pour... 39 inscrits dans le cursus bac pro. Un constat que l’on retrouve trop souvent, au grand dam des professionnels qui cherchent de la main-d’oeuvre qualifiée. Louis-Bernard Puech, restaurateur à Calvinet confirme : “Aujourd’hui, le bac pro, c’est un minimum”. Preuve que le contexte a effectivement changé depuis 1985, année de création du bac professionnel. Les niveaux de qualification requis par le marché du travail sont désormais bien supérieurs. Dans un courrier adressé aux parents d’élèves du lycée Mermoz, Christiane Missègue, proviseure, souligne que “le BEP n’est plus un diplôme suffisant pour entrer sur le marché de l’emploi, compte tenu des évolutions techniques de l’entreprise”. 

Les conséquences

Ce chef d’établissement précise en outre que, si à terme, seuls seront reconnus le bac pro et le CAP (pour ceux qui ne souhaitent pas poursuivre des études longues ou qui ne possèdent pas les compétences pour réussir), le BEP n’est pas supprimé pour autant. Dans un communiqué, le ministère de l’Éducation nationale précise en effet et sans ambiguïté que “le BEP continuera d’être délivré aux lycéens titulaires de deux années de formation”. De quoi démentir les propos tenus par le syndicat Force ouvrière du Cantal qui dans un tract largement distribué, entendait bien s’opposer à “la suppression du BEP”... Il n’en demeure pas moins que cette réforme n’est pas sans conséquence dans le Cantal. Par la diminution probable du nombre de classes, elle fragilise les établissements de Saint-Flour et Mauriac. Des filières pourraient purement et simplement disparaître. C’est le cas de la formation “mode et industries connexes”, jusqu’alors dispensée au lycée Raymond-Cortat d’Aurillac. Gérard Gorce, proviseur de cet établissement, se dit décidé à se battre pour la conserver. “Pas de changement au lycée professionnel agricole d’Aurillac pour la prochaine rentrée”, promet Jean-Pierre Brunhes ; le proviseur reste plus prudent en évoquant la rentrée 2009-2010, sans montrer pour autant beaucoup d’inquiétudes... Du côté de l’IFPP, Jacques Rousset, directeur, avoue manquer d’information pour ses filières BEP vente spécialisée ou son bac pro commerce... Autant dire que de nombreuses questions restent en suspens, ici ou là. Et c’est d’ailleurs en ce sens que la réforme est mal acceptée. Il lui est reprochée d’être mal expliquée, de se faire trop rapidement et surtout sans concertation préalable. “Des formations en moins, des classes en moins, ce sont des familles qui quittent le département, alors que le Cantal perd déjà chaque année des habitants”, résument les enseignants des lycées professionnels cantaliens. Ils ne décolèrent pas. À l’appel de leurs syndicats, ils invitent à une manifestation d’envergure régionale, le 18 décembre à Clermont-Ferrand. Des cars seront organisés. 

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