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Les syndicats appellent à "une vigilance sur les GMS"

C'est une erreur d'étiquetage qui est à l'origine du déplacement d'une quarantaine de membres des syndicats FNSEA03 et JA03 dans deux grandes surfaces de l'agglomération vichyssoise.

Jeudi 3 février, les syndicats FNSEA03 et JA03 étaient mobilisés devant l'hypermarché Carrefour, de Cusset. Une manifestation qui faisait suite à des photographies prises quelques jours auparavant montrant que de la viande étrangère était étiquetée française.
Colère des éleveurs qui ont donc décidé de se mobiliser pour faire part de leur mécontentement. Les membres des deux syndicats majoritaires ont alors décidé de faire le tour des rayonnages et contrôler l'ensemble des étiquetages des viandes vendues. Un mouvement qui a provoqué une rencontre avec le directeur de l'établissement et du chef boucher qui se sont justifiés en indiquant « une erreur faite par un de leurs salariés lors de la mise en place des étiquettes ».  Les éleveurs présents ont alors indiqué qu'ils « n'avaient pas le droit, eux, au moindre faux pas sous peine de répercussion financière sur leurs exploitations ».
Le directeur du magasin qui s'est alors engagé personnellement « à apporter des réponses sur les traçabilités floues de certaines viandes » et « d'acheter uniquement de la viande française » tout en indiquant, « qu'en cas d'obligation d'achat de viande étrangère, je serai particulièrement vigilant sur la traçabilité indiquée ».  
Le cortège de manifestants s'est ensuite dirigé vers l'hypermarché Cora, à Vichy où ils ont également fait le même constat que dans le précédent magasin quant à la traçabilité des produits vendus.

Rencontre avec Philippe Bessenay, président section porcine de la FNSEA de l'Allier

Qu'est-ce qui a véritablement déclenché ce vent de colère dans les rangs des éleveurs ?
Philippe Bessenay : En fait, tout est parti de photos prises dans les rayons du magasin Carrefour de Cusset le samedi précédent. Sur celles-ci apparaîssaient clairement des origines françaises sur des viandes étrangères. Ces photos ont été largement partagées sur les réseaux sociaux et le magasin a de suite réagi en retirant l'ensemble des produits mal étiquetés.

Êtes-vous satisfait des réponses apportées par le directeur et le chef boucher ?
P. B : Alors, officiellement, il s'agissait d'une mauvaise interprétation des étiquettes par l'un de leurs salariés pour des viandes en provenance d'Espagne. Nous pouvons effectivement croire à l'erreur humaine mais il faut rester vigilants. Ils se sont engagés à nous montrer les papiers réglementaires des viandes qu'ils possèdent.

Vous vous êtes rendus par la suite au sein de l'hypermarché Cora, situé à quelques kilomètres, sur la commune de Cusset ?
P. B : Oui, et nous avons bien fait ! Le constat a été sans appel. Là aussi, l'information sur la provenance des viandes vendues est flouée. La viande de cochon d'origine française doit être estampillée du logo VPF  (Viande de Porc Française). Plusieurs produits proposés à la vente dans ce magasin n'en avaient pas. La responsable du rayon nous a pourtant certifié qu'il s'agissait bien de viande française. Du coup, le doute s'installe, vous comprenez.

À quoi a servi cette mobilisation ?
P.B : À alerter les responsables de ces hypermarchés quant à l'étiquetage bien sûr mais aussi à leur faire part de nos difficultés et des obligations imposées à notre profession. C'était aussi l'occasion d'évoquer le peu de marge que nous dégagions de nos élevages et qu'aujourd'hui nous ne pouvons faire face aux viandes produites à bas coût par d'autres pays, certains européens, où la farine animale est autorisée.

Malgré ces erreurs d'étiquetage, est-ce que la situation s'améliore ces dernières années ?
P. B : Oui, heureusement. Nos actions ont payé. Il faut reconnaître que Carrefour joue le jeu avec les éleveurs mais il faut rester vigilant. Là où ça ne va pas, c'est au niveau des rémunérations. À titre d'exemple, les éleveurs de porc devraient pouvoir être assurés d'un prix de 1,80EUR /kg pour pouvoir en extraire un revenu décent, investir et, plus largement, maintenir la production française à flot.

L'action des pouvoirs publics va-t-elle dans le bon sens selon vous ?
P. B : Je ne sais pas si tout va dans le bon sens. Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture, a mis en place un dispositif d'urgence de soutien aux élevages porcins afin d'aider les producteurs face aux pertes engendrées par la crise Covid et l'augmentation des charges. Nous devons rencontrer prochainement les responsables de la DDT de l'Allier pour avoir des explications sur les critères d'attributions qui nous semblent bien nombreux.

Rencontre avec Ludovic Cornil, secrétaire départemental des Jeunes Agriculteurs de l'Allier

Vous avez participé à l'opération de contrôle des étiquettes des viandes au sein des hypermarchés de l'agglomération vichyssoise jeudi dernier. L'erreur humaine a été mise en avant. Crédible ?
Ludovic Cornil : très souvent, lors de ce type d'intervention, on nous met en avant cette erreur d'étiquetage involontaire. Nous ne sommes pas dupes ! Il faut savoir que si nous, nous nous trompons dans nos déclarations, en tant qu'éleveurs, nous sommes sommes directement pénalisés à travers un pourcentage déterminant les aides de la PAC qui nous sont attribuées. La règle doit être la même pour tout le monde il me semble.

Comment ont réagi les clients lorsque vous êtes arrivés dans les rayons des magasins ?
L. C : Ils ont été très compréhensifs et comprenaient notre démarche. Nous avons échangé avec certains d'entre eux pour leur expliquer ce que nous dénoncions et qu'eux aussi étaient trompés.

Finalement, avez-vous convaincu les dirigeants par vos arguments ?
L. C : On l'espère ! En tout cas, le directeur de Carrefour Cusset a pris l'engagement de ne mettre en rayon que de la viande française. Si nous constatons dans les prochaines semaines ou les prochains mois de la viande d'origine étrangère, il en prendra toute la responsabilité nous a-t-il assuré.
Par rapport au magasin Cora, la situation est plus floue. Nous avons constaté la vente de gros lots de viande de porc sans traçabilité indiquée clairement. Pourtant, les responsables nous ont assuré qu'il s'agissait de viande française mais ils n'ont pas pu nous apporter la preuve. De plus, nous avons constaté des emballages très succincts alors que pour les éleveurs qui ont mis en place de la vente directe sur leurs exploitations, ils ont l'obligation de vendre des produits sous vide, bien hermétiques. Et enfin, le comble ; la vente de saucisse de canard en déstockage avec, écrit au stylo : « composition : viande de porc » !

D'autres actions sont-elles programmées ?
L. C : Pour le moment, pas précisément mais nous ne relâchons pas notre vigilance et, s'il le faut, oui, on le fera. Nous avons depuis été alertés par la présence de cuisses de poulet dans un magasin Leclerc de l'agglomération vichyssoise, originaires de Belgique.

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