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Les brigades du “manger français” font mouche à Aurillac

À l’appel de la FDSEA et des JA, une quarantaine d’éleveurs a investi les Cuisines centrales d’Aurillac qui approvisionnent les cantines scolaires de la ville.

Des rognons de bœuf importés d’Allemagne alors que les éleveurs français sont en crise : ça ne passe plus.
Des rognons de bœuf importés d’Allemagne alors que les éleveurs français sont en crise : ça ne passe plus.
© P.O

La transparence est la vertu de ceux qui n’ont rien à cacher. Vendredi après-midi, c’est une qualité qu’il a fallu provoquer du côté des Cuisines centrales dont la gestion a été déléguée par la Ville d’Aurillac à la société Sodexo. À l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, une quarantaine d’éleveurs sont venus vérifier sur le site aurillacois l’origine des viandes destinées aux 2 700 repas quotidiennement servis dans les cantines scolaires. Des éleveurs qui ont dû s’armer de patience pour se voir ouvrir les portes des frigos et chambres de congélation de l’établissement. “Le but est de voir d’où vient la viande, notre souci en tant qu’éleveur est que le prix de nos animaux dégringole depuis plusieurs mois et, parallèlement, de retrouver dans la restauration hors domicile du département, au cœur d’un des plus gros bassins d’élevage, de la viande issue d’autres pays européens, voire d’Amérique du sud. On ne l’accepte plus !”, a affiché Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA à Bernard Tible, premier adjoint au maire d’Aurillac venu à la rencontre des manifestants.



Surprise au rayon surgelé...


L’élu aurillacois s’est voulu rassurant, expliquant que si la collectivité ne peut exiger réglementairement une provenance  100 % locale  dans  le cadre de sa délégation de service public, “aujourd’hui la viande vient de chez M. Joffrois, tout ce qui est salaison de Cantal salaison,...”. Toute la viande ? Non, comme ont pu le constater les éleveurs dans les congélateurs où ils ont mis la main sur des abats de bœufs importés d’Allemagne et des steaks hachés étrangers composés à 30 % de soja réhydraté, “à coup sûr OGM” selon eux. De “l’égrainé” (viande hachée) dont Bernard Tible a tenu à relativiser la part dans les  menus  proposés (10 %), sans convaincre. “On sait que dans la restauration collective, tout ce qui est steak haché, lasagnes, etc., ça pèse beaucoup, et que sur les 300 000 tonnes de viande que représente en France ce marché  RHF, 75 % aujourd’hui sont des viandes étrangères”, a fait valoir Patrick Bénézit pour qui les colis étrangers découverts aux Cuisines centrales ne sont pas une surprise. “Les élus doivent se montrer patriotes, exiger des gens comme la Sodexo, qui sont des mastodontes à capitaux étrangers, de s’approvisionner en France.”



Revenus des éleveurs : le RSA en 2014


Un discours que partagent à 100 % Richard et Marion, à la tête d’un petit troupeau salers à Saint-Illide et qui manifestent pour la première fois depuis leur installation il y a 15 ans. “On est comme un oiseau sur la branche, avec les charges qui augmentent et ce qu’on vend qui diminue, à tout moment on peut tomber”, craint Richard, dont la compagne a dû partir travailler à mi-temps à l’ADMR pour faire vivre le foyer. “On ne demande même pas à tirer un revenu, juste à pouvoir payer nos frais. Mais on n’est pas sûrs d’y parvenir avec des broutards qui ont perdu 200 euros en quelques semaines. On est révolté mais prêt à se battre.” L’année 2014 s’annonce en effet catastrophique pour les revenus  des éleveurs qui pourraient tomber au niveau du RSA (509 euros /mois). De quoi justifier cet appel au patriotisme économique et alimentaire, en direction également des restaurateurs aurillacois qui s’approvisionnent chez le grossiste Promocash. Un magasin dont les éleveurs ont vidé le rayon boucherie rempli de pièces de bœuf importées des Pays-Bas, d’Autriche, d’Espagne, et de porc polonais. “Mal- heureusement, nos précédentes visites chez Promocash, filiale d’un grand groupe français (NDLR : Carrefour), n’ont pas servi de leçon alors qu’on est capable de fournir ces morceaux avec une qualité nettement supérieure”, a déploré Patrick Bénézit.


Sodexo se défend


Suite à la visite des agriculteurs dans la cuisine centrale d’Aurillac, Sodexo France réagit face à ce qu’elle dénonce comme une “diffusion de chiffres erronés quant à la provenance des produits servis dans ses restaurants en France”. Elle considère que les chiffres concernant la provenance des produits servis dans la restauration collective en France ne reflètent pas la réalité de l’entreprise Sodexo. Celle-ci affirme que “la moitié de la viande bovine achetée par Sodexo est d’origine France. L’autre moitié provenant principalement de l’Union européenne”. Et d’avancer que 85 % des achats de volaille faits par Sodexo sont d’origine France et 15 % proviennent de l’Union européenne. “Ces chiffres traduisent une réalité nationale, rendue possible par une démarche de contrôle strict et centralisé de la chaîne d'approvisionnement pour tous les produits servis par Sodexo”.


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