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Le 100 % viande française, ce n’est pas encore pour demain

La section bovine de la FDSEA et les JA ont mené conjointement, vendredi, une action auprès de Promocash et Krill afin de vérifier la provenance des viandes bovines vendues à leurs clients.

Fabrice Gros, directeur de Promocash à Aurillac, montre l’origine de la viande qu’il vend à Bruno Dufayet, président de la section bovine FDSEA, mais aussi de la FNB.
Fabrice Gros, directeur de Promocash à Aurillac, montre l’origine de la viande qu’il vend à Bruno Dufayet, président de la section bovine FDSEA, mais aussi de la FNB.
© J.-M. A

“N’importons pas l’alimentation dont nous ne voulons pas !” Derrière cette phrase, la volonté de la FDSEA et des JA du Cantal de vérifier par eux-mêmes l’origine des produits, la viande en l’occurrence. Vendredi, une trentaine d’entre eux s’est retrouvée, d’abord pour dresser un constat alarmant du secteur bovin, ensuite pour une sortie du côté de Promocash et Krill, deux fournisseurs de la restauration du bassin aurillacois.
L’action s’inscrivait dans un schéma national où “le monde agricole va exprimer un certain nombre de revendications liées à un contexte général compliqué, présentait Joël Piganiol, président de la FDSEA. Aucun secteur d’activité n’est aujourd’hui protégé et dans la perspective des accords bilatéraux, cela fait craindre le pire car on pourrait se trouver en concurrence et en présence de produits qui nous mettraient en grande difficulté”.

270 000 vaches allaitantes de moins en trois ans


Pour ce qui est du marché de la viande, les producteurs tirent la sonnette d’alarme depuis un moment et notamment depuis un contrôle sur l’origine des viandes, en 2016, qui avait fait du bruit avec une valse de provenances constatée localement. Trois ans plus tard, les choses ont-elles changé ? Les enseignes jouent-elles le jeu et surtout ne “se sont-elles pas mises hors la loi avec des viandes hors UE ?”, questionnait Bruno Dufayet, président de la section bovine de la FDSEA et de la FNB.
Une filière allaitante qui fait grise mine, c’est le moins que l’on puisse dire, tant l’incompréhension et la colère règnent face à “des cours du broutard  catastrophiques, encore orientés à la baisse cette semaine et annoncés à la baisse la semaine prochaine par des opérateurs qui nous expliquent qu’il n’y aurait plus de commerce qui se ferait”, pestait Bruno Dufayet à la sortie d’une réunion matinale de la section bovine. Et, à l’inverse “toutes les données, notamment sur le marché italien, marché moteur du broutard, sont ultra-favorables, avec des prix sortie de ferme à la hausse, tout comme la consommation”.
Une situation inexpliquable sur le marché renforcée par le fait que, “mécaniquement, alors que le prix payé au producteur est orienté à la baisse, il devrait être à la hausse. On a le sentiment qu’on use et abuse de la situation actuelle des éleveurs. Ce n’est plus supportable”. Raison pour laquelle lundi, à Mauriac, une rencontre a été provoquée avec les opérateurs exportateurs de maigres pour qu’ils s’expliquent.
Pour renforcer son propos, Bruno Dufayet rappelait qu’au sortir “des discours de Rungis, qui ont lancé les EGA (États généraux de l’alimentation), la viande bovine était à 3,65 euros le kilo, toutes catégories confondues. Cette semaine, sur la même cotation, on est à 3,57 €/kg. Parallèlement à cela, le prix payé consommateur a augmenté lui en moyenne de 10 centimes par kilo de viande. Là aussi, on a besoin de comprendre”.
Face au constat d’un “fossé qui ne cesse de se creuser”, qui n’est “plus supportable pour les agriculteurs”, le président de la FNB faisait valoir d’autres “chiffres catastrophiques” : baisse de 8 %, en trois ans, du cheptel allaitant français et 270 000 vaches qui ont disparu. “Les ovins ont connu la même chose fin des années 80 - début des années 90. Aujourd’hui, on ne produit plus que 40 % de la viande ovine que l’on consomme dans notre pays.” La souveraineté alimentaire prônée par Emmanuel Macron pour qu’un pays soit stable en prend un coup.

Krill en concurrence... avec les bouchers


Une fois ce contexte posé, la sortie en direction des fournisseurs de la restauration locale prenait du sens pour voir si le slogan “Manger français c’est parfait, manger Cantal c’est l’idéal” portait ses fruits ou pas(1). Les éleveurs ont été servis, mais pas comme ils le souhaitaient. Divisés en deux groupes, les uns filaient donc à Promocash, les autres chez Krill. “Ils nous ont annoncé entre 80 à 85 % de viande française. Ils doivent nous envoyer par mail leurs données. Le reste étant UE”, expliquait Mathieu Théron (JA).
Mieux, le fournisseur annonçait même que pour les collectivités, ce n’est “que de la française, voire du bio, et du local. Les restaurateurs demandent eux beaucoup de viande salers, à tel point que durant 15 jours en août, ils n’ont pu fournir”. Alimenté par Covial et Arcadie, le grossiste a aussi, selon les JA, avoué “être en concurrence, sur des morceaux genre entrecôte, avec des bouchers du bassin d’Aurillac. Quand eux étaient à 15 €, le boucher était entre 9 et 10 € sur de la salers”. Grand étonnement dans les rangs des éleveurs qui, du coup, iront demander quelques explications aux bouchers concernés.
Au final, Bruno Dufayet relevait lui “la différence de comportement” entre la volonté de l’un (Krill) de privilégier l’origine française, et de l’autre (Promocah), faire du chiffre.

(1) Le 2 novembre, les JA mèneront une opération auprès des consommateurs sur le marché d’Aurillac.

 

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