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À la Violette, on tourne aussi à l'huile... fermière

À Prunet (Cantal), Christophe Cantuel, éleveur salers, développe et diversifie son assolement notamment avec des oléagineuses - tournesol et colza - dont il extrait l'huile.

Christophe Cantuel (à droite) et Vincent Vigier devant une parcelle de tournesol.
Christophe Cantuel (à droite) et Vincent Vigier devant une parcelle de tournesol.
© PO

Christophe Cantuel le confirme : l'héliotropisme du tournesol n'est pas une légende, la face supérieure des feuilles des jeunes plants suit bien le soleil tout au long de la journée pour optimiser la photosynthèse. Autre confirmation : ces fleurs - qui n'en sont pas tout à fait(1) - sont très prisées des automobilistes et promeneurs dont certains confondent le bord du champ avec un fleuriste en libre service...  L'agriculteur de la Violette à Prunet, qui vient d'achever sa conversion en bio - cultive  2 hectares de cette oléagineuse au rendement en huile quelque peu capricieux(2) : "La première année, 2021, pluvieuse, les fleurs étaient magnifiques, il y avait beaucoup de graines mais au final peu d'huile ; en 2022, j'ai fait la même quantité d'huile avec peu de grains", relate l'éleveur installé en 2005 avec un troupeau salers dont il diminue progressivement les effectifs en parallèle d'une montée en puissance des productions végétales, des cultures dont il apprécie la technicité et qui contribuent à l'autonomie de l'exploitation, priorité de Christophe Cantuel et objectif atteint même en 2022, année historiquement sèche.

De l'huile pour les humains, des tourteaux pour bovins
Ce dernier espère que cette troisième année sera la bonne pour alimenter une généreuse cuvée 2023 de sa production d'huile de tournesol fermière. Une huile obtenue après tri des grains pour retirer les impuretés (dans le trieur acquis par l'agriculteur), des grains qui sont ensuite séchés, triturés et pressés à froid avant une décantation en bouteille sachant qu'un kilo de grains permet d'extraire 300 g d'huile. Les bouteilles de 50 cl sont commercialisées sur le marché de Lafeuillade-en-Vézie, dans les magasins de producteurs et spécialisés bio, aux 3 Caves et Leclerc... Quant au coproduit, le tourteau, il s'avère un concentré de protéines précieux pour la finition des bovins de la ferme, l'ensemble des vaches du troupeau étant engraissées.
Veiller... au grain
Implanté au printemps, le tournesol présente un itinéraire technique semblable à celui d'un maïs, et se récolte fin octobre-début novembre. "Il ne faut pas semer trop tard, autour du 15 mai ici, il faut que ça lève rapidement et que ça reste propre, pour cela il faut s'en occuper", témoigne Christophe Cantuel, qui a fait un passage de herse étrille, biné à deux reprises et dopé la culture au fumier.
Son assolement comprend également une autre oléagineuse, d'été cette fois, du colza (4 ha) avec la même double vocation : de l'huile pour l'alimentation humaine et des tourteaux dans la ration bovine. "Les rendements sont à peu près identiques à ceux d'un tournesol mais cette année s'annonce exceptionnelle avec un automne qui a permis une très bonne implantation puis un printemps tropical et des plantes préservées des attaques d'insectes", se réjouit le cultivateur-éleveur, précisant que le colza est très sensible aux ravages des altises. "En bio, la seule façon de s'en prémunir, c'est d'associer les cultures et différentes variétés", ajoute-t-il.
Des oléagineuses, du maïs (4 ha dont seuls les pommes sont récoltées), des céréales (10 ha de blé), mais aussi une légumineuse : la lentille expérimentée pour la seconde fois sur l'exploitation d'abord pour ses vertus agronomiques pour les sols (apport azoté). Même si le premier essai il y a deux ans s'est avéré peu concluant en raison de précipitations trop abondantes qui avaient littéralement lessivé les fleurs, Christophe Cantuel a pu constater les effets bénéfiques sur l'orge qui a suivi avec un rendement de 70 qx/ha. "Cette année, on croise les doigts, ça semble prometteur mais tant qu'on n'a pas récolté...", glisse l'agriculteur prunétois, qui ne vend jamais la peau de l'ours...

Lentille, chanvre... pour nourrir et nettoyer le sol
Pour pallier le fort salissement de la légumineuse, Vincent Vigier, conseiller en agronomie et bio à la Chambre d'agriculture qui suit l'éleveur, préconise de l'associer avec de la cameline ou encore avec de l'avoine de printemps. Conjuguer les cultures pour faire jouer à plein leur complémentarité : le concept séduit Christophe Cantuel, qui n'exclut pas d'ailleurs d'associer ce même sarrasin au tournesol pour son effet couvrant.
Toujours en quête de nouvelles pistes de diversification dans le végétal avec des cultures rémunératrices, l'agriculteur s'est aussi essayé au chanvre textile (1,5 ha) en lien avec Virgo Coop. "Ce qui m'a convaincu, c'est l'effet nettoyant du chanvre, ça laisse un terrain très propre, ceci dit, ça reste compliqué comme culture", consent-il, quand bien même cette culture de printemps fait preuve d'une résistance au sec à toute épreuve : "Elle a été incroyablement performante en 2022", abonde Vincent Vigier.
Des projets ? Christophe Cantuel en cultive d'autres individuellement : l'an prochain, c'est de l'orge qui s'ajoutera à sa palette grainière et l'idée d'aménager un atelier de transformation dans une grange lui trotte aussi dans la tête. Tout comme il en nourrit d'autres collectivement au sein de la toute jeune association Le grenier bio du Cantal.

(1) Il s'agit en fait de pseudanthe, soit un type spécial d'inflorescence dans lequel des fleurs sont regroupées et condensées pour former une structure mimant une fleur unique.
(2) Le rendement moyen de la culture s'est élevé sur 2021-2022 à 2 t de graines/ha.

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