“La production porcine cantalienne se trouve à un tournant”
La section porcine de la FDSEA a organisé un point presse au Gaec des Menhirs d’Albos de Mauriac. Objectif : rappeler le poids économique de la filière et montrer qu’il y a des perspectives.
Dans le Cantal, on n’a pas assez l’esprit cochon. “La production porcine dans le Cantal, on l’oublie trop souvent ! Or, la filière se trouve aujourd’hui à un tournant, a déclaré Christian Guy, président de la section porcine de la FDSEA du Cantal(1) le 27 mars au Gaec des Menhirs d’Albos de Mauriac. On est dans une période plus favorable avec des cours corrects, il faut le mettre en avant.” Discrète, la production porcine pèse notablement dans l’économie cantalienne, en termes d’emplois notamment : 80 exploitations - dont plus d’une dizaine en charcuterie fermière avec vente directe -, 60 000 porcs charcutiers produits chaque année, six filières ou labels qualité possibles(2), deux coopératives porcines (Cirhyo et la Capp), ainsi que quatre abattoirs.
Un enjeu : renouveler les générations
“Dans le département, trois abattoirs sur quatre vivent grâce à la production porcine et le quatrième en dépend pour moitié, a poursuivi Christian Guy. C’est une filière essentielle, même si l’époque est loin où l’Auvergne était le premier producteur français de porcs !” Pour Joël Piganiol, secrétaire général de la FDSEA du Cantal, ce coup de projecteur tombe à point nommé. “La production porcine traverse une phase où l’on s’y retrouve au niveau des prix, alors que la situation est encore très tendue en bovins lait et viande, a-t-il souligné. Notre but est de conforter ceux qui sont déjà en place, mais aussi d’attirer de nouveaux éleveurs : il y a un vrai enjeu de renouvellement des générations.” “Dans le Cantal et plus largement dans le Massif central, nous sommes nombreux à être proches de l’âge de la retraite et à ne pas avoir de successeur”, a confirmé Christian Guy. La question va d’ailleurs se poser au Gaec des Menhirs d’Albos. Pour l’instant, la structure compte quatre associés, mais quand les parents, Daniel et Marie-Hélène Battut, vont prendre leur retraite, rien ne dit que l’atelier porcin sera maintenu (lire encadré). Pourtant, les perspectives sont bien là. “Les cours de base sont remontés à 1,42 euro le kilo au marché du porc breton et surtout, le différentiel par rapport au prix des aliments est favorable”, a indiqué Laurent Decadi, technicien chez Cirhyo. “C’est une diversification qui permet de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier”, a ajouté Marie-Hélène Battut.
Des atouts à mettre en avant
Les éleveurs regrettent la mauvaise image du métier véhiculée dans les médias. “L’élevage plein air des Battut, c’est exactement ce que réclament les consommateurs”, ont-ils relevé, soulignant que la majorité des exploitations dans le Massif central sont de taille familiale et qu’une bonne partie est engagée dans des démarches qualité : “Notre force, c’est le lien au sol !” Sans oublier que la production porcine, très organisée, permet de dégager du temps de libre et donc de trouver un équilibre de vie. En définitive, qu’attendent les candidats à la relève pour se manifester ? “Il est dommage que cette production ne se développe pas plus. Le problème, c’est que la culture éleveur de porc n’y est pas !”, déplore Christian Guy, bien décidé à ce que les choses bougent dans le département.
(1) Christian Guy est également vice-président de la Fédération nationale porcine (FNP).
(2) IGP et Label rouge saucisson sec, saucisse sèche et jambon d’Auvergne ; porc fermier d’Auvergne ; porc Délice ; porc origine montagne ; porc cantalou et Capelin de montagne ; agriculture biologique.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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