ovins
La modernisation des exploitations indispensable pour la filière
La coopérative Copagno a tenu son assemblée générale annuelle durant laquelle elle a exposé des résultats satisfaisants pour 2013, malgré une baisse toujours constante du nombre d’ovins dans la région.
La coopérative Copagno a tenu son assemblée générale le 14 mai dernier dans son fief de Saint-Beauzire en Haute-Loire. Cette réunion annuelle permet à l’ensemble des adhérents et partenaires de la structure de prendre connaissance des résultats de l’année passée. L’activité de la coopérative est encore une fois encourageante, malgré la diminution du nombre de troupeaux en région Auvergne. Le secteur est en mal de vocations alors que l’heure n’a jamais été aussi propice à la production ovine.
Des chiffres en hausse
Le bilan d’activité de Copagno est positif pour la seconde année consécutive. En 2013, environ 94 600 agneaux ont été collectés dont 53% sous un signe officiel de qualité (Label Rouge pays d’Oc, Tendre agneau, Origine et Qualité Carrefour et Biologique). Le prix moyen de
l’agneau durant l’année a été de 110,84€ sous signe de qualité et 77,51€ pour les agnelets. Des prix en hausse par rapport à 2012 et qui, pour 2014, semblent vouloir conserver leur avance. Une situation qui, d’après Paul Bony, président de Copagno, encourage les éleveurs à croire en l’avenir malgré la crise de vocation. «Le bon résultat économique de la coopérative nous encourage à ne pas nous résigner et à continuer notre travail pour les adhérents. Par ailleurs, notre entrée dans le groupe FEDER(1) nous permet aujourd’hui de réaliser des économies d’échelle que nous n’aurions pas pu réaliser seuls. C’est la bonne rémunération des animaux qui permet à tous de se projeter plus sereinement dans l’avenir et de retrouver des niveaux de production plus constants dans les élevages.» Malheureusement, la coopé- rative ne constate que trop bien la baisse progressive du nombre de producteurs. En 2013, Copagno comptait 353 adhérents et 97 000 brebis contre 328 adhérents et 94 000 brebis pour l’année en cours. Au total ce sont donc plus de 46 éleveurs qui ont quitté la coopérative dont 11 pour cause de retraite et 18 de cessation d’activité. « Nous ne devons pas relâcher nos efforts avec nos partenaires de la filière et les divers intervenants de l’installation, pour promouvoir l’élevage ovin. Il y a de l’avenir dans cette production. La récente réforme de la PAC est favorable à notre production, nos outils se sont modernisés et perfectionnés pour obtenir plus de productivité. Aujourd’hui, il est possible de vivre de l’élevage ovin. »
« Les voyants sont au vert »
Une affirmation que ne dément pas Serge Figon, conseiller de gestion à CERFrance Haute-Loire. Il a travaillé sur la viabilité des exploitations ovines. « Sur les 88 exploitations que nous avons étudiées, 62% d’entre elles sont viables et solides, et 28% sont en grandes difficultés. Depuis quelques années, la production ovine jouit d’une stabilité du prix de l’agneau aux alentours de 100 €. Malgré l’augmentation des charges de production, les éleveurs maîtrisent les coûts alimentaires. Ils doivent désormais travailler sur leur technicité, notamment à travers la maîtrise des cycles de reproduction et la modernisation de leurs outils. »
La demande en viande d’agneau ne cesse de progresser dans toute l’Europe. Or, l’offre reste inférieure à cette dernière. Pour le conseiller de gestion, la situation est tendue et la filière doit remédier rapidement à cela. « Il faut enrayer cette baisse du nombre de brebis pour éviter que le produit ne devienne marginal. Si c’est le cas, alors les prix fluctueront et les charges de collecte, d’abattage et de distribution augmenteront. Les éleveurs doivent s’inscrire dans une démarche productiviste pour répondre au marché. » Mais, qui dit productivité, dit aussi modernisation des exploitations.
Moderniser pour produire
Les éleveurs ont subi durant plusieurs années le délitement de la profession et le désintéressement du marché à l’égard de leur produit. Bien que les prix soient désormais favorables, les éleveurs sont peu enclins à investir sur leurs exploitations. Pourtant, Serge Figon leur démontre le contraire. «La production ovine a la particularité, contrairement à l’élevage bovin, d’avoir des outils efficaces et modernes sans pour autant avoir à dépenser des dizaines de milliers d’euros pour les acquérir. Les voyants sont au vert pour investir dans l’élevage ovin, mais ça ne fonctionne pas parce que la production ovine ne donne pas une bonne image d’elle-même. Actuellement, il n’y a pas péril dans la production ovine. Les éleveurs doivent investir (toujours avec raison) dans des outils modernes pour produire en quantité et conserver, ainsi, les appels du marché. »
Une orientation dans laquelle s’inscrit la coopérative Copagno depuis plusieurs années déjà.
Mélodie Comte
(1) Union de coopératives ovines et bovines de la région Centre-Est.