Comment récolter une prairie infestée par les campagnols ?
Taupes et campagnols terrestres n'ont pas encore repris leurs activités de forage mais la vigilance est de mise pour intervenir dès possible et adapter ses pratiques de récoltes dans les parcelles infestées.
Taupes et campagnols terrestres n'ont pas encore repris leurs activités de forage mais la vigilance est de mise pour intervenir dès possible et adapter ses pratiques de récoltes dans les parcelles infestées.

Qui dit printemps, dit reprise des activités souterraines pour les taupes et les campagnols terrestres. Les ravageurs seront-ils plus ou moins virulents cette année qu'en 2024 ?
« Les premières observations débutent tout juste » précise Sandrine Gominard de la FDGDON du Puy-de-Dôme.
Il faudra donc attendre encore un peu pour savoir à quelle sauce seront mangées les prairies. Pour autant, il est judicieux de se préparer dès maintenant à intervenir dans les parcelles.
« La lutte contre les taupes et les campagnols doit être entreprise dès les premiers signes (taupinières fraîches...). »
Dans les parcelles déjà infestées, la récolte du fourrage est possible à condition de respecter quelques recommandations, au risque d'obtenir un fourrage de mauvaise qualité.
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Les conditions ne sont pas encore optimales pour le passage de la herse
Dans les prairies où les campagnols ont élu domicile, le premier réflexe est de réaliser un passage de herse pour étaler les tumuli. Géraldine Dupic, conseillère fourrage à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme met en garde : « les conditions actuelles ne sont pas favorables ». Les parcelles sont encore trop humides et les températures trop fraîches. Le passage de la herse pourrait blesser la végétation et entamer son potentiel de rendement.
« Certains outils sont plus agressifs que d'autres. Les conditions météo du jour et de ceux qui suivront, doivent être prises en compte. Il faut surtout éviter le gel qui viendra détruire les plantes dont les racines ont été sorties de terre après le passage de la herse. »
Jusqu'à la fin de la période de risque de gelées, le hersage doit se limiter à un effleurement de la prairie.
Lors de la récolte, relever la hauteur de coupe pour ne pas remonter de terre
Au moment des récoltes, si les taupinières et les tumuli sont encore présents, Géraldine Dupic recommande de relever la hauteur de coupe. « Même si on a l'impression de perdre du fourrage, on est gagnant parce que le fourrage n'aura pas de terre et sera de meilleure qualité. »
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La terre dans les fourrages favorise le développement des spores butyriques et même de la listeria. L'ensilage et enrubannage sont particulièrement sensibles à ces développements bactériologiques qui auront un impact sur la santé des animaux et la qualité des productions (lait, fromages...).
« L'année 2024 a été favorable en termes de rendement quantitatif. Il y a du stock d'avance. Les agriculteurs touchés par les campagnols peuvent se permettre de perdre un peu de matière sèche et relever les coupes. »
Les fourrages secs sont moins confrontés au phénomène mais la conseillère appelle aussi à la prudence sur ce type de récolte. « Même si le foin est retourné plusieurs fois, on remonte toujours de la terre. Lors des fenaisons, il faut aussi relever la hauteur de coupe pour conserver la qualité nutritionnelle du fourrage et son appétence. »
Malgré toutes ces précautions, certaines parcelles de fauches trop infestées doivent être abandonnées et réorientées vers du pâturage.
L'usage d'un conservateur peu palier aux difficultés de conservation mais il doit être employé en « dernier recours ».
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