La Galoche du Cantal s'installe à Marcolès
À bout d'énergie, Éric Mas a quitté Saint-Étienne-de-Maurs pour se refaire une santé en Châtaigneraie, bien accompagné par trois associés qui ont cru en son produit.
C ette histoire-là, c'est avant tout une histoire de passion et de rencontres. La Galoche du Cantal s'est installée voilà deux mois maintenant dans un local loué à la mairie de Marcolès, une ancienne étable. Les circonstances faisant, difficile de faire les présentations plus tôt. Peu importe, Éric Mas a désormais trouvé chaussure à son pied du côté de la Petite Cité de Caractère®. Christian Montin a tout de même du nez.
Le maire a le chic pour dénicher des talents ou des artisans atypiques dans son village qui ne l'est pas moins. Cette ancienne étable était non seulement disponible, mais "correspondait à l'esprit et aux besoins de l'activité de la galoche, nous avons donc été très heureux d'accueillir la Galoche", se félicite l'édile.
Un hasard qui fait bien les choses
Une histoire de passion et de rencontres donc entre Éric Mas, tout d'abord, et Carine Bidault, d'Eure-et-Loir, mais entrepreneuse dans le secteur de l'informatique et la communication du côté de la région parisienne. En séjour dans la région en fin d'année dernière, elle tombe littéralement amoureuse du village marcolésien et décide d'y investir en achetant une maison."De hasard en hasard, je rencontre Éric. Il avait un très bel outil de travail, fabriquait de très belles choses, mais était submergé par le boulot."
Épuisé, "à la limite du burn-out même, il était prêt à revendre son activité, voire arrêter. On a discuté longuement tous les deux. Avec Robert Bonhoure et Xavier Poly, on a dit : non ce n'est pas possible, tu ne peux pas arrêter cette belle activité", explique la cheffe d'entreprise. En une semaine à peine, Carine prend la décision d'accompagner Éric dans un nouveau projet. Les quatre associés créent alors la Galoche du Cantal.
En pleine crise de Covid-19, l'immatriculation de la société prend du temps. Peu importe, cela n'enlève rien à la motivation du quatuor puisque Xavier va développer un site web (lagalocheducantal.fr), une boutique en ligne, ouverte sur l'étranger et "nous sommes aujourd'hui sur dix pays dans lesquels on diffuse nos produits". Derrière, c'est une communication qui s'enchaîne avec notamment la semaine dernière la ministre du Travail elle-même qui chaussait une paire de Galoche du Cantal.
La crainte aujourd'hui, "c'est une surcharge de travail", sourit Éric dont le produit est labellisé "Origine France Garantie" depuis mai 2019. On comprend mieux lorsque l'artisan explique : "Le cuir vient des Vosges, les semelles sont fabriquées en Bretagne, mais avec le projet futur de pouvoir fabriquer ces semelles ici, à Marcolès. Les bordures de différentes couleurs sont toutes françaises. Et enfin pour les clous, on travaille avec une société basée à Creil (Oise). C'est la dernière clouterie d'Europe !"
Lorsqu'Éric parle galoche, ses yeux s'illuminent. "C'est la seule chaussure à semelle de bois (du hêtre) labellisée". Il a décliné le concept en créant des nu-pieds, des galoches personnalisées... "Le tannage du cuir se fait en France, un tannage végétal, et une épaisseur de 3 mm, précise-t-il. Et cela demande une sélection de cuir bien particulière.' Il a même poussé la perfection en travaillant avec un orthopédiste pour développer une semelle plus en adéquation avec la voûte plantaire. Avec 18 étapes nécessaires à la fabrication de la galoche, Éric se plaît aujourd'hui à imaginer des lendemains avec des ouvriers en renfort. "J'essaye de ne pas créer, fabriquer ce qui existe déjà. Cela ne m'intéresse pas", note l'artisan dont le produit phare est la galoche couleur salers. "On a mis six ans pour trouver cette teinte. C'est celle qui se vend le plus. Ce modèle est déposé."
Neuf galochiers en France
Avec l'ouverture de la boutique à Marcolès, La Galoche du Cantal vise l'accueil, la démonstration et aussi de la vente, sachant que la Galoche se retrouve aussi sur quelques marchés. Côté fabrication, "cela dépend des commandes en ligne, des demandes en direct... Chiffrer exactement n'est pas évident, mais l'an dernier, j'ai créé 2 000 paires tout seul." Un modèle "Marcolès" est à l'étude avec un autre artisan local (l'Atelier des deux terres) qui apporte un émail sur la galoche.
À Marcolès, Éric, l'un des neuf derniers galochiers de France, prendra le temps de vous raconter l'histoire de la galoche, les métiers qui vont avec, l'utilité de ces souliers. Intarissable sur le sujet. Des galoches que la clientèle peut se procurer à partir de 70 EUR, du 34 jusqu'au 51, ouvertes ou fermées, pour les petits, les grands, tous les âges...