Innovation et communication, enjeux majeurs pour rebooster la consommation
Les responsables professionnels de la filière porcine auvergnate se sont retrouvés, dernièrement, autour de Carole Joliff et de François-Régis Huet, respectivement secrétaire générale adjointe et membre du bureau de la Fédération nationale porcine (FNP).
La conjoncture a largement alimenté les discussions, avec un prix du porc français beaucoup plus bas que celui constaté dans les autres pays de l’Union européenne, notamment en Allemagne, Espagne, Pays-Bas et Danemark. « Au marché du porc breton, depuis début juillet, les pertes cumulées depuis juillet 2017, avoisinent aujourd’hui les 30 centimes d’euros », explique François-Régis Huet, membre du bureau de la FNP. Sur la zone interprofessionnelle Auvergne-Limousin (IPAL), les abattages sur les dix premiers mois de 2017 s’élèvent à 757 206 têtes, soit en recul de 3,7 % par rapport à 2017. « À l’échelle du Grand-Sud, c’est dans la zone IPAL que la baisse est la plus importante. Cela doit nous interroger sur notre capacité à renouveler les générations d’éleveurs et à lever les multiples freins à la création d’ateliers porcins. Les pouvoirs publics doivent nous accompagner dans ce sens », souligne Christian Guy, président de la section régionale porcine Auvergne-Limousin.
Mieux valoriser le porc français
Sur le volet consommation, depuis le début de l’été, la FNP est en situation d’alerte tant les achats de porc des ménages se sont repliés : -13 % en frais, -1,5 % en charcuterie entre juillet 2017 et 2016. Cette tendance, qui touche toutes les viandes à un degré plus ou moins important, s’est poursuivie en septembre et en octobre. Au final, chaque français consomme en moyenne 32,5 kilos de viande de porc par an, contre 41 kilos en moyenne dans l’Union européenne, ce qui place la France à la 21e position. « Il devient urgent de travailler sur la qualité pour relancer la consommation et sécuriser l’export. Alors que l’étiquetage obligatoire de l’origine pour lequel nous nous battions depuis si longtemps est enfin en passe d’être acquis, il faut faire reconnaître que le porc français a un atout qualitatif que l’on ne valorise pas », indiquait, dès 2016, la FNP dans une lettre ouverte. Depuis, un groupe de travail a réalisé des enquêtes auprès de l’ensemble des opérateurs de la filière en lien avec les travaux sur la consommation menés par l’IFIP.
Développer le snacking
« Face à la multiplication des démarches individuelles qui brouillent les messages auprès des consommateurs, il nous apparaît nécessaire de renouveler la communication autour du socle de base que sont les pratiques actuelles des éleveurs, qui sont en phase avec les attentes du consommateur », estime Carole Joliff, secrétaire générale adjointe de la FNP. Dans le détail, la fédération nationale porcine plaide pour une base de segmentation qui soit le porc français ; une sortie du « sans tout » qui dénigre le produit générique et pénalise la consommation ; pour une éducation du consommateur : « s’il veut de la qualité et des segmentations spécifiques, cela a un coût ». Et s’il ne veut plus cuisiner, « il faudra lui proposer d’autres produits à base de porc prêts à manger », insiste François-Régis Huet. Cela passe par des innovations, telles qu’a pu les imaginer la filière volaille.