Hôtellerie-restauration dans le Cantal : début de saison pourri
Début de saison touristique compliqué pour le secteur CHR dans le Cantal, remontés contre l’implantation de chaînes nationales et les “hébergeurs sauvages”.
Début de saison touristique compliqué pour le secteur CHR dans le Cantal, remontés contre l’implantation de chaînes nationales et les “hébergeurs sauvages”.
Si les Cantaliens n’ont guère le moral en ce printemps qui n’en a que le nom, les cafetiers, restaurateurs et hôteliers font encore davantage grise mine. Les déjeuners en terrasse, les apéritifs entre amis qui se prolongent à la faveur des jours qui s’allongent et de températures clémentes, les ponts du mois de mai propices aux escapades touristiques à la découverte du Cantal... un lointain souvenir pour les professionnels du secteur dont l’activité, en ce début de saison, est plombée tout autant par la météo que par la frilosité des consommateurs à dépenser - alors que l’inflation n’est pas retombée - et par la hausse des coûts des matières
premières et de l’énergie. Beaucoup font le dos rond en attendant des jours meilleurs mais les recettes non générées ce printemps ne se rattraperont pas.
Installations de chaînes de restauration : faire une pause
C’est dans ce contexte morose que l’Umih Cantal, le syndicat cantalien du secteur CHR (cafés-hôtels-restaurants), a tenu lundi 3 juin son assemblée générale à Saint-Flour. En dressant d’autres constats, témoins des évolutions que traversent les professionnels de l’hôtellerie-restauration : certes, le nombre d’établissements se maintient dans le département, autour de 600 entreprises, mais celui des hôtels et des restaurants traditionnels tend à se réduire comme peau de chagrin. Au point de faire craindre à Thierry Perbet, président de l’Umih 15, une désertification de l’offre. Ce qui motive son soutien à la demande portée par l’Umih nationale : appliquer un numerus clausus sur l’implantation de restaurants de chaînes (inter)nationales. “Il faut faire une pause sur l’installation de ces établissements, il y a déjà tellement d’entreprises à reprendre dans nos territoires qu’on va sinon vider la ruralité !”, alerte le président, d’autant plus inquiet qu’il constate un ticket moyen dans le Cantal inférieur à celui des départements alentour.
D’où une autre revendication, fiscale et sociale, du syndicat cantalien. Si son président se félicite que les zones de revitalisation rurale, rebaptisées France ruralités revitalisation aient été sauvées “grâce au sénateur Delcros” - tient-il à préciser -, le Cantalien attend avec impatience le zonage des FFR+,
des territoires où non seulement les installations/transmissions d’entreprises seraient aidées mais aussi les commerces, artisans... en place. “C’est ce que j’appelle les zones franches rurales(1) qui permettraient de soutenir le cafetier, le restaurateur d’une commune mais aussi indirectement le boulanger. Sans ces établissements autour, la maison de santé créée par l’EPCI aura bien du mal à attirer et conserver des professionnels et salariés. Et on perdra toute l’énergie de nos territoires”, prévient Thierry Perbet, pointant un autre phénomène : la concurrence déloyale des “hébergements sauvages”. “Les professionnels sont vraiment exaspérés par cette concurrence d’hébergeurs qui n’ont pas les mêmes règles fiscales et surtout pas les mêmes règles en matière de sécurité incendie”, relaie-t-il.
Friches hôtelières
Des professionnels et en particulier des restaurateurs que Thierry Perbet invite à continuer à se “réinventer” comme ils l’ont fait dans la foulée de la crise sanitaire en développant les ventes à emporter. Un moyen de maintenir leur chiffre d’affaires mais le patron de l’Umih met en garde : “Je demande à ceux qui ne l’ont pas encore fait de se mettre dans la légalité en s’inscrivant comme traiteurs ou vendeurs de plats à emporter.”
Dernier message, en direction des Cantaliens cette fois : “J’appelle les Cantaliens à “manger Cantal”, et à utiliser ce qu’ils ont proche de chez eux : le petit café, le petit restaurant... Sinon, un jour, ils auront disparu et il ne s’en créera plus parce que ça coûtera trop cher. Nous avons un maillage départemental magnifique, mais qui s’effrite tous les jours. On le voit avec le développement de friches hôtelières.”
(1) Un vieux combat de l’Umih et des chambres consulaires cantaliennes.