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Engraissement salers : tout un art maîtrisé par Alain Cantuel

L’élevage salers d’Alain Cantuel à Teissières-les-Bouliès, engraisseur de longue date, performe sur bien des ratios avec une philosophie éprouvée : s’adapter à la conjoncture.

Alain Cantuel est accompagné par Mathilde Bonestebe, ingénieur du réseau Références.
Alain Cantuel est accompagné par Mathilde Bonestebe, ingénieur du réseau Références.
© P. O.

Rien ne sert de courir, disait
La Fontaine, mieux vaut se poser un peu, regarder autour de soi, s’inspirer ces recettes éprouvées par les voisins, ajoutait le père d’Alain Cantuel qui a fait siennes ces deux préconisations. L’agriculteur de Vernines le répète : dans son quotidien d’éleveur, il est tout sauf un sprinter ou un bourreau de travail, plutôt le profil d’un tacticien. “Je ne cours jamais, j’essaie simplement d’être efficace”, assure-t-il. Observer, réfléchir, se remettre en cause, s’adapter à la conjoncture du moment, telle est la philosophie professionnelle de cet éleveur allaitant, philosophie payante qui se traduit par une efficacité technico-économique supérieure sur bien des points au cas type du réseau Références (Inosys) de la chambre d’agriculture auquel il est rattaché : le système BV 13N, alias système salers alourdi de Châtaigneraie. “Un cas type qui reste virtuel et optimisé”, souligne Mathilde Bonestebe, ingénieur du réseau Références. Mais pas question pour Alain Cantuel de fanfaronner : lui met en avant la praticité d’une exploitation regroupée avec un îlot de 62 ha sur 74 ha de SAU.

Bien souvent pionnier
Pourtant, quand il s’installe en 1984, l’éleveur castanhaïre fait ses premières armes sur une toute petite structure : 21 ha avec 18 prim’holstein et 8 génisses. “J’aurais pu m’installer en Gaec avec mes parents mais mon père n’y était pas favorable, il voulait que je me fasse la main seul”, se souvient l’éleveur de Teissières-les-Bouliès. Sage conseil. En 1997, ses parents ayant tout deux fait valoir leur droit à la retraite, Alain reprend les 47 autres hectares et les 48 vaches salers de l’élevage familial. Un double troupeau qu’il pérennise jusqu’en 2011, année où il cesse de traire, trop chronophage... Il se consacre désormais à son cheptel acajou, des animaux d’abord conduits en pur, avant de se résoudre à du croisement, faute d’une valorisation suffisante, notamment des mâles. Surtout, Alain Cantuel perfectionne son savoir-faire de l’engraissement, toujours volontaire pour alimenter chaque nouvelle filière initiée par le groupe Altitude  dont il est un fidèle adhérent : il est parmi les premiers à s’essayer aux veaux salers primeurs (veaux “Jean-Rosé”), à préparer des génisses Casino avant de se lancer dans le créneau des génisses primeurs (abattues à moins de 18 mois, à un poids carcasse compris entre 270 et 320 kg). Aujourd’hui, sur une moyenne de 70 vêlages, toutes les velles croisées sont vendues à neuf mois, 16 génisses sont destinées à la filière primeur, 8 à la reproduction, 8 autres engraissées (jusqu’à 270-320 kg de viande). L’éleveur prépare aussi des vaches de moins de 10 ans pour le label rouge salers. Côté mâles, tous les veaux sont vendus repoussés jusqu’à 430-450 kg, précise Alain Cantuel.

Productivité au top
Sur l’exercice 2020, l’exploitation a ainsi dégagé une productivité de 372 kg/UGB, de plus de 30 % supérieure à celle du cas type. L’un des points forts de l’élevage Cantuel qui affiche en outre une productivité numérique exemplaire avec 96 % de veaux sevrés sur le nombre de femelles mises à la reproduction (94 % pour le cas type). Pour autant, malgré tous ces kilos produits, les charges de concentré sont strictement maîtrisées, relève Mathilde Bonestebe : 381 kg  distribués par UGB (chiffres 2020), soit une cinquantaine de kilos de moins que le cas type. Ces résultats sont le fruit de deux facteurs : l’éleveur et son environnement, explique l’ingénieur,  qui souligne par ailleurs des investissements toujours prudents.
“Il y a aussi une façon de donner le concentré, le foin, ça compte aussi. Il faut d’abord donner les fibres à ruminer puis les granulés, en deux fois, sinon les bêtes se gonflent de concentré”, assure Alain Cantuel, qui privilégie les matières premières produites sur l’exploitation (foin et ensilage de maïs). Une ration riche en protéines grâce aux légumineuses introduites il y a longtemps déjà dans les prairies. “Mes vaches, elles sont comme moi, elles surconsomment mais c’est beaucoup de grossier”, s’amuse l’éleveur, qui, malgré un chargement relativement élevé (1,5 UGB/ ha), parvient à l’autonomie fourragère hors aléas climatiques.
Un autre atout de l’exploitation de Vernines dont les charges de mécanisation comme vétérinaires sont nettement contenues : bricoleur, l’agriculteur répare lui-même son matériel souvent acquis d’occasion ; quant à la bonne santé de son troupeau, il la lie au fait que ses animaux aient toute l’année accès à l’extérieur. Une particularité revendiquée par Alain Cantuel, quand bien même cela suppose d’accepter “un demi-hectare souillé, à la terre, l’hiver”. L’éleveur connaît tout autant ses pistes d’amélioration : un poste de fertilisation élevé mais à mettre en rapport avec une production de 3,23 tonnes de matière sèche par UGB (contre 2,58 pour le cas type). “C’est un équilibre...”, conclut Alain Cantuel, dont le seul vrai regret aujourd’hui est de n’avoir “pas su transmettre ma passion de l’élevage à mes filles”...

L’ensemble des résultats présentés sont ceux de l’exercice 2020, dans un contexte bien différent de celui que connaît l’élevage actuellement.

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