Didier Tison, le berger aurillacois
Capitaine du Stade aurillacois, troisième ligne, c’est un poste clé et exigeant que Didier Tison occupe. Un poste au charbon qu’il conjugue depuis peu avec le métier d’éleveur ovin.
Capitaine du Stade aurillacois, troisième ligne, c’est un poste clé et exigeant que Didier Tison occupe. Un poste au charbon qu’il conjugue depuis peu avec le métier d’éleveur ovin.

Ce mercredi après-midi à l’ambiance printanière, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de Jean-Alric, c’est une autre pelouse, ou plutôt une prairie, que Didier Tison foule. Comme chaque matin, soir et journée de repos, le capitaine du Stade aurillacois troque les crampons pour les bottes et rejoint l’élevage ovin qu’il est en train de constituer sur les 25 hectares acquis par ses parents à Toulousette. Si le franco-sud-africain a commencé à manier le ballon ovale à six ans, à Bethlehem, à l’est de la province de l’État libre du pays, il a aussi toujours baigné au milieu des parcs à brebis dans cette région considérée comme le grenier de la nation arc-en-ciel. Son père, lui aussi rugbyman (amateur) qui a notamment évolué à l’aile à Manosque, a été lui-même éleveur jadis, comme une grande partie de sa famille maternelle. “Je connais le minimum à savoir, même si je n’ai pas eu de formation”, sourit le “bœr”.
La suffolk pour sa vitesse de croissance
Objectif de Didier(1) : préparer sa reconversion et arriver à terme à une troupe de 300 brebis suffolk, une race originaire d’Angleterre et reconnue pour sa prolificité et sa croissance rapide. “À 75 jours, les agneaux sont prêts à abattre”, précise le moutonnier, qui a aussi privilégié la rusticité de ces animaux lourds, bien plantés sur des pattes noires robustes. Les premières brebis, pleines, sont arrivées en août dernier suivies d’agnelles en provenance de l’Aveyron et du Lot voisins, mais aussi de Bourgogne, d’Irlande et d’Angleterre... avec le parti pris de marier les origines et donc les choix génétiques différents entre les souches anglaises et tricolores, explique Didier. Ce dernier va étrenner ses premiers agnelages dans quelques jours, en comptant sur la précieuse assistance de ses parents lors des déplacements du Stade. Pour leur commercialisation, le farmer s’est rapproché de bouchers locaux mais aussi du groupe Altitude.
L’élevage, cure d’oxygénation
Mais avant ces premières naissances, il a fallu aménager les parcelles jusqu’alors valorisées par des bovins, avec le même engagement que celui qu’il déploie sur le terrain sportif : “J’ai refait toutes les clôtures, depuis 15 jours c’est fini”, apprécie le rugbyman, auquel cette seconde et nouvelle activité, en extérieur, offre un vrai sas de décompression. Certes, l’agenda se complexifie mais “c’est important pour moi, ça me permet de me vider la tête, de ne pas penser qu’au rugby”, confie-t-il. Et il n’est pas rare qu’il soit rejoint par ses compatriotes, Jean-Luc Cillier, Heath Backhouse ou encore AJ Cœrtzen, que le travail à la ferme est loin de rebuter. Le joueur se félicite également de la solidarité de ses voisins agriculteurs, venus l’épauler par exemple pour poser du gravier.

C’est important pour moi, ça me permet de me vider la tête, de ne pas penser qu’au rugby", Didier Tison
Synchronisation des agnelages
Les brebis et agnelles sont rentrées tous les soirs dans une grange qui a été convertie aux besoins des ovins, un bâtiment qui sera à terme complété d’un tunnel. “Je préfère les rentrer pour avoir vraiment la main dessus, identifier s’il y a un problème, soigner si besoin les pattes...”, expose l’éleveur, animalier dans l’âme. Pour maîtriser et planifier les agnelages, il a recours à la pose d’éponges pour synchroniser les chaleurs, sachant que la reproduction se fait en lutte naturelle avec les deux béliers de l’élevage.
Ayant vacciné tôt, Didier Tison a été préservé de la FCO (fièvre catarrhale ovine) à l’automne dernier. Malgré ses 25 hectares, l’agriculteur achète tout son foin : “Pour produire mon propre foin, il me faudrait m’équiper d’un tracteur, de matériel de récolte...”, argue Didier. Des équipements qui ne sont pas au programme pour l’heure même si l’Aurillacois d’adoption a parcouru en octobre dernier les allées du Sommet de l’élevage, impressionné par l’immensité et la diversité du parc matériel exposé. Seul regret : qu’en raison de la FCO, le hall des ovins ait été réduit à quelques bêtes. Sans doute partie remise.