Carton rouge à l'administration à plus d'un titre
En marge du vote de leur projet stratégique donnant une impulsion plus forte à l'échelon régional, les élus de la chambre d'agriculture d'Auvergne ont été très critiques envers l'administration.
En marge du vote de leur projet stratégique donnant une impulsion plus forte à l'échelon régional, les élus de la chambre d'agriculture d'Auvergne ont été très critiques envers l'administration.
Réorganisation
Depuis trois ans, la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne en lien avec les quatre chambres départementales réfléchit à une nouvelle organisation « pour gagner en efficacité ». L'idée maîtresse du projet stratégique est la mutualisation des moyens et de la matière grise, comme l'explique Gilbert Guignand, président de la Chambre régionale : « Le contexte financier pousse à la réorganisation. Parallèlement, nous devons nous adapter aux évolutions des échelles décisionnelles, auvergnates aujourd'hui, auvergnates et Rhône-alpines demain¹ ». Installation et transmission ; formation ; innovation ; recherche et développement sont les principaux axes de travail de l'organisme consulaire, qui entend relever un double défi : « répondre à une demande extérieure de plus en plus centralisée tout en répondant à une demande d'accompagnement de proximité des agriculteurs ». Pour le président du Conseil régional, présent lors de la session, « le renforcement de l'échelon régional est indispensable. L'agriculture ne peut pas selon lui continuer à être gérée au niveau départemental ». Si René Souchon partage les axes prioritaires de la chambre, il a expliqué vouloir avancer avec les représentants du monde agricole dans un objectif de co-construction.
Zones vulnérables : la DRAAF esseulée
Sur la question du moment relative aux zones vulnérables, il a avoué être en phase avec les agriculteurs : « Tous les experts que j'ai consulté m'ont démontré que ce nouveau classement ne tient pas debout. La légèreté de l'approche invite à la prudence. Rien ne presse et le ministre de l'agriculture est d'accord avec moi ». La profession agricole n'en attendait pas mieux des collectivités territoriales qui unanimement se sont positionnées contre le nouveau classement des zones vulnérables.
« On ne peut pas en dire autant de l'administration, les seuls qui n'ont rien compris. On veut bien discuter mais les coups de couteaux dans le dos ça fait mal », a insisté Gilbert Guignand. Il faut dire que les griefs de la profession envers l'administration commencent à s'accumuler. Remise en cause de l'appui technique à travers des allers-retours incessants des conventions de cadrage des crédits France-Agrimer ; position jugée « dogmatique » sur la question des zones vulnérables ; cadre national du FEADER toujours pas validé entre la France et Bruxelles... Les pouvoirs publics donnent le sentiment de gagner du temps pour au final gagner de l'argent, « au détriment du développement agricole ».
« Mais que fait le ministère ? »
Même le président de Souchon n'a pas caché son agacement face à l'attitude du ministère : « la région Auvergne a envoyé son programme opérationnel FEADER à Bruxelles, le 11 avril, sauf que la France n'est pas prête ». Les régions ont en effet besoin de la validation du cadre national pour que les plans de développement ruraux s'appliquent au premier trimestre 2015. Si le cadre national n'était pas adopté d'ici la fin novembre, le président de région a indiqué que le Conseil régional « serait disposer à mettre en place le pré-financement des mesures régionales, à condition toutefois que cela ne dure pas trop longtemps ».
Face à ce flot de critiques, la directrice régionale de l'agriculture et de la forêt, Claudine invitée à s'exprimer à la fin de la session a avancé les arguments classiques « de la nécessaire baisse des dépenses publiques ». Sur le Feader, elle a indiqué que les retards étaient aussi à incomber à la Commission européenne. Pas sûr qu'elle ait convaincu les élus de la chambre régionale.
Sophie Chatenet-Giraud
¹ Les chambres d'Auvergne et de Rhône-Alpes pourraient, elles-aussi, être amenées à fusionner à l'horizon 2019, prochaine échéance des élections professionnelles. Les chambres de commerce et d'industrie devraient franchir le pas en 2015.