« Agriculture et territoires, des enjeux indissociables »
Agriculture et territoires ruraux ont un avenir indissociable. Pour le président de la Chambre d’agriculture de la Loire, Raymond Vial, ceci est d’autant plus vrai actuellement avec la réforme de la Pac.
Personnellement attaché au renouvellement des générations en agriculture ainsi qu’au maintien de l’élevage, comme beaucoup de responsables professionnels de la région, Raymond Vial, président de la Chambre d’agriculture de la Loire, estime que « l’avenir de l’élevage et de la dynamique des installations est en train de se jouer avec la réforme de la Pac ». Au niveau national, des divergences se font sentir sur la future Pac, prises comme une remise en cause de la place de l’élevage par les responsables professionnels. « C’est essentiel que les territoires d’élevages ruminants se réunissent pour faire entendre leur voix et mettent en avant les enjeux territoriaux. »
La remise en cause de certaines mesures de la Politique agricole commune permettant le maintien de l’élevage, débattues dans le cadre de l’élaboration de la future Pac, « pourrait engendrer la mort de l’agriculture dans nos régions, où les cultures ne peuvent pas remplacer l’élevage. Les élus politiques doivent comprendre que l’élevage fait vivre ces territoires ».
Ne pas pénaliser les éleveurs
« Les aides aux agriculteurs font partie intégrante de l’économie des exploitations de ruminants, estime Raymond Vial. Et d’autant plus dans nos départements de zones de montagne et défavorisées, qui bénéficient d’aides spécifiques provenant du second pilier. Pour la future Pac, certains aimeraient ajouter de nouvelles mesures dans le second pilier, au risque que l’ICHN en paye les frais, les exploitations d’élevage de zones difficiles également. Il y aurait inévitablement des répercussions sur l’occupation du territoire. »
Le président de la Chambre d’agriculture de la Loire estime que « nous sommes à un changement d’époque. Les demandes sociétales sont différentes ; elles doivent être prises en compte. Mais les éleveurs ne doivent pas être pénalisés ». Par exemple, si des mesures portent sur l’accroissement de la surface en herbe, « l’éleveur de ruminants sera forcément pénalisé car sa marge de progression est limitée puisque le pourcentage en herbe est déjà élevé sur son exploitation. De telles mesures pourraient être synonyme de double peine pour nos régions d’élevage. » De plus, « certains voudraient arrêter les aides au soutien de la production. Les conséquences seraient cinglantes. Le rôle des agriculteurs est de produire pour nourrir la population. L’acte de production doit être soutenu pour atteindre la souveraineté alimentaire. »
Et faire le constat « que dans les zones intermédiaires où l’élevage a été arrêté, il n’y a plus d’agriculture. Ce n’est pas avec des aides sur les cultures que ce type de territoires peut être sauvé. Il est donc également primordial de maintenir l’élevage dans les zones intermédiaires. »
Le renouvellement des générations est, selon lui, lié aux orientations et mesures de la Pac : « La carte des installations en France met en évidence que le nombre d’installations est le plus élevé dans les régions d’élevage. Maintenir des territoires vivants grâce au renouvellement des générations passe par une politique agricole attractive pour les secteurs agronomiquement difficiles. »
La politique d’installation-transmission est un vrai chantier pour les structures qui en ont la charge. Raymond Vial considère que « du temps et des moyens humains qu’elles mettront dépendra la réussite des installations. Les fermes doivent être attractives pour les porteurs de projets.».
Au-delà de la Pac, l’application de la loi Alimentation, la ressource en eau, la préservation du foncier agricole, la révision des zones vulnérables nitrate… sont autant d’enjeux pour l’agriculture de la région, mais aussi indiscutablement pour la vitalité des territoires ruraux.