50 % de fourrage en moins en montagne et sur l’est du Cantal
Hiver rigoureux, gel tardif, fortes chaleurs : pour la quatrième année, les fourrages vont manquer. La FDSEA a demandé l’engagement d’une procédure calamités.
Patrick Bénezit avec les éleveurs de l’Aubrac, un secteur où il manque jusqu’à 70 % de récolte.
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L'Union du Cantal
Procédure calamités demandée “Les services administratifs sont alertés et nous venons officiellement de faire la demande auprès de la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt (DDAF) pour engager une procédure de reconnaissance du caractère de calamité agricole, signale Patrick Bénézit, secrétaire général de la FDSEA. Cette année, la sécheresse touche les zones du département les plus hautes en altitude et l’arrondissement de Saint-Flour. Elle est la conséquence de plusieurs phénomènes : un hiver long et rigoureux qui a retardé la pousse de l’herbe, des gelées tardives durant plusieurs jours fin mai et début juin puis, tout de suite après, des chaleurs étouffantes. Les rats taupiers finissent de dévaster des pairies, aujourd’hui paillassons mités et jaunis. Aux Chabasses de Cézens, à 1227 mètres d’altitude, on n’a jamais vu le pays dans un tel état. Il neigeait pourtant encore ici le 8 mai. Jean-Louis Deloustal affirme avoir récolté 250 ballots sur 30 hectares contre 650 une année normale. Son voisin, Pascal Dumas se contentera de 460 ballots de foin sur 36 hectares contre 909 l’année dernière. Résultat : sa grange reste a moitié vide.Du jamais vu sur l’Aubrac “J’ai 25 vaches qui vont vêler en août”, s’inquiète ce jeune producteur qui, déjà l’an dernier, n’a pu atteindre sa référence laitière. “S’il pleut, on retardera seulement la rupture de pâture, mais j’envisage de vendre mes dix vaches allaitantes non primées pour financer les achats de fourrages”, poursuit-il. A Frescolange, Daniel Juras donne à manger à ses bêtes depuis le 2 juillet. L’Aubrac est lui aussi brûlé. “Les zones d’estives sont les plus touchées”, selon Pierre Gilibert, président cantonal de la FDSEA. Un peu partout, les animaux bénéficient d’apports lorsqu’ils ne sont pas déjà redescendus. Les bovins se tiennent sur les parcelles “les plus humides” le long des ruisseaux ou les sagnes. “Les manques de fourrages atteignent 70 % sur Saint-Urcize”, estime Carole Montarnal, conseillère agricole à la Chambre d’agriculture de Chaudes-Aigues. Jean-Marie Remise témoigne avoir récolté 102 ballots sur 20 hectares au lieu de 300 et 150 m3 d’ensilage pour 350 habituellement. “Je donne déjà aux jeunes bêtes”, confie-t-il.