Au féminin
15 octobre 2011 : Journée Mondiale de la Femme Rurale
La journée mondiale de la femme rurale est l’occasion de souligner l’importance de soutenir le développement de la production de nourriture de par le monde. 80 % de la nourriture produite dans les pays qui souffrent de malnutrition est produite par les femmes. Les problèmes de famine ont de multiples causes dont le climat, le stockage, les logistiques et la solvabilité financière, mais augmenter la production locale de nourriture est une évidence. Pour ce faire, les agricultrices ont besoin d’accès au sol, à des financements adaptés, aux semences, aux technologies et aux outils de notre siècle. Les conditions de travail agricole sans formation ni mécanisation adaptées sont telles que la production ne peut satisfaire les besoins. Les gouvernements locaux et puissances locales ont leur part de responsabilité mais les états plus riches ainsi que les organisations Onusiennes ont également leur rôle à jouer. D’autres structures plus petites comme AFDI œuvrent en tant qu’ONG dans le sens de renforcer les agricultrices et agriculteurs dans les pays en voie de développement afin qu’ils puissent produire plus et mieux. La FNSEA, qui en fait partie, soutient ces initiatives car aucun citoyen de la planète ne peut se sentir étranger au problème.
Ici en France, nous avons souvent autant de questionnements sur les risques de surpoids que sur la faim et la malnutrition. Cependant, avec l’augmentation de la population mondiale, la nécessité de produire plus et mieux incombe également à l’hémisphère nord. Agricultrices de France, notre première mission restera encore longtemps avant tout nourricière.
Toutes les femmes rurales ne sont pas agricultrices, mais toutes contribuent à cette mission de nourrir les peuples en rendant la vie en milieu rural plus socialement riche et vivante. Garder ouvert, vivant et accueillant notre milieu rural dépend beaucoup du maintien de la dualité des sexes dans nos campagnes. C’est cette mixité qui contribue à l’avenir du milieu rural. L’égalité des droits pour tous les exploitants reste une des demandes fortes de la Commission des Agricultrices afin d’encourager l’installation d’agricultrices et permettre à celles qui sont déjà installées de mieux vivre leur métier. Comment imaginer qu’en 2011 tous les exploitants et exploitantes ne soient pas pris en compte pour le calcul des compensations de Handicaps Naturels ? En quoi le fait d’être deux exploitants mariés en EARL amoindrit le handicap naturel au point de ne pas reconnaître chaque exploitant ? Au delà de cette demande, la question de reconnaissance du travail et du rôle des agricultrices reste au cœur de cette journée. Un statut et un revenu sont les deux fondamentaux pour construire un avenir pour les agricultrices, et ainsi un avenir pour nos belles campagnes !
L’universalité de cette journée nous invite à œuvrer ensemble pour plus de dignité et de pouvoir à toutes ces femmes de la terre. Notre avenir est lié où que nous nous trouvions sur le globe. Hommes et femmes en complémentarité, que nous soyons citadins ou ruraux, l’immense chantier de l’alimentation nous tend les bras. Alors oui, investir dans les femmes rurales, c’est investir dans la survie des peuples ; c’est investir dans l’avenir de l’humanité toute entière !
Commission Nationale des Agricultrices
En janvier dernier, la Commission régionale des agricultrices de la FRSEA Limousin invitait l’association Femmes France Niger à son assemblée générale. Basée à Limoges, Femmes France Niger lutte contre la pauvreté et les violences faites aux femmes dans un des pays les plus pauvres au monde. S’appuyant sur des groupements féminins locaux, l’association monte des projets visant à assurer aux femmes des moyens de subsistance. Lors de la rencontre avec les agricultrices limousines, trois projets étaient en cours. Le dernier en date prenait place en pays touareg où existent de nombreux campements de femmes souvent répudiées et sans aucun revenu. L’objectif de l’association était de leur fournir un petit troupeau de chèvres pour subvenir à leurs besoins et faire un peu de commerce. Pour ce projet, Femmes France Niger avait besoin de conseils en matière d’élevage. Les agricultrices limousines ont unanimement souhaité soutenir le projet et ont sollicité Geneviève Barat, éleveuse de chèvre en Haute-Vienne. Celle-ci a accepté de devenir la personne ressource de l’association pour ce projet. Compte tenu du contexte géopolitique nigérien, le projet en pays touareg est actuellement suspendu. C’est donc en territoire peulh au Sud-Ouest de Niamey que les premières chèvres devraient prochainement trouver refuge après des femmes du village de Guilliki.
P. Dumont