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Devenir agriculteur : bien plus qu’une question de production...

Dix futurs installés ont suivi la formation Devenir chef d'exploitation agricole des Jeunes agriculteurs du Cantal : dix jours de formation, réflexion et découverte intensives pour être acteur de son avenir.
 

Groupe de jeunes gens en visite à Rungis, revêtus de blouse de protection
Le groupe accueilli au Min de Rungis.
© JA15

C’est une formation unique en son genre, unique au sein de la profession agricole, unique au sein du tissu économique local et national. Nul autre que les Jeunes agriculteurs du Cantal proposent à de futurs jeunes installés une formation qui s’attache non seulement à les faire réfléchir individuellement et collectivement sur les forces et faiblesses de leur projet d’un point de vue économique, social, organisationnel, mais aussi à prendre le pouls de leur territoire, à en appréhender les opportunités et forces vives, autant qu’à mesurer les enjeux (géo)politiques qui conditionnent pour beaucoup l’avenir de leur métier. Depuis son lancement il y a une trentaine d’années et malgré des évolutions de format, la formation DCEA, devenir chef d’exploitation agricole, n’a pas varié de son ambition : donner à ces futurs agriculteurs toutes les clés de lecture, analyse et compréhension pour être acteur de leur projet professionnel et de leur territoire. En intégrant les évolutions qui traversent chaque période, l’actuelle étant frappée au sceau du changement climatique et des épisodes sanitaires. 

Une ouverture grand angle

Cet automne, ce sont donc dix jeunes en parcours d’installation aidée, qui ont suivi ce cursus accéléré qui les a conduit de Covial à Rungis, de la visite du marché au cadran de Mauriac à celle d’un éleveur producteur d’asperges, de la capitale aurillacoise à la salle des Pas perdus de l’Assemblée nationale. Sans oublier des séquences sur la conduite de projet, la communication, les techniques de négociation et le calcul du coût de production. Dix jeunes gens aux âges et parcours variés mais qui ont en commun cette année de tous s’associer en famille. Un point fort que chacun a salué. Certains, souvent les plus jeunes sortis depuis peu de la formation initiale, projettent d’inscrire leurs pas dans ceux d’un père ou d’un oncle, sans révolutionner les systèmes en place. D’autres, qui ont connu une étape salariée et d’autres univers avant de s’installer, ambitionnent une diversification, un nouvel atelier ou d’autres types de conduite, quitte à bousculer la génération en place, ce à quoi les partenaires de la formation, aux premiers rangs desquels les organisations professionnelles agricoles, les ont vivement encouragés, dans le cadre d’un dialogue constant. 
Portraits de ces jeunes Cantaliens, que ni la FCO ni les caprices de la météo n’ont entamé la motivation. 

Schéma familial...

Après un Bac pro CGEA, Nicolas Dejou a été chauffeur en intérim et salarié à mi-temps sur l’exploitation ytracoise de son père, avec lequel il va s’installer. L’élevage salers compte 150 mères, élevées sur 150 ha de prairies (et 60 ha de montagne), les mâles sont vendus broutards, et les vaches de réforme valorisées. L’installation de Nicolas s’accompagne d’un projet bâtiment. 
Profil assez similaire que celui de Pierre Malbo. Mais à Sainte-Marie, ce sont 150 aubrac (80 % de croisement) que son père et son oncle élèvent sur 143 ha de prairies, très morcelés. Après cinq années lui aussi comme chauffeur suivies d’un an d’aide familial, Pierre va rejoindre le Gaec qui engraisse chaque année dix génisses pour la boucherie, toutes les autres génisses, croisées, étant destinées à l’engraissement en France. Le Gaec finit également quelques animaux pour les filières BFA et Fleur d’Aubrac. Et le jeune homme ambitionne de développer la vente de reproducteurs, tout en étant conscients de la nécessité de s’oxygéner un week-end sur deux par exemple. 
Aubrac toujours pour Hugo Rossignol : particularité, ce dernier est déjà chef d’entreprise... paysagiste-élagueur à Saint-Urcize où il va intégrer le Gaec familial en tant que pluriactif, menant de front ces deux activités. Il souhaite conforter le travail génétique déjà bien engagé sur le troupeau de 60 mères (vente de broutards, de quelques animaux de reproduction, et d’animaux engraissés pour des restaurants parisiens) et construire un bâtiment pour le matériel et le stockage.
Direction Laveissenet où Quentin Salat va s’installer en janvier prochain avec son père qui traie une cinquantaine de laitières et soigne quelques aubrac. Un cheptel allaitant qui sera porté à une vingtaine de vaches, tandis que 66 ha vont être repris pour maintenir l’autonomie fourragère de l’exploitation. Principal bémol de cette dernière : le manque d’eau sur les parcelles obligeant à alimenter quasiment chaque lot à la tonne à eau.
Pas mal d’investissements à venir pour Julien Roussel de Moussages dont l’installation en Gaec va s’accompagner de nouvelles infrastructures notamment pour le lancement d’un atelier d’engraissement de génisses pour la filière Perle de Massif : bâtiment à logettes pour les vaches salers (110 à terme), bâtiment de stockage et bâtiment d’engraissement. Une finition qui bénéficiera de davantage de surfaces en maïs et de l’introduction de céréales dans l’assolement. 

... ou petite révolution 

À Marmanhac, Tom Perrié a lui bien l’intention de bousculer les habitudes où il va reprendre les parts de son grand-père dans le Gaec familial. Son idée : développer la vente de colis de viande, se doter d’un nouveau bâtiment.... et troquer la limousine pour une “race plus économique, qui valorise davantage le fourrage grossier”. Dans l’idéal, Tom aurait même voulu traire, mais ses futurs associés s’y refusent.
Sommelière, Alicia Miramon a travaillé pour des crus réputés du Bordelais et de la vallée de la Loire, avant de revenir dans le Cantal, de passer un CAP pâtisserie et de rejoindre l’exploitation familiale de Sainte-Eulalie, où elle projette d’ouvrir une activité de petite restauration en valorisant quelques limousines engraissées. À terme, elle se verrait bien planter quelques ceps de vigne et faire déguster son propre vin.
Cuisine et pâtisserie n’ont pas de secret pour Solène Duval qui, aux desserts, préfère les belles rousses du Gaec familial à Riom-ès-Montagnes. Gaec dont les produits sont valorisés dans la ferme auberge associée. Travailler en famille ne fait pas peur à la jeune femme dont l’installation s’accompagne elle aussi d’un nouveau 
bâtiment à aire paillée et d’achat de foncier.
Enfin, c’est en frères complices qu’Adrien et François Reygade innovent à Saint-Simon, avec un cheptel à deux pattes : chauffeurs tous les deux après diverses expériences salariées, ils se lancent dans l’élevage de canards. Près de 39 000 sortiront de leur bâtiment de 600 m2 à raison de deux bandes par mois et à destination de 
l’atelier de transformation de la Quercynoise, coopérative qui leur achètera leurs volailles. Une première étape avant, dans cinq ans, la reprise de l’élevage bovins de leur père.
 

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