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« Un relais important pour faire rayonner le département »

Une race de brebis, une centaine d’éleveurs regroupés au sein de l’association Élovel : c’est la formule gagnante qui a permis à la structure née en 1990 d’avoir pris sa place sur de nombreux marchés aujourd’hui, tout en gardant au cœur de son action la défense d’un territoire et d’une race. Une filière qui cherche de nouveaux éleveurs pour pérenniser sa production.

Des BMC en pâture
Des BMC en pâture
© Marion Ghibaudo

Pour obtenir un Agneau de Lozère IGP (sous indication géographique protégée), il faut tout d’abord une brebis. Et pas n’importe laquelle. Une blanche de Lozère (ou blanche du massif central depuis 1975). Une brebis adaptée au territoire, bonne marcheuse, rustique, qui a des qualités bouchères et laitières assez intéressantes pour élever leurs agneaux. Les animaux standards de race Blanche du Massif central (BMC) sont de taille moyenne et pèsent, adultes et selon leur régime alimentaire, entre 55 kg et 80 kg. Reconnaissables par leur tête blanche et fine, plutôt allongée, et des oreilles longues, elles possèdent également une toison blanche. Elles se caractérisent par leur docilité et aptitudes à la marche, essentielles pour valoriser le territoire pastoral sur lequel elles évoluent. 
 

Olivier Maurin, le président de l'association Élovel

 

Modeler un produit local et de qualité

Et pour modeler ce produit, basé sur des pratiques agricoles ancestrales, il faut aussi des éleveurs passionnés de leur territoire. Des agriculteurs regroupés au sein de l’association Élovel (élevage ovin et environnement en Lozère), avec pour objectif d’organiser différents acteurs autour d’une cause commune : valoriser l’agneau de Lozère.
La création de cette association est partie du constat par un groupe d’une vingtaine d’éleveurs que pour défendre leur savoir-faire et promouvoir leur production locale, il allait falloir se structurer dès le premier échelon : celui des éleveurs. « Bien leur en a pris, à nos fondateurs d’avoir eu la volonté de se regrouper, parce qu’aujourd’hui on se rend compte que toutes les productions qui ne se sont pas unies pour défendre un produit phare et garder la maîtrise de la chaîne localement, on voit leurs difficultés », souligne Olivier Maurin, président d’Élovel.
Près de vingt ans après son lancement en 2008, l’association Élovel obtient de haute lutte l’IGP Agneau de Lozère, une nouvelle étape dans la reconnaissance de cette production, avec un cahier des charges entièrement repris des pratiques déjà existantes de l’association. Et la reconnaissance ne s’arrête pas là puisqu’en 2020, la transhumance pratiquée par les bergers et les éleveurs, notamment Élovel, est reconnue comme patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
« Pour nous, ce qui est important, c’est que chaque paysan de Lozère et des cantons environnants travaillant au sein de l’IGP soient acteurs de leur développement et de leur réussite, et choisissent quel type de production ils veulent, comment ils veulent la commercialiser, quelle évolution ils veulent dans le temps de leur cahier des charges, etc. », souligne Olivier Maurin.
Élovel se bat aussi, depuis ses débuts, pour la rémunération de ses éleveurs. Un combat quotidien et toujours renouvelé, mais primordial pour les adhérents. « Aujourd’hui, on est à plus de 10 € le kilo carcasse pour les agneaux moyens, les B. C’est une filière qui assure une vraie rémunération ».
 

Une filière de territoire, avant tout

L’une des valeurs fondatrices d’Élovel est l’engagement de rester à taille humaine. « Cette association est partie de rien et est désormais constituée de près de 60 exploitations pour plus d’une centaine d’éleveurs, c’est positif », note Olivier Maurin. « Élovel a contribué fortement au maintien de coopératives de bétail locales et fait partie intégrante, aujourd’hui, de la coopérative Célia. C’est aussi dans les années 1990, en parallèle de la création de l’association, qu’a émergé l’idée de construire des outils d’abattage et de commercialisation vraiment lozériens. Sans cette filière et d’autres, il n’y aurait jamais eu de projet d’abattoir neuf comme celui d’Antrenas, par exemple ». Corollaire de ce développement, le maintien sur le territoire de nombreux éleveurs. De plus, ces associations en collaboration avec les outils d’abattoir ont contribué à faire rayonner les productions lozériennes dans l’hexagone et à l’international.
« En termes de maîtrise de la filière, de produits commercialisés, je trouve qu’on est aussi un relais important pour faire vivre notre département. On fait rayonner la Lozère avec notre production, notre image, notre transhumance, etc. », se félicite le président d’Élovel.
 

 

Baptiste Barrère, la défense d’une production locale

Baptiste Barrère est installé comme éleveur ovin depuis 2016. Dès ses premiers pas dans sa profession de cœur, l’agriculteur a souhaité rejoindre Élovel. Trois questions à… un fervent défenseur de production locale

Baptiste Barrère, entouré de ses enfants, dans sa bergerie.

Pourquoi rejoindre Élovel dès vos débuts ?
L’idée d’une filière où toute la chaîne de valeur reste concentrée en Lozère me plaisait vraiment. Avant de devenir agriculteur, j’en avais plus ou moins entendu parler, mais en m’installant, je me suis renseigné, et Élovel correspondait tout à fait à mon souhait de faire de l’agneau local, avec du sens. Cette filière incarne complètement ce que je voulais produire sur ma ferme. Dix ans plus tard, je suis convaincu d’avoir fait le bon choix, cette filière a su rester fidèle à ses valeurs, et c’est ce pourquoi je me suis engagé : élevage extensif, agneaux nés, élevés et abattus en Lozère, avec une grille tarifaire qui permet aujourd’hui de vivre de la filière ovin viande.

Pourquoi être entré au bureau d’Élovel ?
Je suis devenu vice-président en 2023, et je suis au conseil d’administration depuis plus longtemps. Je pense qu’il est très important de défendre le collectif, et c’est ma façon de m’engager et travailler pour cette filière et ses paysans. C’est une association qui appartient aux agriculteurs mais dont les agriculteurs doivent être acteurs. Je considère aussi mon rôle comme celui de relais des éleveurs engagés au sein d’Élovel, comme tous les administrateurs.

Comment faire évoluer cette filière de qualité ?
On espère que notre association va perdurer, et pour cela, il faut recruter de nouveaux adhérents, tout en confortant ceux qui sont actuellement engagés et continuent d’y croire. La question du recrutement nous occupe beaucoup, et je sais que de nombreuses filières au sein de l’agriculture se penchent sur ce sujet. Nous sommes dans un contexte difficile, mais on recrute en démarchant et en ouvrant nos fermes à ceux qui souhaitent voir ce que l’on fait, tout en conservant nos valeurs d’origine, dont la rémunération des éleveurs et la résilience de nos fermes.

 

 

Laëtitia Tichet, éleveuse engagée pour son territoire
Laëtitia Tichet est éleveuse ovine en Lozère avec son mari, et engagée auprès d’Élovel depuis vingt ans. En 2022, elle a souhaité s’impliquer plus avant en devenant vice-présidente de la filière. Trois questions à… une éleveuse passionnée.

Laëtitia Tichet, éleveuse Élovel engagée

Pourquoi s’être engagé auprès d’Élovel ?
Au début des années 2000, mon mari a rejoint la filière Élovel. En 2011, quand je me suis installée avec lui sur la ferme, nous avons développé le troupeau brebis. Pour nous, cette filière était une évidence. Et puis, la façon dont on travaillait correspondait au cahier des charges, c’était, déjà à l’époque, une filière rémunératrice et de qualité, tout en adhérant à une démarche positive. De plus, la production est abattue localement à Antrenas, un atout supplémentaire qui nous a convaincus de les rejoindre. C’est une petite filière qui ne demande qu’à se développer, nous sommes très fiers d’en faire partie, de cette filière humaine et familiale, qui participe au rayonnement de notre territoire.

Pourquoi être entrée au bureau d’Élovel ?
S’engager, donner de son temps, c’est compliqué, mais je souhaitais le faire, autant que faire se peut, c’est un engagement collectif. Et le bureau d’Élovel a la volonté d’avoir des représentants venus de tous les bassins de production.

Quels sont les dossiers pour lesquels Élovel se bat aujourd’hui ?
Au bureau, on se partage les tâches. Notre but, c’est vraiment de promouvoir l’Agneau de Lozère Élovel, que de nombreux éleveurs nous rejoignent, et défendre l’intérêt des paysans. En plus, nos pratiques concordent avec les demandes sociétales. On défend ce cahier des charges, des agneaux sous la mère, le pâturage, etc. J’envisage vraiment ce rôle comme d’être à l’écoute des éleveurs de la filière.

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