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Agriculture et souveraineté protéique de la France : entre utopie et réalité ?

La France n’est pas autonome en protéines végétales, que ce soit pour l’alimentation humaine ou animale. Pourtant, en valorisant davantage l’herbe et les fourrages, la France peut espérer réduire la part de protéines végétales d’importation.

Lors du Salon de l’herbe de Villefranche-d’Allier (03), le débat du 1er juin s’interrogeait si la souveraineté protéique de la France était une utopie ou une possibilité à plus ou moins long terme. En introduction de cette table-ronde, l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie montre comment la souveraineté protéique est un sujet hautement géopolitique. Les désorganisations liées au Covid-19 ont ainsi perturbé les livraisons de tourteaux de soja sud-américains. Plus récemment, les approvisionnements en tournesols ukrainiens sont bloqués alors que la France ne produit que le tiers de sa consommation. D’où la volonté de sécuriser davantage nos approvisionnements et de développer la souveraineté protéique française.

Des difficultés à surmonter pour cultiver des protéines françaises

Pour Laurent Rosso, directeur général de Terres Univia, l’interprofession des oléoprotéagineux, « la France est souveraine à 50 % pour les matières riches en protéines, c’est-à-dire les graines avec plus de 15 % de protéines. Grâce au colza et au biocarburant, on fait mieux que la moyenne européenne à 36 %. » Cependant, la dépendance en protéines végétales reste forte et les potentialités sont parfois entravées. « Chaque culture à ses préoccupations, décrit Laurent Rosso, par ailleurs directeur de l’institut technique dédié aux oléoprotéagineux, Terres Inovia. Les dernières variétés de féverole datent de plus de dix ans et les possibilités françaises en soja sont limitées. On peut y espérer en cultiver jusqu’à 400 000 hectares en poussant les murs. » Encore très loin derrière les producteurs nord et sud-américains. De plus, avec son exigence sociétale d’avoir des graines non-OGM, « l’Europe devient un marché atypique puisque le non-OGM ne représente que 9 % des cultures de soja dans le monde, regrette Jean-Pierre Fleury, ancien président de la Fédération nationale bovine. Avec plus de 340 euros de différence entre la tonne de soja non-OGM et celle OGM, l’éleveur ne peut que transférer ce surcoût aux consommateurs. » Difficile aussi de construire des filières protéiques solides face à la concurrence d’autres pays qui n’ont pas les mêmes exigences environnementales que l’Europe. Pas toujours facile non plus pour les agriculteurs français de se lancer dans des cultures de protéagineux parfois démunies techniquement face à des céréales aux prix rémunérateurs.

Des besoins d’accompagnements techniques des éleveurs

Pourtant, les intervenants de la table-ronde veulent croire à un Plan protéines qui relocalise la production en France ou en Europe. A condition d’y mettre du temps et des moyens. « Le Plan protéines doit être décennal car c’est un changement complet qui est attendu dans les usines agroalimentaires, dans les cultures ou dans les élevages, insiste Laurent Rosso. On ne réussira pas le Plan protéines sans investissement matériels et immatériels ». Pour faire baisser la pression sur les matières riches en protéines, l’élevage herbivore peut être une solution en valorisant davantage l’herbe et les fourrages qui sont aussi riches en matière azotée. L’herbe et les légumineuses pourraient ainsi être davantage exploitées à condition qu’éleveurs et conseillers soient bien accompagnés, formés et informés. « La gestion de l’herbe demande beaucoup de finesse », reconnait Jean-Pierre Fleury. La preuve avec Dominique Viallard, éleveur laitier bio du Puy-de-Dôme, qui a présenté son exploitation où l’herbe est une culture et à part entière, choyée du semis à la distribution et reconnue pour ses richesses et sa valeur alimentaire.

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