Accaparement du foncier agricole : pourquoi Terre de liens s’en prend aux chips Bret’s ?
L’association Terre de liens qui acquiert de petites fermes déplore dans son deuxième rapport la prise du contrôle du foncier agricole par des investisseurs privés dont le fabricant de chips Altho.
L’association Terre de liens qui acquiert de petites fermes déplore dans son deuxième rapport la prise du contrôle du foncier agricole par des investisseurs privés dont le fabricant de chips Altho.
[Mis à jour le 1er mars avec la réponse d'Altho]
Des chips « issues de l’accaparement des terres françaises »: sur un étal factice aux abords du Salon de l’agriculture, le mouvement Terre de liens a ciblé le 27 février la marque Bret’s (du groupe Altho), symbole selon l’association des « investisseurs qui prennent le contrôle » du foncier. Distribués aux passants, les produits « garantis 100% sans paysans » dénonçaient sur leur emballage ce groupe « passé maître dans l’art d’accaparer les terres bretonnes », aux dires de Terre de liens, rapportent nos confrères d’Agrafil.
640 000 ha possédées par des « sociétés agricoles financiarisées »
Aujourd’hui « les sociétés agricoles financiarisées (« des sociétés à capital ouvert qui permettent à des investisseurs non agricoles de prendre le contrôle des fermes », déplore Terre de liens), marquées par la présence d’investisseurs non agricoles, possèdent 640 000 ha de terres et contrôlent 14% de la surface agricole », affirme l’association dans la seconde édition de son rapport sur l’état des terres agricoles en France (à retrouver en bas de l’article).
« Près d'un quart des agriculteurs va partir à la retraite ces prochaines années, et ainsi libérer cinq millions d'hectares. Qui va reprendre ces terres, et que vont en faire les propriétaires? », a interpellé Coline Sovran, coordinatrice du rapport, lors d'une conférence de presse lundi 27 février au Salon de
l'agriculture à Paris. Parmi les investisseurs cités par Terre de liens, Chanel et L'Oréal « qui achètent des parcelles à prix d'or » (deux à quatre fois supérieur au marché) pour leurs plantes à parfum à Grasse, et le fabricant de chips Altho qui a acquis 1 700 hectares en Bretagne pour ses activités industrielles, selon Terre de liens, ou encore le charcutier Fleury Michon, avec « un élevage où naissent 6 000 porcelets par an ».
🏡 A l’occasion du @Salondelagri, @Terredeliens publie son nouveau rapport et lève le voile sur le sujet tabou de la propriété des terres agricoles en France. #SIA2023 #despaysanspasdesbusinessmanshttps://t.co/jYnxavk3fY
— Terre de Liens (@Terredeliens) February 28, 2023
Trois fermes passées dans le giron de la société Altho
Aiguillé par une source qui souhaite rester anonyme Terre de liens affirme dans son rapport que le directeur de la société Altho est également cogérant de la SCEA des Trois Ponts, gérant de la SCEA de Kergouet, de la SCEA Collin et de la SCI de Pendeff. Les trois SCEA touchent des aides de la Pac, totalisant 40 000 euros par an, et le groupe Atlho a touché sur deux années 1,5 million d’euros de la Pac au titre d’un soutien aux investissements physiques, via une aide du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).
Terre de liens estime que le nombre de SCEA a « doublé en 30 ans », dans son étude basée en partie sur le recensement et conduite avec le Cerema, un établissement public dédié aux politiques d'aménagement. L’association déplore le manque de garde-fous concernant ces sociétés dites à capitaux ouverts qui s'étendent via « un marché parallèle de la terre », échappant au pouvoir de régulation de la Safer.
Alors qu'une loi d'orientation agricole (LOA) doit voir le jour à l'été, l'organisation « appelle le gouvernement à agir pour mieux contrôler ces sociétés qui dessinent une agriculture sans agriculteurs ».