Changement climatique : vers une hausse des températures et des épisodes de sécheresse
Les différences régionales sont marquées entre la zone au-dessus d'une diagonale Sud-Ouest Nord-Est et celle en dessous, qui vit et vivra une nette hausse des températures estivales.
Les différences régionales sont marquées entre la zone au-dessus d'une diagonale Sud-Ouest Nord-Est et celle en dessous, qui vit et vivra une nette hausse des températures estivales.
Quel sera le climat dans un futur proche (2030-2059) et dans un futur lointain (2060-2099) ? Il existe plusieurs modèles de prédiction, mais tous prédisent une hausse globale des températures moyennes en France moins marquée sur le Grand Ouest, et davantage sur l'Est.
L'été se réchauffera davantage que l'hiver
Dans le scénario RCP 8,5 du Giec, où rien ne serait fait pour ralentir les émissions de gaz à effet de serre (GES), la hausse devrait être modérée (+1°C) dans un futur proche (2030-2059) et elle devrait s'accélérer dans le futur lointain (2060-2099) à +3,5°C par rapport à la période de référence (1986-2015). Le nombre de jours très chauds devrait augmenter et le nombre de jours très froids reculer. L'été se réchaufferait davantage (+5°C) que l'hiver (+2°C). Les pics de chaleur seront plus fréquents et plus précoces.
La variabilité des précipitations augmentera, suivant les années et les mois
Côté précipitations, les tendances sont moins nettes, avec des différences suivant les modèles. Néanmoins, tous les modèles font ressortir qu'il n'y aura pas forcément de baisse des précipitations en cumul annuel, ou une légère baisse. Mais leur répartition sera différente, avec moins de précipitations en été.
Les climatologues prédisent aussi plus de variabilité : de plus longues périodes sans pluie, des averses de plus forte intensité en peu de temps, des périodes de temps instables qui réduisent les fenêtres climatiques. Ces tendances s'observent déjà depuis quelques années. " Le changement climatique, ce ne sont pas que les sécheresses ; il y a aussi des printemps très pluvieux. La difficulté sera de gérer une succession d'aléas comme ceux de 2018 : un printemps pourri suivi d'un été très chaud et sec, avec un déficit de pluie sur le début de l'automne ", commente Jean-Christophe Moreau, de l'Institut de l'élevage.
L'évapotranspiration devrait augmenter
Climalait, le programme de recherche et développement initié et financé par le Cniel et piloté par l'Intitut de l'élevage(1), a réalisé des prédictions d'impact du changement climatique sur les système fourragers. Météo France a fourni pour cette étude des données climatiques simulées qui portent sur les températures, les précipitations, l'évapotranspiration (ETP)...
L'ETP représente la demande en eau exercée par le climat sur le sol et la plante. Elle devrait augmenter, surtout dans un futur lointain, de mai à octobre. Là où les températures augmenteront le plus, l'ETP progressera fortement. Les sécheresses seront donc plus nombreuses, et elles pourront s'étendre à l'ensemble de l'Hexagone, surtout à partir de la moitié du siècle.
Jean-Christophe Moreau nuance les prédictions. " Les écarts d'évolution d'ETP sont relativement faibles. Les données sont toutes issues de simulations, exprimées en moyenne sur 40 ans. Les données réelles peuvent montrer une réalité différente. Par exemple, ces trente dernières années, le Tarn a vécu une hausse de l'ETP plus marquée. " Les résultats sont donc à regarder en termes de tendances.
Les trois indicateurs du climat étudiés par Climalait
Le programme de recherche et développement Climalait(1) vise à caractériser le changement climatique de 29 petites régions. Le modèle de prédiction Aladin et le scénario climatique RCP 8,5 ont été retenus pour cet exercice de simulation. Dans ce scénario, les concentrations en gaz à effet de serre (GES) font plus que doubler d'ici la fin du siècle. Ce qui est assez probable si des mesures draconiennes de limitation des émissions ne sont pas prises immédiatement dans le monde.
Pour une analyse fine de l'impact sur les systèmes fourragers, Climalait s'est concentrée sur 29 unités laitières homogènes sur le plan pédoclimatique, du potentiel fourrager et des systèmes d'exploitation. Il manque la Savoie et le Massif central, les zones de montagne étant plus complexes à étudier. Le programme AP3C s'est penché sur le cas du Massif Central .
Et ailleurs en Europe ?
Dans le Sud de l'Europe, la production laitière souffrira encore davantage des pics de chaleur et des vagues de sécheresse.
L'Europe du Nord-Est (Allemagne, Pologne, Pays-Bas, Danemark) profitera du changement climatique, en dehors des risques liés à l'élévation du niveau des eaux. Cette zone bénéficiera de plus de précipitations au printemps et en été que sur le reste de l'année. Les conséquences seront une hausse des rendements en maïs et surtout en herbe.
En Europe centrale, la production laitière devrait aussi être plutôt favorablement impactée, avec des rendements de l'herbe et du maïs prévus en hausse.