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Viticulture : « Les principales économies d'eau résident dans l’optimisation de la période d’irrigation »

Le vignoble est l’un des postes les plus importants de consommation d’eau au domaine. Comment réduire les quantités d’eau consommées ? Réponses de Jean-Christophe Payan, ingénieur chercheur à l’IFV.

Chez Paul Esteve et Chrystelle Vareille, vignerons au Domaine des Miquettes, à Cheminas, en Ardèche, en appellation saint-joseph et vins sans IG

Parcelle de chasselas ...
L'idée est de commencer à irriguer la vigne au moment où le stress survient, et d’arrêter lorsque les conditions sont de nouveau satisfaisantes pour la plante.
© Clara de Nadaillac

Comment économiser de l'eau lors de l'irrigation ?

La vigne consomme très peu d’eau par rapport à d’autres cultures. C’est pourquoi les principales économies résident dans l’optimisation de la période d’irrigation, plutôt que dans l’irrigation elle-même. Plus précisément, l’idée est de commencer à irriguer au moment où le stress survient, et d’arrêter lorsque les conditions sont de nouveau satisfaisantes pour la plante. Pour cela, il faut avoir recours à un diagnostic à la parcelle.

Pour quelle méthode de diagnostic opter ?

 

 
Jean-Christophe Payan est ingénieur-chercheur à l'IFV.
Jean-Christophe Payan est ingénieur-chercheur à l'IFV. © J.-C. Payan

Au niveau de l’IFV, nous avons mis en place une méthode d’observation de la croissance des rameaux, qui permet de classer sa parcelle sur une échelle de contrainte hydrique. La méthode n’est pas très précise, mais elle est gratuite et facile d’accès : il suffit de télécharger une application mobile, ApeX Vigne. L’idéal est de coupler ce diagnostic avec le suivi de bulletins territorialisés qui rendent compte de la météo, du climat et des risques de stress hydrique. Certains syndicats délivrent des bulletins à petite échelle, qui sont très précis. À partir de ces informations, on choisit d’irriguer lorsque le stress hydrique est élevé.

Il existe aussi des enregistreurs de contrainte hydrique et de disponibilité en eau dans le commerce. Bien qu’ils soient très précis, cela représente un réel investissement, en temps et en argent. Il faut compter entre 580 et plusieurs milliers d’euros, et une réelle implication sur le terrain.

Quelle technique d’irrigation privilégier ?

L’IFV conseille le goutte-à-goutte, qui est beaucoup plus efficace que l’aspersion. Par ailleurs, le système est beaucoup moins cher à mettre en place. Il coûte de 1 800 à 2 000 euros par hectare, contre 6 000 à 8 000 euros pour l’aspersion.

Attention cependant à ne pas profiter de ce faible coût et de la praticité du système pour irriguer davantage. Les gestionnaires de réseau ont remarqué que la consommation d’eau augmente souvent après l’installation d’un système goutte-à-goutte. L’idée est justement de profiter de la précision du dispositif pour répondre à un besoin ponctuel, et non de le laisser allumé en continu.

Quelles sont les pratiques qui favorisent les capacités d’absorption de la vigne ?

Avant tout, il est primordial de maîtriser l’enherbement. Si le couvert est très important en hiver, il faut le détruire dès qu’un stress hydrique survient. En règle générale, on préconise de le retirer dès la fin du printemps, mais la date est ajustable en fonction des régions et des années. Pour les vignobles soumis à des risques d’érosion ou de tassement, on peut envisager un retrait progressif des couverts, en désherbant un rang sur deux d’abord, puis en retirant le deuxième rang plus tard.

Une autre clé est le travail du sol, surtout avant la plantation des vignes. Procéder à un sous-solage permet de gagner de grandes quantités d’eau stockée à chaque pluie. On dit qu’un centimètre de sol gagné à la plantation permet un stockage de 10 mm d’eau de pluie supplémentaire pendant toute la durée de vie du vignoble.

Existe-t-il d’autres leviers pour limiter sa consommation d’eau au vignoble ?

À l’IFV nous testons les effets de la densité de plantation sur la consommation en eau. Nous avons établi qu’une densité très élevée (entre 7 000 et 10 000 pieds par hectare en Méditerranée) est un facteur aggravant du stress hydrique. En revanche, pour de faibles densités, nous ne trouvons pas d’impacts positifs pour l’instant. Les études sont encore en cours.

Des techniques d’ombrage sont également à l’étude, qu’il s’agisse de filets, d’arbres ou de panneaux photovoltaïques. Pour le moment, les résultats indiquent que l’ombre entraîne une diminution de la contrainte hydrique, mais également un retard de maturité des grappes. Cela ne pose pas forcément de problème, mais c’est un élément qu’il faut prendre en compte.

Enfin, nous testons également l’utilisation d’hydrorétenteurs tels que les biochars. Les résultats ne sont pas encore sortis mais ce sont des solutions prometteuses.

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