Relevage de la vigne et confusion sexuelle en un seul passage

C’est une innovation 2 en 1 comme on les aime. L’entreprise M2i a mis au point une agrafe de palissage jouant également le rôle de diffuseur de confusion sexuelle contre eudémis : la Lobesia Pro Clip. Finis les passages intempestifs pour installer et retirer les diffuseurs. La pose se fait désormais lors de l’attachage ou du relevage de la vigne. Et le retrait n’est pas nécessaire, l’agrafe étant biodégradable. Il suffit de tendre les fils et/ou d’attendre sa chute au sol, et le tour est joué.

Lobesia Pro Clip est biosourcée et élaborée à base de dérivés d’amidon de maïs et de fibres de lin, « sans aucun microplastique ou solvant », insiste Johann Fournil, directeur de la communication de M2i. La phéromone est injectée dans l’agrafe lors du moulage, ce qui « garantit son intégrité et la diffusion longue et régulière dans le temps », indique-t-il. La diffusion dure de la pose aux vendanges. Et gros atout par rapport aux solutions de confusion sexuelle traditionnelles, « le dispositif est efficient dès un à deux hectares et non avec au minimum dix hectares d’un seul tenant », argue Johann Fournil.

1 200 agrafes par hectare pour une dose de 66 g d’actif par hectare

Lobesia Pro Clip doit être disposée sur le palissage avec des gants plastifiés avant la G2 du ravageur, ce qui correspond à une pose entre les stades phénologiques 55 (boutons floraux agglomérés) et 75 (petit pois). Elle est donc adaptée aux vignobles peu touchés par la G1. La dose recommandée par la firme est de 1 200 clips par hectare, soit 66 g d’actif ((E-Z)-7,9-dodecadien-1-yl-acetate) par hectare. « Les viticulteurs ayant l’habitude de mettre davantage d’agrafes peuvent en ajouter des classiques en complément », poursuit Johann Fournil.

Selon M2i, Lobesia Pro Clip a les mêmes caractéristiques qu’une agrafe classique, que ce soit ses dimensions (28 millimètres de long pour 14,7 de haut, encoche de 20,5 de large) ou ses capacités de résistance mécanique (résistance à une pression de 10,9 kg par saison). Lobesia Pro Clip est homologuée depuis fin 2023 et commercialisée depuis cette année par le négoce Actura, à un tarif similaire à celui d’une solution de confusion sexuelle classique. « Mais pour ce prix-là, avec Lobesia Pro Clip, vous avez en plus une agrafe », souligne le directeur de la communication.

Le domaine Triguedina, à Vire-sur-Lot, dans le Lot, a testé ce produit en 2023, sur 3 hectares de malbec. « L’avantage est que la pose des clips se fait lors du levage, confirme Damien Beck, directeur technique du domaine. Cela évite de devoir réaliser un passage spécifique pour les capsules, c’est beaucoup moins contraignant que les autres diffuseurs. » De même, si les agrafes ont bien joué leur rôle de maintien du palissage jusqu’aux vendanges, elles sont tombées lors de la tension des fils et se dégradent assez vite. Ce qui évite là aussi un passage spécifique pour les ôter.

Un produit qui protégerait jusqu’aux G3 et G4

Mais surtout, l’intérêt de ce produit serait de pouvoir couvrir les dernières générations de la tordeuse. « Jusqu’à présent, les solutions en confusion sexuelle devaient être posées tôt en saison et c’était dur d’avoir une rémanence jusqu’en G3, voire G4, regrette le directeur technique. Et en chimique, cela nécessite un passage spécifique dirigé vers les grappes, à un moment où au mieux on traite le haut du feuillage pour le mildiou mosaïque. Sans compter que notre objectif est d’utiliser le moins d’insecticides possible, surtout quand on se rapproche de la vendange. »

L’an dernier, il a donc protégé la vigne contre la G1 de l’insecte par un traitement chimique classique. « Cela permet d’avoir des G2 et G3 moins étalées », note-t-il. Puis il a posé les clips au levage, et a constaté une bonne efficacité de la protection jusqu’à la fin de la saison. « La pression était normale et cela a bien fonctionné, témoigne Damien Beck. Mais c’est à confirmer une année de forte pression. » Cette campagne, il va donc retester les clips sur 5 hectares. Le fait que ces agrafes ne protègent que contre eudémis n’est pas un problème pour le domaine, qui n’a que peu de cochylis. À noter que le directeur technique n’a pas relevé de soucis de maux de tête ou de santé particuliers suite à la pose de ces agrafes.