Viticulture de conservation des sols : 6 conseils pratiques pour se lancer
Les techniques de conservation des sols font de plus en plus d’adeptes en viticulture. Voici quelques conseils pratiques si vous souhaitez sauter le pas.
Les techniques de conservation des sols font de plus en plus d’adeptes en viticulture. Voici quelques conseils pratiques si vous souhaitez sauter le pas.
Faites le point sur l’état de votre sol
Regarder l’état des vingt premiers centimètres du sol à la bêche est un préalable indispensable, estime Matthieu Archambeaud, agronome fondateur de l’entreprise Icosystème, car on ne sème pas de la même manière sur un sol tassé ou bien structuré. On ne peut implanter des végétaux que dans des sols bien organisés. Si le sol est tassé, il faudra donc le travailler avant de semer, « pas forcément de manière très profonde » relativise l’expert.
Semez les couverts à la bonne période
L’objectif est que les engrais verts terminent leur cycle végétatif durant la dormance de la vigne. Les plantes doivent donc fleurir en mars-avril. Pour ce faire, il est recommandé de les semer en fin d’été, début d’automne. « À partir de septembre dans le Sud, précise Matthieu Archambeaud, et avant vendanges dans le Nord. »
Choisissez les bonnes espèces d'engrais verts
Les engrais verts à implanter peuvent être un mélange de 5 à 10 espèces, légumineuses, (pois, féverole), trèfles, moutarde/radis, tournesol, lin, graminées. « Il faut juste veiller à ce qu’il y ait bien des fabacées (légumineuses) afin que le retour en azote dans le sol soit suffisant pour subvenir aux besoins de la vigne », met en garde le fondateur d’Icosystème.
Adaptez le semis à votre technicité et à votre sol
Il y a deux manières de semer : par semis direct ou par travail superficiel suivi d’un semis (en ligne ou à la volée) puis d’un roulage. Agronome et fondateur de La Belle Vigne, Konrad Schreiber est favorable à la seconde solution lorsque l’on débute. Tout comme Matthieu Archambeaud, qui confirme que le semis direct ne peut s’envisager que dans un second temps, lorsque le sol est en bon état.
Réussissez votre semis dans les vignes
La bonne qualité du semis est primordiale et prépondérante par rapport au choix des graines et du mélange. Pour ce faire, il faut qu’il y ait une continuité correcte dans la structure du sol afin d’avoir un lit de semences adapté. Les graines doivent ensuite être déposées superficiellement. « Il est interdit de semer une graine en profondeur, prévient Konrad Schreiber. En gros, l’enfouissement doit correspondre à son épaisseur. Car toutes les graines poussent à la surface du sol. Même la féverole germe avec des semis à la volée suivis d’un roulage. » Il préconise donc une profondeur d’1 cm. Pour sa part, Matthieu Archambeaud conseille de placer les graines entre 2 et 5 cm maximum, avec un appui correct derrière. Il suggère une vitesse de semis comprise entre 3 et 4 km/h en semis direct, et entre 5 et 6 km/h lorsque l’on déchaume en même temps, « car il faut aller plus vite pour créer de la terre », rappelle-t-il.
La dose doit également être adaptée. « On trouve facilement des préconisations de doses adaptées aux grandes cultures, pointe l’agronome d’Icosystème. Il suffit de les doubler pour la viticulture. »
Déterminez le bon système de destruction du couvert
« Il faut gérer le couvert végétal comme si on possédait un troupeau de vaches, illustre Konrad Schreiber. On laisse pousser l’herbe, on la roule à la floraison et ensuite on la garde rase, via un rouleau par exemple. » Matthieu Archambeaud est plus nuancé. Il estime que le mode de destruction varie selon le stade de développement de la plante. Si elle atteint la fin de son cycle avant le printemps, le mieux est en effet de la rouler. En revanche, si le cycle se termine plus tard, il juge qu’il vaut mieux réaliser un mulch (intégrer les adventices au sol par un travail superficiel) avec des disques.
Des économies ?
L’agriculture de conservation ne permet pas de faire d’économies. Au contraire, c’est un réel investissement : il faut acheter un semoir, un rouleau ou des disques, les graines. « Il s’agit de ré-investir dans la qualité des sols pour améliorer la durabilité, favoriser la résistance au changement climatique, etc., rappelle Matthieu Archambeaud. Au bout de dix ou quinze ans, ce mode de conduite de la vigne a un réel impact sur la fertilité, ce qui diminue le coût. »