Vers une diversification des porte-greffes
Les recherches sur les porte-greffes battent leur plein. Focus sur les différents travaux avec Nathalie Ollat, de l’Inra de Bordeaux.
Les recherches sur les porte-greffes battent leur plein. Focus sur les différents travaux avec Nathalie Ollat, de l’Inra de Bordeaux.
Mieux comprendre le fonctionnement des porte-greffes de la vigne, et en créer de nouveaux. Tels sont les axes de recherche sur lesquels planche l’ISVV de Bordeaux depuis une quinzaine d’années. « Ce matériel devra bien évidemment servir de rempart contre le phylloxera, explique Nathalie Ollat, de l’Inra de Bordeaux. Mais il aura également pour objectif de contrôler les contaminations par le court-noué, et devra présenter un bon enracinement, une bonne production de bois et une gamme d’adaptation aux conditions de l’environnement, à savoir la résistance à la sécheresse, aux sols chlorosants, etc. »
Cette création variétale s’effectue par hybridation classique, avec la même mère que celle employée pour l’obtention du Nemadex d’Alain Bouquet, qui est croisée avec des porte-greffes existants ou des espèces sauvages en collection. « Nous aimerions arriver à un ou deux porte-greffes qui apportent un vrai plus, d’ici une quinzaine d’années », indique la chercheuse. Parallèlement à cela, différents porte-greffe étrangers sont expérimentés, afin de répondre à des contraintes hydriques plus marquées. Le but est d’en proposer quelques-uns à l’inscription dans une dizaine d’années.
Identification de marqueurs moléculaires
Pour accélérer le travail de sélection, les chercheurs travaillent sur l’identification de marqueurs moléculaires, concernant la résistance au phylloxera, le comportement vis-à-vis du nématode vecteur du court-noué, ou encore l’enracinement. « Nous commençons à avoir quelques idées sur les marqueurs vis-à-vis du nématode, poursuit Nathalie Ollat. Nous venons donc d’implanter dans des parcelles très contaminées des porte-greffes triés en fonction de la présence de ces marqueurs, pour vérifier s’ils sont pertinents. »
Les chercheurs s’intéressent également à la nutrition azotée et la vigueur conférée. « Nous avons mis en évidence de grosses différences entre porte-greffes, note Nathalie Ollat. Riparia Gloire de Montpellier répond ainsi beaucoup plus aux teneurs en azote du sol que le 1103P, ce qui peut éventuellement expliquer que les différences de vigueur s’expriment davantage en milieu pauvre. » Autre avancée : on sait dorénavant que les interactions entre le porte-greffe et le greffon démarrent dès la réalisation de la greffe, avec un processus de reconnaissance hôte-non hôte. Et que le porte-greffe a une capacité à transférer les minéraux vers la partie aérienne qui peut différer en fonction des signaux envoyés par le greffon !