Onologie de demain
Une infusion de plastique pour éliminer les TCA
Que faire d´un vin contaminé par des TCA ? Ces molécules, à l´origine des goûts moisis bouchonnés, proviennent non seulement du liège des bouchons mais aussi des bois de construction des chais ou des palettes. Dans ce cas, elles peuvent polluer des cuves entières de vin, laissant le vinificateur désemparé devant l´ampleur du désastre. Car il suffit de quelques ng/l de TCA pour rendre le vin inconsommable et aucune pratique oenologique n´a donné satisfaction à ce jour pour les éliminer sans nuire à la qualité du vin. La société Thalès tente d´y remédier. Elle propose un procédé de décontamination basé sur l´adsorption des TCA par un film plastique. " Ce plastique a été sélectionné pour sa propriété à fixer spécifiquement les molécules organohalogénées ", explique Dominique de Beauregard, responsable recherche et développement chez Thalès. Il adsorbe non seulement les TCA mais également d´autres molécules responsables de goûts moisis, comme les TeCA et les PCA (tétra et penta chloroanisoles) ainsi que les TBA (tribromoanisoles) et serait " sans incidence organoleptique majeure pour le vin ".
En pratique, il suffit de laisser tremper des feuilles de film plastique dans les cuves polluées et de les remplacer toutes les 24 heures.
Des essais préalables sont conseillés pour déterminer la surface de plastique à apporter. A titre d´exemple, " 200 cm2 de film par litre, appliqués pendant une semaine suffisent pour récupérer un vin fortement contaminé ".
La Faculté d´oenologie de Bordeaux a comparé, sur un rouge de première côtes de bordeaux, le traitement plastique aux quelques pratiques oenologiques (non autorisées) susceptibles d´éliminer les mauvais goûts : à savoir des ajouts d´huile de pépins de raisins, d´un mélange lait entier/crème fraîche et de granulats de liège. C´est le traitement à l´huile qui s´est révélé le plus efficace pour éliminer les molécules de TCA, suivi du plastique. En revanche, à la dégustation le traitement plastique a été nettement préféré car il ne laisse aucune fausse odeur au contraire de l´huile qui génère des goûts rance.
Le procédé n´est bien sûr pas autorisé en Europe et il vient tout juste de faire l´objet d´une présentation à l´OIV.
En revanche, il est opérationnel en Afrique du Sud depuis trois ans, sans aucune restriction réglementaire. Des Australiens et des Californiens s´y intéressent également, " autant pour les vins haut de gamme que les autres ", précise Thalès. Car, à moins de 0,50 euro le litre, le coût reste abordable.
Thalès à Cestas (33), Tél. 05 57 96 44 00, www.thales.fr