[Dossier] Le Viticut, un outil pour rouler et défibrer le couvert hivernal en vigne
Le Gaec Touche au Roy s’est équipé d’un rouleau destructeur de couverts Viticut, un outil intermédiaire entre le rolofaca et le broyeur.
Le Gaec Touche au Roy s’est équipé d’un rouleau destructeur de couverts Viticut, un outil intermédiaire entre le rolofaca et le broyeur.
« C’est le premier outil de ce genre en viticulture », annoncent Alain Roux et son fils Florian. Le Viticut est un rouleau destructeur de couverts viticoles issu de la version céréalière baptisée Biola du constructeur ardennais Bionalan. Alain est en Gaec avec son frère Didier sur 120 hectares de grandes cultures et 28 hectares de vigne à Pons, en Charente-Maritime. Son fils Florian est fraîchement installé sur 4 hectares de vignes et 20 hectares de grandes cultures. Les deux exploitations réalisent en parallèle diverses prestations de service. Les premiers hectares de couverts en vigne devraient être implantés à la fin de l’été. « Ce sera probablement un mélange de féveroles, dont à terme nous produirons nous-même les semences sur les surfaces céréalières, de radis, pour travailler le sol en profondeur, et de trèfle nain, confie Florian Roux. En plus de travailler le sol et d’y apporter de la matière organique, ces couverts captent l’azote de l’air et le restituent progressivement. » « Aussi, avant d’implanter ce couvert, nous voulions être certains d’avoir l’outil
efficace pour le maîtriser », poursuit Alain Roux. Dans un premier temps, les exploitants hésitent entre le broyeur de l’exploitation et un rolofaca, avec comme optique de détruire le couvert en fin de printemps. Le broyeur est vite écarté, car son ouverture, trop basse, n’est pas adaptée aux couverts pouvant atteindre 1,40 m. « De plus, la chambre d’agriculture estime que les broyeurs réalisent un hachage trop fin, ajoute Alain Roux. Pour former un paillis efficace qui limitera les repousses, il faut défibrer grossièrement. » Déjà habitués aux couverts sur leurs parcelles céréalières, Alain et Florian ont également cerné les limites des rouleaux dans les couverts trop vigoureux. « Notre crainte était que le rolofaca ne parvienne pas à empêcher la culture de se redresser après son passage, avoue Alain Roux. Parfois, une pluie et du soleil derrière permettent au couvert de repartir. »
En rolofaca et broyeur
À force de recherche sur le web, Florian Roux découvre le rouleau destructeur Biola, du constructeur Bionalan. Cet appareil de grandes cultures se compose de deux rouleaux : posé au sol, un rouleau arrière entraîne un gros rouleau avant, légèrement au-dessus du sol, doté d’une multitude de crochets montés en spirale. Un jeu de pignonnerie et de chaînes permet au rouleau arrière d’animer le rouleau avant à une vitesse de rotation multipliée par trois. De ce fait, les crochets découpent et défibrent la végétation. Le Gaec décide de contacter le constructeur pour savoir s’il peut construire un modèle de 1,40 m de large. Bionalan relève le défi et livre en début de saison 2020 un prototype de la largeur demandée.
Les essais réalisés sur différents couverts en grandes cultures et dans les vignes des environs donnent pleinement satisfaction. « Les tiges de féveroles sont défibrées et découpées en tronçons d’une vingtaine de centimètres, résume Florian Roux. C’est le résultat que l’on attendait. » Seul un roulement doit être renforcé et le système de tension de chaîne amélioré pour peaufiner l’appareil. L’outil est monté sur le relevage avant. « De cette façon, on ne roule pas sur le couvert avant que celui-ci soit déchiqueté. Cette position me permet de garder l’espace entre roues du tracteur libre pour les disques émotteurs. De même que le relevage arrière pour un autre outil », confie Alain Roux, habitué à combiner les outils par passage : le premier combiné gyrobroyeur-rogneuse, assemblé maison, affiche déjà vingt saisons au compteur.
Côté vitesse de travail, le Viticut évolue à une moyenne de 8 km/h dans les vignes et le tracteur de 90 chevaux qui l’entraîne ne peine pas lorsqu’il pousse la vitesse à 10 km/h. « Un tracteur de 70 chevaux pourrait l’emmener sans problème », estime Alain Roux, qui apprécie, aussi bien pour les oreilles que pour la consommation, d’évoluer à régime moteur bas, contrairement à un broyeur. Quant au prix, le Viticut leur a été facturé 4 000 euros, près de 30 % moins cher que le devis qu’ils ont reçu pour un rolofaca de même largeur.