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Quand spectroscopie et ozone servent la vigne

L’École d’ingénieurs de Purpan ou EIP, située à Toulouse, a récemment organisé sa première journée recherche & développement en viticulture et œnologie. Deux techniques novatrices ont été présentées.

Les analyses spectrales des feuilles ont été confrontées aux analyses chimiques pour établir un modèle de prédiction.
© École d'ingéneurs de Purpan

Un nouvel outil pour caractériser l’état physiologique de la vigne

L’objectif de cette recherche est de développer un outil utilisant la spectroscopie proche infrarouge (IR) pour réaliser à la parcelle un diagnostic rapide de l’état physiologique de la vigne. Cette recherche (1) qui s’inscrit dans le cadre du projet Viti Optimum 2.0 mené sur quatre ans (2017/2020) est portée par la coopérative tarnaise Qualisol. "L’avantage avec la spectroscopie proche infrarouge, explique Sébastien Cuq, ingénieur de recherche chargé du projet à Purpan, est que nous pourrons utiliser à la parcelle un appareil compact qui donnera, à partir d’une vingtaine de points de mesure effectuée en 'contact', une réponse in situ sans préparation préalable d’échantillons."

La première étape de l’étude consiste à mettre au point un modèle de prédiction de l’état physiologique. Pour cela, des échantillons ont été prélevés dans les vignobles de Moissac et Fronton sur 63 parcelles de quatre cépages (chasselas, muscat, négrette, sauvignon blanc). Trois organes ont été étudiés (limbe, pétiole, baie) à trois stades différents (floraison, petit pois, mi-véraison). Analyses chimiques et spectrales ont ensuite été confrontées pour établir le modèle de prédiction. Les premières analyses ont notamment porté sur le carbone, l’azote et le soufre. Pour l’azote, le modèle permet de déterminer de manière précise le niveau de cet élément dans les organes étudiés. Pour le carbone, la prédiction s’avère plus complexe et l’objectif sera de produire un diagnostic par classe liée à la qualité d’alimentation (vigne bien alimentée, trop alimentée ou pas assez). Début 2019, la publication des résultats intégrant les dernières analyses sur sarment, l’organe de mise en réserve, devrait permettre d’y voir plus clair. Quant au soufre, son étude est difficile car les carences sont rarement observées, beaucoup de traitements étant à base de soufre. En 2019, les premiers résultats sur calcium, phosphore, magnésium et potassium seront étudiés. L’étude se poursuivra par le test de validité du modèle à partir des données constatées "au champ" en conditions réelles et par de nouveaux prélèvements. La mise à disposition aux conseillers "terrain" d’un outil finalisé est programmée pour fin 2021.

L’action désinfectante de l’eau ozonée

Le traitement à l’eau ozonée a un effet sporicide sur les stades précoces de développement des spores des deux principaux champignons associés aux maladies du bois de la vigne, Phaeoacremonium minimum et Phaeomoniella chlamydospora. Cette capacité de désinfection a été constatée lors de travaux menés in vitro et sur vignes modèles en laboratoire de 2015 à 2018. "Ces travaux, qui mettent en avant l’intérêt que pourrait avoir l’ozone comme agent préventif pour limiter ces contaminations primaires, sont intéressants car il s’agirait d’une solution innovante et surtout non rémanente pour réduire la pression fongique", explique Marielle Pagès, enseignante-chercheuse au sein de l’École d’ingénieurs de Purpan. Cette technologie a été étudiée en pépinière par trempage des bois. Les résultats encourageants de cette méthode seront publiés prochainement. Quant à l’application par pulvérisation sur vigne, cette voie reste à optimiser, notamment pour parvenir à lever le principal verrou technique associé, à savoir le phénomène de désorption de l’ozone en cours de la pulvérisation. Une thèse démarre début 2019 pour préciser les paramètres pouvant atténuer ce phénomène et pour tester une technologie de pulvérisation innovante qui pourrait en partie résoudre cette problématique.

(1) Financée par la région Occitanie, l’UE, Agri Sud-Ouest Innovation, l’IAR et la BPI France

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