Pulvérisateur viticole : « le Wulp Viti de Praysbee réduit la dérive de 90 % »
Jean-Yves Aubin, responsable d’exploitation charentais, a testé le pulvérisateur Wulp Viti en fin d’année 2022 et au début de cette campagne 2023. Verdict.
Jean-Yves Aubin, responsable d’exploitation charentais, a testé le pulvérisateur Wulp Viti en fin d’année 2022 et au début de cette campagne 2023. Verdict.
« C’est un matériel léger, qui s’adapte sur n’importe quel pulvérisateur, et évite les problèmes de voisinage », s’enthousiasme Jean-Yves Aubin, responsable d’exploitation aux Vignobles Lescure, à Claix, en Charente. Ce matériel en question, c’est le Wulp Viti de Praysbee ; un pulvérisateur à jet projeté et circulation semi-continue, permettant de diminuer la dérive de 90 %.
Jean-Yves Aubin s’en est équipé en 2022. « J’avais besoin d’un appareil me permettant d’être en HVE et CEC (Certification environnementale Cognac), retrace-t-il, et qui ne soit pas trop onéreux. » Il devait en outre pouvoir couvrir 50 hectares en deux jours. Le Wulp remplissant ces critères, le vigneron a sauté le pas. « J’ai pris le prototype et ai un peu servi de cobaye, ce qui fait que cela ne m’a coûté que 7 500 euros », indique-t-il.
Une rampe qui s’adapte sur n’importe quel matériel
Il a adapté la rampe de pulvérisation sur une vieille désherbeuse, dotée d’une cuve de 600 litres. Le châssis s’installe à l’avant de son tracteur, la cuve étant portée à l’arrière. « Ce n’est pas optimal, tempère Jean-Yves Aubin. S’il y a du vent, cela engendre des projections sur le capot du tracteur, ce serait mieux si la rampe était à l’arrière. » Cette configuration a donc un impact sur le nettoyage du tracteur. En revanche, la rampe en elle-même se nettoie vite et facilement, car « il n’y a pas grand-chose et le haut n’est pas sale » témoigne-t-il.
La rampe contient sept jets par rang : trois de part et d’autre du rang et un au-dessus. Jean-Yves Aubin y a monté des buses Lechler antidérives vertes de 110° (premiers et derniers jet des descentes) et orange de 130° (jets du dessus et du milieu des descentes). « Ces dernières sont bien couvrantes, rapporte-t-il. Les gouttes sont plus grosses qu’avec les 110° mais elles pénètrent quand même bien. Et cela fonctionne également dans les arcures hautes. » Le grand angle de ces buses permet un meilleur croisement des jets. Chaque descente est suspendue par un gyroscope, lui permettant une rotation.
Un gyroscope permet à chaque descente d’osciller
Le responsable d'exploitation apprécie ce système d’oscillation qui favorise une bonne pénétration dans le feuillage et dans la zone des grappes. Plusieurs vitesses d’oscillation sont proposées. En début de campagne, il a tourné avec le programme 1, qui est le plus lent. Puis, lors du second traitement, il est passé en programme 2. Et au 3 à partir du troisième traitement. « Lorsque l’oscillation est rapide, cela favorise une meilleure pénétration », estime-t-il.
En 2022, il n’a eu aucun mildiou malgré 125 mm en pleine végétation, au mois de juin. Et cette année, malgré une pression record, il n’a eu que quelques taches sur feuilles sur les entrecœurs ; aucune attaque sur grappes. Néanmoins, lors du cinquième traitement, deux électrovannes ont eu des soucis. « Elles s’ouvraient et se fermaient mal, expose le responsable d’exploitation. Du coup, j’ai arrêté de traiter avec à partir de ce moment-là. » L’entreprise Praysbee s’est engagée à les lui changer pour des électrovannes plus puissantes et plus robustes. L’entreprise Praysbee signale d’ailleurs qu’elle reprend chaque rampe après chaque saison pour une révision complète (permettant une garantie supplémentaire) afin de livrer un appareil conforme avant le début de la saison suivante.
De grosses économies de bouillie à la clé
Mais cette avarie n’a pas entamé l’intérêt de Jean-Yves Aubin pour l'appareil. Il considère que l’économie de produit engendrée par le Wulp est très intéressante. « Il n’y a aucune turbulence, décrit le responsable. La réduction de la dérive est de l’ordre de 90 %. » En 2022, il a économisé entre 20 et 25 % de produit sur trois passages, « ce qui a payé l’appareil », souligne-t-il.
Cette année, lors du premier traitement, les 2 et 3 mai, il n’a ouvert que le jet du bas, et pense avoir économisé 65 à 70 % de produit. « Avant, avec mon pulvérisateur Nicolas, lors du premier traitement, je traitais 13 hectares avec 1 000 litres, détaille-t-il. Avec le Wulp, j’ai couvert 23 hectares avec 600 litres. » Lors du second traitement, les 15 et 16 mai, il a ouvert deux jets, ce qui lui a permis de protéger 18 hectares avec un plein de 600 litres. Sur le troisième traitement, il a actionné tous les jets des descentes et est passé à 50 l/ha, un plein lui permettant de couvrir 12 hectares. Lors du dernier traitement avec cette rampe, il a ouvert tous les jets des descentes et aussi celui au-dessus du rang, pour un volume par hectare pratiquement similaire.
Il n’a jamais eu de problème de bouchage des buses bien qu’il mélange beaucoup de produits. Lors du premier traitement, il a ainsi mis de l’Amaline Flow et du Coproxat (total de 3,2 l/ha), du Microthiol Special Disperss (2,4 l/ha), du Qualicrops (1 kg/ha) et du Sticman (0,100 l/hl). Lors du second passage, il a mélangé du Privest (2,5 l/ha), du Mayandra (0,5 l/ha), du Qualicrops (1 kg/ha), de l’Iron B13 (1 kg/ha) et du Sticman (0,100 l/hl). Puis les 30 et 31 mai, juste avant la fleur, il est passé avec du Pass Orondis Zongruum (0,5 l/ha), du Conydia (0,45 l/ha), du Silicrops (0,2 l/ha), du Picabore (1 l/ha), du Crops Amino + (2 l/ha), du Qualicrops (1 kg/ha) et du Sticman (0,100 l/hl). Et au moment de la fleur (14 et 15 juin), il a traité avec de l’Hudson pro pack (3 kg/ha), du Microthiol Special Disperss (1 l/ha), du Luna Sensation (0,2 l/ha), du Silicrops (0,2 l/ha) et du Sticman (0,100 l/hl). Et tout cela sans souci. Jean-Yves Aubin insiste néanmoins sur l’importance de disposer d’un très bon mélangeur et d’une bonne filtration.
Une vitesse de travail élevée, autour de 7,2 km/h
La vitesse de travail est bonne, il tourne à environ 7,2 km/h dans les zones plates en traitant deux rangs complets simultanément. Il se cale sur un régime de prise de force de 540 E et règle la pression de la pompe à 5 bars. Il veille bien à ce qu’elle ne tombe pas à moins de 4,5 bars.
Toutes les fonctionnalités de la machine, à savoir la vitesse d’oscillation, les électrovannes et l’écartement de chaque descente, se gèrent depuis un boîtier en cabine. « Toutes ces manettes et ces boutons, cela peut faire peur, reconnaît Jean-Yves Aubin. Mais c’est le jour et la nuit avec des réglages manuels. Je recommande vraiment de prendre cette console. »
Parallèlement à cela, Jean-Yves Aubin observe que cette rampe est très légère (moins de 6 kg par module), ce qui limite les tassements du sol, mais aussi la consommation de carburant. « Je peux presque traiter tout le domaine avec un seul plein quand, avant, cela ne me permettait de faire que 10 ou 11 hectares, apprécie-t-il. C’est bon pour l’empreinte carbone, pour l’usure du tracteur et pour le portefeuille. » En revanche, sa version « prototype » ne disposait pas d’écartement électrique de la rampe ni de carénage suffisant. Deux « défauts » qui ont été supprimés sur les versions actuellement commercialisées. Dernier atout : le faible bruit de l’appareil, le seul son étant celui de la prise de force animant la pompe et du moteur du tracteur. « Cela évite les problèmes de voisinage car il n’y a pas de turbine, donc les voisins n’entendent pas le pulvérisateur lorsque nous le passons », se réjouit Jean-Yves Aubin. Un atout et non des moindres !
repères
Vignobles Lescure
Surface environ 50 hectares
Dénominations fin bois cognac et pineau
Encépagement ugni blanc, merlot, colombard
Topographie un peu de coteaux mais régulier
Types de sols argilo-calcaire, doucins, rochers
Largeur interrang 3 mètres
Nombre de salariés 5
Production annuelle environ 4 000 bouteilles
Circuit de commercialisation vrac
fiche technique
Wulp Viti de Praysbee
Technologie jet projeté sans assistance d’air, sur rampe oscillante
Configuration testée deux rangs complets
Rétrofit s’installe sur tout type de pulvérisateur
Poids d’une descente inférieur à 6 kg
ZNT/DSR homologué par le ministère de l’Agriculture comme matériel d’application permettant de diminuer la dérive de pulvérisation des produits phytopharmaceutiques
Prix catalogue de la configuration testée 1 600 euros pour la rampe, plus 1 000 euros pour le pupitre, plus montage sur le matériel existant
Éligible aux aides financières pour les agroéquipements environnementaux viticoles
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