Pourquoi l’enquête sur l’agrivoltaïsme de Radio France fait débat ?
La cellule investigation de Radio France a diffusé, le 4 janvier 2025, une enquête dédiée à l’agrivoltaïsme. Certains professionnels du secteur regrettent une « vision partielle » de l’activité, et l’absence d’informations relatives à son cadre juridique. Décryptage.
La cellule investigation de Radio France a diffusé, le 4 janvier 2025, une enquête dédiée à l’agrivoltaïsme. Certains professionnels du secteur regrettent une « vision partielle » de l’activité, et l’absence d’informations relatives à son cadre juridique. Décryptage.
« La FFPA souhaite exprimer sa profonde consternation quant à une succession de reportages donnant une vision partielle et tronquée de l’#agrivoltaïsme », dénonce la Fédération française des producteurs agrivoltaïques (FFPA) le 6 janvier sur LinkedIn. En réponse à une enquête de la cellule investigation de Radio France sur l’agrivoltaïsme diffusée le 4 janvier sur France inter, la FFPA regrette une « vision partisane de l’agrivoltaïsme qui ne favorise pas le pluralisme d’idées, d’opinions et de réalités de terrain ». Exigeant un « droit de réponse » aux rédactions de Radio France, la FFPA rappelle son souhait de construire un « agrovoltaïsme vertueux » au sein d’un « cadre légal strict ».
Tout de suite dans "Secrets d'info" :
L’agrivoltaïsme : nouvel eldorado des producteurs d’électricité, miroir aux alouettes pour les agriculteurs
À écouter en direct et à podcaster ➡️ https://t.co/7O3NQt0Lde pic.twitter.com/Lv1VB2wtYf— France Inter (@franceinter) January 4, 2025
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Quels sont les oublis législatifs de l’enquête ?
Si dans le récent cadre juridique des zones d’ombres demeurent comme les taux de couverture des panneaux sur les installations agrivoltaïques, l’enquête de Secret d’info omet l’existence de gardes-fous législatifs auxquels est soumis l’agrivoltaïsme, selon Benoît Grimonprez. Sur LinkedIn, ce spécialiste en droit rural relève l’absence dans l’enquête de conditions inscrites dans la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (APER) du 10 mars 2023, et dans le récent décret fixant le cadre pour le développement de l’agrivoltaïsme du 8 avril 2024.
Selon la loi, pour être considérés comme installation agrivoltaïque, les panneaux solaires doivent apporter directement à la parcelle agricole au moins l’un des services suivants :
- L’améliorationdu potentiel et de l’impact agronomique
- L’adaptation au changement climatique
- La protection contre les aléas
- L’amélioration du bien-être animal
Sur les questions du revenu, le décret précise le revenu issu de la production agricole doit rester au moins égal à la moyenne de ces revenus avant l’installation des panneaux.
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1 millions d’hectares en agrivoltaïsme, vraiment ?
Benoît Grimonprez regrette aussi certaines contradictions, comme lorsque l’enquête avance le chiffre d’un million d’hectares en agrivoltaïsme, qui « laisse entendre d'abord qu'il y aura trop de projets, puis finalement pas tant que ça ». En avril 2024, Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée à l’Agriculture, avait pourtant assuré que « l’agrivoltaïque représentera moins de 1% de la surface agricole utile à l’horizon 2030 ». On serait plutôt autour des 300 000 hectares, chiffre donné d’ailleurs également par l’enquête.
Et le spécialiste en droit rural de déplorer un manque de pluralité dans les intervenants, souvent des « opposants aux projets », comme le secrétaire national de la Confédération paysanne Nicolas Fortin ou le président de la région Normandie Hervé Morin.
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